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Intégrale Schumann Eric Le Sage dernier volume
Robert
Schumann(1810-1856)
Abegg - Variationen op.1
Toccata Op.7
Kinderszenen op.15
Etudes sur un thème de Beethoven
Carnaval Op.9 "Scènes mignonnes sur quatre notes"
Drei Romanzen Op.28
Arabeske Op.18
Albumblätter Op.124
Blümenstuck Op.19
Sieben Fuguetten Op.126
Thema mit variationen
Ce onzième volume, qui comporte deux CD(18ème
et dix-neuvième disques), est le dernier volume de l'intégrale
de l'oeuvre pour piano et musique de chambre avec piano réalisée
par le pianiste Eric
Le Sage cependant comme l'on peut l'apprendre dans ses réponses
à de nombreuses nouvelles questions à l'occasion
de cette "fin" , il est également prévu
d'enregistrer en complément de cette intégrale les
oeuvres pour piano et orchestre de Robert Schumann.
Si vous découvrez cette intégrale avec cet ultime
volume sachez qu'il ne s'agit pas d'une intégrale chronologique
bien au contraire puisque comme vous pouvez le constater à
travers la liste des oeuvres de ce volume, dans la langue originale
avec lesquelles Schumann les nomma, celui-ci regroupent des compositions
écrites aux deux extrémités de sa courte
vie.
Ainsi il s'ouvre avec les "Variations sur le nom Abegg",
premier opus composé en 1830, suivi d'une majorité
d'oeuvres écrites pendant "le nouvel âge
poétique"expression de Robert Schumann pour désigner
les créations les plus innovantes et enthousiasmantes des
années 1830. Il se referme avec "Sept pièces
en forme de fugue pour le piano" opus 126, composées
en 1853 suivi de variations sans numéro d'opus, souvent
appelées " Variations fantômes",
écrites en février 1854 avant l' internement définitif
du compositeur à Enndenich. Dans cette sombre période
Schumann a également composé "Les chants
de l'aube" opus 133(composé en novembre 1853),
que le pianiste Eric le Sage évoque dans ses réponses
et qui lui figurait sur le cinquième volume .
Ce dernier volume de l'intégrale qui se termine juste
avant la fin de la célébration du bicentenaire de
la naissance de Schumann regroupe donc ce que la musicologue Brigitte
Françoise-Sappey, auteur du livret, désigne comme
" l'alpha et l'oméga" de la création
pianistique de Schumann. Celle-ci relate : En 1839,
alors qu'il va s'engager sur d'autres chemins et élargir
son horizon, Schumann lance cet appel vibrant à son instrument
consubstantiel : "la musique de piano constitue un chapître
important de l'histoire moderne de la musique : c'est d'abord
en elle que s'est manisfestée l'aurore d'un nouveau génie
musical ". L'instrument offre un véritable
laboratoire acoustique à Schumann...." ...un laboratoire
dans lequel Eric Le Sage, a pris place depuis un long moment sans
pour autant s'y enfermer, sans doute est-ce là un des secrets
de sa réussite dans ce projet gigantesque qu'il a mené
à bien sans que l'auditeur ressente la moindre monotonie
dans son langage mais au contraire toujours une diversité
de couleurs et reliefs, et ce nouveau volume qui précisément
comporte plusieurs thèmes et variations, est un des sommets
de son remarquable témoignage de la richesse expressive
de la musique de Schumann, la dernière des études,
en forme de variations, sur un thème de Beethoven ou la
dernière des "variations fantômes" qui
clôture ce volume et donc l'intégrale culminent en
émotions...
Vous
avez vécu plusieurs années en « compagnie
» de Schumann , ne vous a-t-il pas parfois été
un peu trop pesant dêtre le représentant de
sa musique ou bien au contraire à la fin de cette intégrale
ressentez-vous un vide ?
J'ai mis cinq ans à enregistrer ces 19 CD , et je n'ai
pas du tout vécu cela de façon pesante , c'était
plutôt excitant.
C'était de toute façon un projet envisagé
depuis pas mal de temps et j'ai pu enregistrer et jouer toute
cette musique sans me couper des autres parties de mes activités
de musicien de chambre ou de concertiste avec orchestre , c'était
plutôt une tâche de fond comme on dirait en langage
informatique ... La sortie de l'intégrale se fait en douceur
, je continue évidemment de beaucoup jouer de Schumann
en concert car c'est d'une richesse inépuisable pour l'interprète
.
Quel est votre meilleur, et votre pire,
souvenir de la réalisation de cette intégrale ?
Difficile à dire , quelques moments de doute quand Alpha
a connu des difficultés financières mettant en péril
son existence , le piano de la Chaux de fonds qui n'était
pas , et c'est un euphémisme , au meilleur de sa forme
à chacune de nos arrivées. C'était quelquefois
assez périlleux mais avec l'aide de Joël Jobee ( mon
accordeur sur la série ) nous avons essayé de tourner
les faiblesses du piano à notre avantage et cela nous a
apporté aussi de belles surprises : les bons moments
, justement quand vous trouvez en enregistrement des couleurs
ou des idées d'interprétations auxquelles vous n'aviez
pas pensé et que la "mayonnaise " prend , que
l'on est libéré comme dans un bon concert .
