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A tribute to Bach Célimène Daudet PIANO
A
tribute to Bach
Mendelssohn- Liszt -Franck
Bach/Busoni : Choral Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ, BWV
639
Mendelssohn : Prélude et fugue No1, Op.35
Franck/Bauer : Prélude fugue et variation, Op.18
Liszt : Bénédiction de Dieu dans la solitude - Harmonies
Poetiques et religieuses No. 3
Franck : Prélude choral et fugue
Bach : Prélude et fugue en ut dièse mineur, BWV
849
Célimène Daudet, piano
Bach constitue souvent le "pain quotidien" des pianistes,
et c'est d'ailleurs comme tel que la pianiste Célimène
Daudet, lauréate de plusieurs concours internationaux,
l'a découvert dans son enfance, relatant qu'elle l'a abandonné
quelques années avant d'y revenir grâce à
d'autres compositeurs : Franck, Mendelssohn, Busoni et ses transcriptions
de Bach.
Dans son premier disque, qui vient de paraître chez le label
Arion, et dont le programme s'est imposé à elle,
Célimène Daudet raconte son propre cheminement vers
Bach, grâce à certains de ses héritiers romantiques
qui lui ont ouvert la voie
Une histoire musicale dont l'introduction : une transcription
d'un choral de Bach par Busoni à la mélodie sereine
et sonorité imposante, proche de l'orgue, nous impose à
nous auditeurs le silence et l'écoute...
Avec le prélude de Mendelssohn qui suit, impossible de
s'échapper du flot d'arpèges en triple croches,
véritable torrent de musique, houle mouvante donnant place
dans la fugue à une vague ascendante conduisant à
renfort d'accélérations et d'un choral qui s'y cache
(non annoncé dans le titre) jusqu'aux plus belles lumières.
Le splendide Prélude, fugue et variation de Franck, transcrit
par Harold Bauer, dont vous pouvez entendre un extrait plus bas
dans cette page apporte toute la sérénité
qui elle aussi s'imposait après une telle ascension et
qui d'ailleurs avait déjà commencé à
apparaître dans la fin de la fugue.
Sérénité et méditation se retrouvent
encore avec l'oeuvre très poétique au caractère
mystique "Bénédiction de Dieu dans la solitude
" de Liszt.
Après la "solitude" c'est un triptyque au caractère
également mystique proche de l'oeuvre précédente,
où l'on peut entendre une voix anxieuse et une autre consolatrice,
qui prend place dans une autre oeuvre de César Franck tout
aussi splendide que l'op.18.
La conclusion de ce récit musical, le quatrième
prélude et fugue BWV849, un des plus inspirés de
ce qui est considéré comme l'Ancien testament de
la musique : "le clavier bien tempéré",
écrite par le compositeur qu'elle nous a fait désirer
tout au long de ce récit musical dans une attente patiente
grâce à la beauté des louanges qui émanent
à travers la musique de chaque compositeur qui ont contribué
à cet hommage, est une apothéose du contrepoint,
ici à cinq voix, qui caractérise la musique de Bach
et de ceux qui s'en sont inspirés.
Ce
programme qui s'est imposé à elle, s'impose aussi
à l'auditeur de façon naturelle, par un jeu sans
artifice, chantant et aux belles sonorités, admirablement
réfléchi bien que conduit par l'instinct avant tout.
Célimène Daudet nous offre un récit que l'on
a envie d'écouter de nombreuses fois car il est tout simplement
beau...
Oui magique comme il l'est déclaré dans un amusant
clip sans son d'annonce de ce disque (voir en fin de page).
Magique comme cette photo au ciel magnifiquement coloré,
prise hier soir par ma fenêtre, sans filtre ni flash ni
trucage, mais juste après avoir ré-écouté
ce disque : une inattendue lumière étoilée
apparaît sur une maison peut-être en raison du temps
de pose prolongé à cause de l'obscurité...
?
Célimène Daudet a bien voulu répondre à
plusieurs questions au sujet de ce disque en complément
à celles sur son parcours :
Vous expliquez dans le livret avoir abandonné
Bach quelques années, après l'avoir étudié
comme tout le monde pendant votre jeunesse, pour y revenir grâce
à Mendelssohn et Franck. Vous même êtes professeur
de piano, ce cheminement vous conduit-il à avoir une position
particulière lorsque vous enseignez Bach à vos élèves
et quelle place tient Bach lui-même aujourd'hui dans votre
répertoire personnel ?
Bach a fait partie de mon quotidien dès mon enfance et
pendant toutes mes études musicales. Bien sûr le
clavier bien tempéré, mais aussi des suites anglaises,
suites françaises, partitas, concerto italien Je
pense qu'enfant je l'associais à un apprentissage "
sérieux " du contrepoint mais sans pour autant que
ce soit une contrainte, ce n'était jamais un travail laborieux
et je percevais les richesses et la grandeur de sa musique. En
tout cas, il était toujours présent à mon
répertoire
C'est effectivement en abordant Franck et son triptyque Prélude
Choral et Fugue que je suis revenue à Bach. Cette pièce
de Franck a occupé une place importante dans ma vie ; depuis
mes 14 ou 15 ans, je la déchiffrais régulièrement
sans oser m'y plonger complètement mais elle m'attirait.
