Grégory Ott Trio Ojeada
Grégory
Ott Trio
Ojeada
Grégory Ott, piano
Franck Bedez, contrebasse
Matthieu Zirn, batterie
Invités :
Franck Wolf, saxophones
Jim Grancamp, Guitare
Greg Zlap, Harmonica
Si Grégory Ott a choisi pour titre de son disque "Ojeada"
(clin d'oeil en espagnol) la splendide mélodie mélancolique
du premier morceau du disque : "Light motif"
donne envie d'ouvrir grands les deux yeux (et surtout deux oreilles)
sur la musique de ce trio et plus particulièrement son
leader qui se définirait, selon ses mots, comme un "pianiste
compositeur amenant des éléments jazz ou pop".
Le disque s'illumine dès le second morceau "Hide
and seek" dans une musique emportée par la belle
rythmique aérienne et solide de ses deux complices. Dans
le troisième titre "Marcel", l'harmoniciste
invité ajoute une nouvelle couleur mélancolique.
La belle fluidité des deux titres qui suivent "Hope"
et " "A la dérobée" ne dément
aucunement l'espoir d'avoir là un trio hors du commun qui
sait captiver ses auditeurs sans jamais l'ennuyer, offrant un
beau voyage musical, aidés par leurs trois invités
qui apportent de nouveaux paysages d'une même splendeur.
Trois morceaux piano solo, le titre éponyme "Ojeada"
et deux arrangements qui montrent la variété de
l'inspiration de Grégory Ott : "Le Sud "
de Nino Ferrer, la berceuse "Lullaby" de Brahms
combleront plus particulièrement les amateurs de piano.
Et à regarder cette fois, toujours avec les deux yeux ouverts,
un bonus vidéo, un piano solo "Summertime"
où Grégory Ott se révèle encore très
inventif, cette fois autour de l'oeuvre de Gershwin.
Grégory Ott a bien voulu répondre à nombreuses
questions :
Comment
s'est constitué votre trio ?
Franck Bedez et Matthieu Zirn sont mes compagnons de route depuis
très longtemps. Quand je les ai sollicités en 2003
pour fonder notre trio nous avions déjà eu l'occasion
de travailler ensemble sur d'autres projets (Panoramic Blue pour
Franck par ex). On avait aussi cet amour en commun pour la pop,
la chanson, le latin jazz ! Une vision de la musique partagée...
Ils sont tous les deux très polyvalents et c'est justement
ce qui m'attirait, ne pas raisonner que intrinsèquement
"jazz" en fait leur grande exigence aussi ainsi que
leur perfectionnisme et.... des amis très chers, cela dépasse
bien plus que les seuls paramètre musicaux...
Vous avez invité le guitariste
Jim Grancamp, le saxophoniste Franck Wolf et lharmoniciste
Greg Zlap, avez-vous composé les morceaux dans lesquels
ils jouent en pensant plus particulièrement à eux
?
Non en fait l'idée des guests m'est venue bien après
que les compositions aient vues le jour !
Les morceaux du cd sont éprouvés sur scène
depuis un certain temps. En revanche j'avais envie d'autres sonorités
, mais uniquement pour l album. Sur scène le trio reste
le trio, même si pour l'une ou l'autre date à venir
je compte inviter Franck Wolf !
Franck justement est un saxophoniste que j'adore, une sonorité
très pure aussi bien au soprano qu'au ténor. "Hope"
à quelque chose à voir au niveau de l'esthétique
avec "Steps ahead" ou "Yellowjackets" , deux
groupes de fusion que j ai beaucoup écoutés plus
jeune. Et dans un de ces deux groupes officiait un souffleur légendaire
: Michael Brecker ; Franck donne une dimension aérienne
au morceau... Sur "Times like these" au soprano cette
fois Franck fait montre d'une superbe technique et maîtrise
de son instrument, mais jamais au détriment de l'émotion
!
Le titre "Pour Marcel" est un hommage à
mon ami accordéoniste Marcel Loeffler. L'idée d'inviter
Greg Zlap à l'harmonica vient de Matthieu, rendons à
César... Idée géniale dans la mesure où
ce sont là deux instruments cousins. Je précise
que Greg nous fait là un véritable tour de force
car il utilise un harmonica diatonique, beaucoup plus difficile
à jouer qu'un chromatique, en tout cas sur cette grille,
harmoniquement assez chiadée, très jazz...