Votre point de vue sur sa musique et sur
le compositeur lui-même a-t-il beaucoup évolué
au fil de ces années ?
Je joue cette musique depuis plus de 30 ans, elle continue à
évoluer. C'est le propre de génie que de proposer
des oeuvres inépuisables qui mûrissent avec vous
.
Lannée 2010 étant
lannée du bicentenaire de sa naissance, comment lavez-vous
personnellement vécue, notamment avez-vous plus souvent
joué ses uvres que les années précédentes
ou bien trouvez-vous quen fait cet anniversaire a été
un peu trop éclipsé par celui de Chopin ?
C'était prévisible, Chopin est beaucoup plus populaire
que Schumann. Schumann est secret, il faut le mériter ,
il ne se donne pas facilement et sa musique est inécoutable
en fond sonore. Chopin pour son grand malheur l'est !
Votre dernier coffret souvre avec
la première uvre publiée par Schumann à
lâge de 20 ans : les Variations Abegg et se terminent
par la dernière uvre quil composa en février
1954, également un thème avec des variations, autant
la première oeuvre est gaie la dernière est triste
que pensez-vous de ces deux uvres aux deux extrémités
de sa vie qui ont cependant une construction quasi similaire et
comment ressentez vous cet immense contraste entre lémotion
transmise par ces deux uvres, les avez-vous parfois jouées
immédiatement lune après lautre ?
Elles n'ont rien à voir... à part le génie.
Génie d'un compositeur encore débutant mais débordant
de vitalité, de fantaisie et de fraîcheur dans l'opus
1, génie épuisé dont le moteur tourne toujours
mais sans énergie vitale dans les "Variations fantômes",
vitalité qui l'abandonnera pour de bon peu de temps après,
peu d'oeuvres sont plus émouvantes et éprouvantes
que ces dernières variations . Je ne trouve pas judicieux
de jouer ensemble ces deux cahiers de variations , trop d'ambitus
émotionnel : il vaut mieux passer par quelques "paliers
de dépressurisation" pour accéder aux "variations
fantômes" comme aux "chants de l'aube "
! ... Attention à la remontée !
Les sept pièces en forme de fugue
écrites aussi vers la fin de sa vie sont plus sereines
et montrent un retour à Bach , quelles sont les uvres
de Schumann où lon décèle ainsi que
la musique de Bach était « son pain quotidien
» ?
Vers la fin de sa vie créatrice , quand Schumann sentait
que les murs commençaient à bouger dangereusement
autour de lui et qu'il savait qu'un jour prochain , il ne pourrait
pas se reconstruire , Bach devait représenter pour lui
une sorte d"inaccessible étoile pour parler comme
Brel , ce grand artiste si schumannien dans l'homme de la mancha
. On peut très bien sentir combien l'écriture de
ces deux cahiers de fugues que j'affectionne particulièrement,
représentait en même temps qu'une thérapie
, un apprentissage et un hommage ( Schumann n'a jamais cessé
d'apprendre , d'essayer des formes , des formations , de se mettre
en danger , de combattre contre toute forme d'embourgeoisement
artistique ) . Et son écriture à cette époque
est encore plus riche de canons , fuguettes , imitation et autres
procédés contrapuntiques dont Schumann se délectait
. Il disait qu'un thème ou un motif lui apparaissait souvent
directement dans des formes extrêmement variées .
Ce
volume comporte également une uvre sans numéro
dOpus, des exercices en forme de variations rassemblés
en 1976 et dont la création remonte aux années 1831-1835
, que pensez vous personnellement de ces études et savez-vous
pour quelle raisons elles nont pas été publiées
du vivant de Schumann ?
Non , je ne sais pas pourquoi elles n'ont pas été
publiées , à l'époque Schumann , très
jeune, il était sur tous les fronts, il a du commencer
ceci comme un hommage à Beethoven, puis a du se laisser
porter par d'autres oeuvres ( la fantaisie op. 17 a été
commencée aussi comme une hommage à Beethoven ),
pour y revenir un peu puis, ne trouvant pas de forme définitive,
il a du ranger ses manuscrits.
Quelques variations sont des études (au sens d'un peintre
qui ferait quelques études avant le tableau principal )
des futures études symphoniques. Il y a déjà
dans certaines de ces variations, pour qui sait écouter
( et c'est très impressionnant ) des réminiscences
à l'envers (un peu comme une peur prémonitoire dans
une nouvelle de Philip K. Dick) nous donnant à entendre
l'univers halluciné des "Chants de l'aube"
et des "Variations fantômes" très
étrange expérience . Mais quel souffle !
Dans lopus 124 Robert Schumann a
par contre rassemblé lui-même des pages quil
avait délaissées entre 1832 et 1839 et deux berceuses
écrites en 1841 et 1843, trouvez-vous ses pages aussi intéressantes
que les uvres écrites à ces périodes
et ce recueil se justifie-t-il totalement à votre avis
?