A travers Franck et cette géniale construction d'un prélude
et fugue entourant un choral central fervent et consolateur ,
avec ses thèmes cycliques, sa richesse harmonique, sa puissance
émotionnelle et mystique, je suis peu à peu revenue
à Bach. Pour moi des liens se tissaient entre ces deux
compositeurs , tout autant dans le contenu que dans l'écriture
: la puissance de la construction, l'élan et les questionnements
spirituels, la recherche du beau, la couleur de l'orgue. Ce retour
à Bach a été comme un retour aux sources
! Le prélude et fugue de Mendelssohn participe de la même
démarche, et sa fugue est clairement un hommage à
Bach, car toute l'exposition pourrait nous faire oublier un temps
qu'elle est de Mendelssohn tant la référence à
Bach y est manifeste.
Bien sûr mes élèves travaillent des pièces
de Bach mais je ne pense pas leur présenter cette musique
comme un exercice intellectuel, comme une " contrainte "
par laquelle il faudrait passer pour mieux jouer du piano et maîtriser
la polyphonie ; je trouve important de leur faire sentir et comprendre
la force de l'architecture intimement liée à la
force de l'expression, la maîtrise absolu du contrepoint
et les rencontres harmoniques incroyables que cela provoque. Selon
moi sa musique est expressive, intense, profonde, vivante, parlante,
dansante loin de l'austérité qu'on lui attribue
parfois à tort selon moi. C'est en tout cas ce que j'essaye
de leur transmettre.
Bach est plus que présent dans mon répertoire en
ce moment car je suis plongée dans l'Art de la Fugue pour
un projet de spectacle avec la compagnie Yoann Bourgeois : ce
projet a été une heureuse coïncidence car il
est survenu juste après la sortie de mon disque, à
un moment où je vivais justement ce " retour "
à Bach !
Dans le livret vous expliquez notamment
avoir " tristement évité Bach par agacement
ou renoncement face à la querelle stérile d'un 'Bach
au piano ou Bach au clavecin' ", or c'est en fait par
un son d'orgue transcrit au piano que vous êtes revenue
à Bach, et dans la vidéo d'annonce de votre disque,
le son a été volontairement supprimé comme
un clin d'il à cette querelle stérile
L'éternel débat d'un Bach au piano ou au clavecin
m'a pendant quelques temps éloigné de Bach
Mes doutes quant à la légitimité de jouer
Bach au piano ont fini par être balayés grâce
à la conviction que sa musique est éternelle, intemporelle
et va au delà de l'instrument même. Une musique pure
en un sens dans laquelle la marge de liberté et d'expression
est immense tout en étant sous-tendue par une architecture
sans faille ; c'est ce qui en fait sa force.
Ce disque raconte un " hommage " de compositeurs romantiques
à Bach, un lien que j'avais envie de mettre en valeur.
Il raconte aussi en filigrane mon propre cheminement vers Bach,
grâce à ses héritiers romantique qui m'ont
ouvert la voie Cela pouvait être abordé sous
plusieurs angles mais j'ai été totalement fascinée
par les possibilités d'écrire pour le piano de façon
à se rapprocher de la sonorité de l'orgue. Encore
une fois Franck a joué un rôle prépondérant
dans ce projet. Lui-même était organiste tout comme
la plupart des compositeurs du disque !
Mon choix de programme s'est fait de manière assez intuitive;
j'ai été attirée spontanément par
des uvres au fort contenu spirituel, à la couleur
mystique, chacune de ces pièces trouvaient en quelque sorte
son écho, son prolongement dans une autre et il se
trouve que la plupart d'entre elles avait cette écriture
large propre à l'orgue, avec cette imitation d'un pédalier
sourd et inéluctable dans les basses ; c'est le cas dans
les deux pièces de Franck, dans la fugue de Mendelssohn
et bien sûr dans le choral pour orgue de Bach transcrit
par Busoni. Le prélude et fugue de Bach en do dièse
mineur que j'ai choisi est plus ambivalent ; l'écriture
du prélude renvoie au clavecin et la fugue possède
la gravité que l'orgue pourrait parfaitement servir. Le
piano permet de réunir ces deux aspects ; je n'ai pas hésité
à rechercher l'expression et la liberté proche d'un
rubato dans le prélude et j'ai voulu trouver une profondeur
dans le son de la fugue, tenu par une tension des lignes et du
contrepoint. Cela a été un travail passionnant,
un terrain de recherche sans limite
Aux uvres de Bach, Franck et Mendelssohn,
vous avez choisi d'ajouter " Bénédiction de
Dieu dans la solitude " de Liszt dont la sonorité
est différente : certains y entendent un orchestre de harpes
et cette oeuvre ne comporte pas de prélude et fugue comme
les autres uvres du disque en quoi cependant celle-ci
s'est-elle imposée à vous et vous semble t-elle
proche des autres uvres du disque (plus par exemple qu'une
des Fantaisie et Fugue de Bach pour orgue transcrite par Liszt)
?