En ce qui concerne Jim, lui c'est mon petit frère, un talent
monstre, un virtuose absolu !
J aime son coté organique, acéré, très
blues dans le fond même si ses phrases sont complexes dans
la forme. Je voulais ce son de guitare acoustique pour rester
dans la couleur de l'album.
Sur "Ti Loup" (titre dédié à mon
petit garçon) il a bien retranscris ce que je voulais,
à savoir l'insouciance de l'enfance et l'enjeu énorme
que représente la paternité... "Cargo de nuit"
est un titre à part sur l'album mais totalement assumé...
là en revanche j'ai vraiment pensé cette reprise
pour la guitare.
Que signifie le mot « Ojeada » titre de votre
disque et dun des morceaux, pour quelle raison l'avez-vous
choisi ?
D'abord parce que j'aime le visuel et la sonorité de
ce mot espagnol ( prononcez Oréada)
Mot qui veut dire littéralement "Coup d'oeil".
Mais il y a une métaphore. Actuellement faire un disque
est-ce une entreprise dérisoire ou au contraire extrêmement
importante ? Le marché du disque n'est pas mort à
mon avis mais encore une fois la relation qu'ont les gens ou du
moins certaines personnes avec la musique est résolument
entrain de changer.
On jette un oeil, un coup d'oeil (ou une oreille) sur un cd, on
l'écoute (ou pas) et finalement on passe à autre
chose. On est passé à une sorte de "virtualité"
de la musique, voire quelque chose d'intangible. Vous me voyez
venir... avec internet outil génial mais à double
tranchant nous sommes en pleine mutation. Mais cette mutation
doit s'accompagner de pédagogie, d'éducation sinon...
D'un autre coté je suis quand même optimiste (sinon
je n'aurais pas sorti cet album !)
Faire un cd fixe dans le temps son évolution, son parcours
à un instant T. Cela me paraît juste vital... Sinon
un coup d'oeil sur quelque chose, une personne, acte aussi éphémère
soit-il peut être énorme de conséquence...
en un coup d'oeil on peut savoir qu'on a trouvé la femme
de sa vie...
Sept des onze morceaux sont vos compositions,
quand avez-vous commencé à les écrire, les
aviez-vous en réserve depuis longtemps ?
La majeure partie des titres sont joués en concert depuis
2, 3 ans. J'ai composé tout spécialement pour l'album
"Hide and Seek" et..."Ojeada"... vous
avez compris maintenant qui m'a inspiré !
Le temps est pour moi une thématique qui me fascine (d'où"a
la dérobée" pour l'instant volé, "hide
and seek", cache-cache où le temps s'arrête
,"hope", lié à l'attente d'un bébé....)
"Hide and seek" j'ai voulu sur ce morceau de
début d'album ouvir avec quelque chose de frais,récréatif,assez
ludique ! Un message positif en quelque sorte même si certains
passages laissent déja transparaître des pointes
de nostalgies !!!
Pour revenir à "A la dérobée" je
dois dire que c'est un titre dont je suis le plus fier. Construit
sur une métrique de 5/4 (encore que cela est venu naturellement)
en tonalité de do mineur.
Le thème est plus fouillé, plus dense que d'autres
de mes compositions de l'album mais en même temps je pense
qu'on a réussi à lui conférer une certaine
légèreté, fluidité. Le contrepoint
de la contrebasse et le pattern de la batterie donnent un côté
presque électro à l'ensemble.
"Hope" lui est en mesure de 7 temps. Ce titre
est une succession de tableaux, on distingue bien les différents
"chapitres" jusqu'au solo de sax qui clôture le
morceau.
Comment avez-vous choisi les musiques
qui ne sont pas de votre composition ?
Pour "Le Sud" il s'est passé quelque
chose de magique en studio. J'avais bien sûr travaillé
chez moi l'arrangement de ce morceau de Nino Ferrer mais le jour
de la séance je n'avais plus du tout l'envie de l'exécuter
de cette manière. J ai donc décidé de le
jouer à bâton rompu, sans aucune direction précise...
je n'ai fait qu'une prise, de manière totalement improvisée,
spontanée. J'avais envie aussi d'arranger la fameuse berceuse
de Brahms, morceau intemporel par excellence !