Oui , c'est un "album de feuilles ", sans prétention
, une sorte d'album à la jeunesse un peu disparate. Schumann
aurait-t-il du brûler ces pièces ? Ce n'est ni plus
ni moins que ce qu'il annonce, Un album de pièces souvenir,
des pièces auxquelles on est trop attaché pour les
détruire, des pièces un peu mal-aimées ,
certaines un peu 'difformes" qui ne trouvaient pas leur places
dans les cycles de la maturité et qui la trouve dans cet
album à feuilleter délicatement .
Les « Scènes denfants
» et le « Carnaval » sont des cycles
souvent joués, pensez-vous que cest à travers
ceux-ci que sexprime le mieux le "Schumann le plus
attachant : le poète romantique et nostalgique de lenfance
"?
Pour moi tout est dans tout chez Schumann , c'est très
étrange comme son univers est immense et en même
temps circulaire, plié dirait Deleuze, comme les variations
se répondant à presque trente ans d'intervalle,
le poète de l'enfance autant que le guerrier de l'art pour
l'art sont inséparables dans le carnaval et les scènes
d'enfants, oeuvres inouïes d'inventions en tous genre. Ces
deux cycles sont parmi les plus populaires à juste titre,
extrêmement pianistique , secrets et abordables. Aucun poète
n'a questionné avec autant de délicatesse le piano,
le silence, la musique comme Schumann dans le poète parle
, la dernière pièce des scènes d'enfant.
Quelles sont les uvres que vous
préférez ?
J'ai un faible pour les "Davidbundlertanze"
op 6 mais il m'est difficile de choisir, j'aime aussi passionnément
certaines pièces moins abouties pour les manques, les faiblesses
qu'elles dévoilent .
Dans le dernier volume , je suis très content de faire
découvrir les "Variations Beethoven" ainsi
que les "Variations posthumes", si une intégrale
peut se justifier, c'est avant tout pour ces magnifiques découvertes
qu'elle permet de mettre en valeur .
Ce volume, comporte outre tous ces cycles
, trois uvres « isolées » : la Toccata,
lArabesque et Blumenstuck , si la première est souvent
appréciée les deux autres sont souvent considérées
comme des uvres secondaires. Que pensez-vous de ce jugement
?
Plus on joue "Blümenstuke" , plus elle devient
indispensable ! J'aurais plutôt tendance à trouver
la "Toccata" un peu ....décorative !
En 2008 et 2009 sont sortis chez léditeur
Buchet Chastel deux livres regroupant des écrits de Schumann
( Journal intime et lettres damour ), les avez vous lus
et si cest le cas , quen pensez vous ? Vous ont-ils
été utiles notamment ici pour l'interprétation
des trois romances opus 28 qui figurent sur ce dernier volume
?
J'ai ces lettres depuis longtemps chez Buchet Chastel ( c'est
une réedition ) et bien sûr c'est une très
bonne source d'information sur la vie et l'univers mental de Schumann
et Clara ; Les romances sont des pièces que je joue souvent
en concert , j'adore la première et son flot presque scriabinien
, la deuxième et son inépuisable nostalgie dont
Schumann a le secret et la troisième , si bancale, si hors
cadre , elle surprend toujours , un Schumann presque paradoxal
;
Pourquoi nest-il pas intégré
à votre intégrale concerto pour piano de Schumann
?
Il le sera en 2012 avec l'orchestre de la radio de Stuttgart
et Stéphane Dénève ainsi que les deux autres
pièces pour piano et orchestre . Nous n'avons pas voulu
nous précipiter .
Que pensez-vous des différents
tableaux qui ont illustrés les onze volumes de votre intégrale
?
Surprenant et enrichissant. J 'aime bien l'idée des correspondances
, deux ou trois réalisations matérielles n'ont pas
été à la hauteur mais comme je n'aime pas
faire de séances photo, cela m'a évité des
moments ennuyeux ( dont j'aurais du coup pu parler pour votre
deuxième question ! )
Avez-vous envie denregistrer ou
de donner en concert lintégrale dun autre compositeur
?
En musique de Chambre oui , j'ai quelques projets en cours autour
de Fauré ou Beethoven , en piano solo, non, je vais un
peu papillonner dans des compositeurs très différents
les prochains mois !
Quels sont vos prochains concerts et autres
projets qui vous tiennent à coeur ?
La musique de chambre de Fauré justement, un sommet de
la musique pour moi et beaucoup d'autres choses dont nous parlerons
j'espère très bientôt ...
Il ne le dit pas mais sachez également qu'Eric Le Sage
sera les 15 et 16 décembre 2010 au
Théâtre National de Bretagne avec l'Orchestre de
Bretagne, à Rennes
Pour écouter
Robert Schumann
Etudes sur un thème de Beethoven
n°15
Eric Le Sage , piano
avec l'aimable autorisation
du label Alpha
cliquez sur le triangle du lecteur
ci-dessous
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