Le disque comporte beaucoup de préludes et fugues, ou
formes s'en rapprochant mais la thématique du disque n'est
pas " le prélude et fugue ", en tout cas pas
exclusivement envisagé comme un " exercice "
savant et intellectuel mais aussi comme une recherche du sensible
et du spirituel. La pièce de Liszt faisait écho
pour moi à cet hommage très personnel à Bach
teinté d'un esprit de ferveur religieuse et d'une aspiration
à la paix. Le choral de Bach-Busoni renvoie aussi à
cet esprit : " Ich ruf zu dir Herr Jesu Christ " (Je
viens à toi ) C'est ce sentiment d'élévation
spirituelle que j'ai retrouvé dans " Bénédiction
de Dieu dans la solitude " de Liszt. Au début de la
pièce sont inscrits les vers de Lamartine dans lesquels
tout est dit : " D'où me vient Ô mon Dieu cette
paix qui m'inonde, d'où me vient cette foi dont mon cur
surabonde ? " . Le ton de fa dièse apporte un éclairage
rayonnant et extatique au reste du programme entre les deux pièces
de Franck en si mineur.
Le programme de votre disque correspond-il
à des concerts que vous avez eu l'occasion de jouer ?
Oui c'est un programme qui était avant tout un programme
de concerts, je l'ai envisagé ainsi au départ et
l'enregistrement est venu ensuite. Le projet d'enregistrement
a d'ailleurs pris tout son sens lorsque après certains
concerts on me demandait s'il était possible de trouver
ce programme en disque. Je n'imaginais d'ailleurs pas enregistrer
des uvres que je n'avais pas données en concert ;
il était important que j'aie vécu avec elles.
Ce disque est votre premier disque, dans
quelles circonstances le label Arion vous a t-il proposé
de l'enregistrer et comment vous avez vécu ce premier enregistrement ?
J'ai rencontré l'équipe du label Arion grâce
à mon agent et le courant est passé très
naturellement ; nous avons discuté de ce projet de disque
et du programme qui me tenait à cur et nous nous
sommes lancés. J'ai été heureuse que nous
parlions avant toute chose de musique, j'ai senti une vraie envie
de soutenir mon projet artistiquement. Nous avons eu la chance
d'avoir un sponsor et des partenaires, ce qui a pu faciliter la
production du disque. L'enregistrement en lui-même a été
un moment très intense ; quasiment enfermée pendant
trois jours sans notion du temps avec pour objectif de donner
le meilleur de moi-même La difficulté était
de jouer librement et de rester dans un élan spontané
alors qu'il n'y avait bien sûr pas de public à qui
se donner. L'ingénieur du son Christophe Mazzella et le
directeur artistique Julien Bénéteau ont joué
un rôle important aussi bien sur le plan technique qu'humain,
car on oublie souvent qu'un disque est un travail d'équipe.
Ce fut une belle expérience ! Le piano que j'avais pour
l'enregistrement était somptueux et a contribué
à nourrir mon imagination et mon interprétation.
J'étais très heureuse que ce premier enregistrement
se passe à Aix, où j'ai fait mes premiers pas musicaux.
Quels sont vos prochains concerts et autres
projets ?
Mes prochains concerts et projets sont :
En juillet : Résidence à la MC2 de Grenoble avec
la compagnie Yoann Bourgeois pour le projet autour de l'Art de
la Fugue dont la création se fera en novembre prochain,
suivie de plusieurs dates partout en France.
Le 5 août à Géthary en duo violon-piano
Du 7 au 14 août je serai professeur à l'Académie
des Nuits pianistiques à Aix-en-Provence
Du 15 au 28 août au Festival de la Seyne sur mer, avec des
concerts de musique de chambre et le concerto K414 de Mozart
Ensuite le 1er septembre : Festival Musique dans la rue du GTP
à Aix en Provence
Puis plus tard dans l'année, il y aura une tournée
en Chine et des concerts aux USA
Pour écouter
A tribute to Bach
Célimène Daudet, piano
Jean-Sébastien Bach
Extrait de 3 mn du Prélude fugue et variation,
Op.18 Franck/Bauer
avec l'aimable autorisation
du label Arion
cliquez sur le triangle du lecteur
ci-dessous
A tribute to Bach Le son ? où est le son ?
Clip réalisé par Mario Hacquard au Studio Sequenza
(Montreuil)
Voix-off : Thomas Vingtrinier
Image et montage : Morgan S. Dalibert
Nota : L'on vient de m'apprendre que la photographie
que j'ai mise dans cette page du disque de Célimène
Daudet ( et aussi sur ma page facebook) correspond effectivement
à l'heure bleue ! en effet puisque comme je le disais sur
facebook je l'ai prise à 23h15...voir ce site web que l'on
m'a indiqué pour connaitre l'heure bleue chez vous aussi
... cliquez
ici
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"Disques du moment"...cliquez
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