Times like these" est une oeuvre d'un pianiste japonais,
Makoto Ozone. Je l'ai découvert sur un album de
Gary Burton ( sur l'album éponyme),avec justement M.Brecker
! Makoto ne joue pas sur le titre d'ailleurs (hélas !).
J aime cette compo pour sa simplicité et sa forçe
mélodique et... romantique.
"Cargo de nuit", la c'est un clin d'oeil à
un titre ovni des années 80. En plein top 50 a surgit Axel
Bauer avec ce morceau qui n'était pas calibré pour
être un tube (enfin à mon humble avis surtout comparé
aux tubes kleenex de l'époque..)
Une atmosphère géniale, des harmonies très
"barrées" mais en même temps un thème
ultra efficace. J ai toujours aimé adapter et arranger
des chansons pop en version instrumentale.Sur ce titre je voulais
quelque chose de plus musclé que le reste de l'album ,d'où
aussi l'utilisation pour ce titre d'une basse électrique
et du fender ( avec un son traité,saturé).
Pour quelles raisons avez vous choisi
de jouer du Fender Rhodes pour certains morceaux, est-ce un instrument
que vous aimez autant que le piano ?
J'adore le Fender Rhodes mais pour moi l'usage de cet instrument
reste anecdotique. D'abord parce que je n'en possède pas
! Je reste un inconditionnel du piano mais certains titres appellent
vraiment la sonorité chaude et percussive du Fender. Pour
"Cargo de nuit" il était donc tout indiqué
! Cela dit l'approche de cet instrument très vintage est
sensiblement la même que le piano. Je n'en dirais pas de
même pour l'orgue Hammond. Un organiste n'est pas un pianiste,
et réciproquement !
Vous avez eu quatre jours denregistrement
en studio, comment les avez-vous vécus ?
Formidables.... une école de vérité absolue.
C'est un état des lieux. On sort de ces séances
en mesurant aussi ce qu'il nous reste à apprendre, à
progresser...
En revanche le studio est un exercice extrêmement fatiguant
et à plus d'un titre (sans mauvais jeu de mot !). Equilibre
instable entre concentration et "lâché prise"....
Vous offrez en bonus vidéo un arrangement
du standard "Summertime" , live au Taps scala
de Strasbourg, était-ce un concert où vous navez
joué que des piano solos, jouez vous souvent ainsi seul
en concert ?
Lors de concerts du trio j'aime toujours offrir l'une ou l'autre
pièce en solo... moment de complicité avec le public
et... avec soi-même ! Ce standard est un chef d'oeuvre,
sur un format de blues assez classique. Simple mais magique comme
tous les chef d'oeuvres ! J'adore "Caravan" de Duke
Ellington aussi.
Vous autoproduisez votre disque mais êtes
soutenu par Ati Pik, pouvez-vous expliquer en quoi consiste précisément
cette aide et comment vous lavez eu ?
Je peux dire qu'avec "Ojeada", donc le 2éme album
du trio, j'ai eu beaucoup de bonnes surprises.
D'abord le soutien de la Sacem (aide à l'auto-production)
, ensuite le partenariat avec un label de distribution ( Disques
Dom) et enfin Ati Pik. Ati pik est une toute jeune structure qui
accompagne, soutient, et surtout défend des compagnies
ou groupes de musiques ( dont le trio ou Sonando d'ailleurs).
Damien Simon en est le "moteur" si je puis dire ! Disons
que le cahier de charge d'Ati Pik est la complicité car
Damien fonctionne au coup de coeur, à la fois artistique
et humain. Il y a énormement de complicité dans
notre travail. Damien fait un abbatage énorme mais nous
travaillons en binôme. Je sais qu'il n'aime pas être
qualifié stricto sensu de "manager", cela va
bien au delà. Notre démarche s'inscrit dans la simplicité.
Ati Pik crédibilise notre formation, c'est une évidence
et c'est une chance rare.
A voir : Vidéo de Grégory Ott - Summertime
Pour écouter des extraits et/ou vous procurer ce disque.....cliquez
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Pour en savoir plus sur Grégory
Ott qui a bien voulu répondre à d'autres questions
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© pianobleu.com - ISSN 2264-2056 ----
contact :
- Agnès Jourdain
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