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Carl Czerny Nocturnes Isabelle Oehmichen
Carl
Czerny(1791-1857)
Nocturnes
Huit nocturnes opus 368
Huit nocturnes opus 604
Nocturne La reine opus 647
Isabelle Oehmichen
Après un disque des nocturnes de Chopin, enregistré
par François Chaplin, présenté dernièrement
à l'occasion du bicentenaire de la naissance de ce compositeur,
voici un nouveau disque qui complétera judicieusement votre
discothèque de piano classique : des nocturnes composés
par l'un de ses contemporains mais moins connus, beaucoup moins
connus même puisque ce disque de Carl Czerny est une "première
mondiale" , la pianiste Isabelle Oehmichen interprétant
ici l'intégrale des 17 nocturnes écrits pour piano
seul, dont 16 sont sans doute joués pour la première
fois depuis... plus de 150 ans ! .... Rien à voir avec
les célèbres études de ce compositeur.
Ce disque vous intéressera à double titre si en
plus d'aimer écouter le piano vous aimez en jouer puisque
selon Isabelle Oehmichen, qui a bien voulu répondre à
quelques nouvelles questions à l'occasion de la sortie
de ce disque, le premier opus (opus 368) "est tout à
fait jouable par la plupart des pianistes, le second, en revanche,
présente des difficultés techniques redoutables".
Cela dit l'écoute de ces nocturnes, même de l'opus
368 laisse imaginer quelques difficultés notamment le nocturne
n°7 en forme de rondeau... et sans doute faut-il mieux avoir
déjà pratiqué effectivement quelques études
de ce même compositeur pour les aborder(vous pourrez d'ailleurs
écouter un nocturne de l'opus 368 avec l'aimable autorisation
du label Hortus) . Par ailleurs il n'est pas certain que vous
trouviez tout de suite les partitions de ces nocturnes dans le
commerce mais sans doute cela ne saurait tarder grâce à
cet enregistrement qui montre Czerny sous un autre jour et dévoile
des pièces très mélodieuses, particulièrement
celles de l'opus 368, également inspirées du bel
canto italien. Carl Czerny puise à la même source
que Chopin : les nocturnes du compositeur irlandais John Field,
mais ses nocturnes se situent entre le répertoire classique
et romantique, Czerny ayant probablement une âme moins torturée
que Chopin leur donne un caractère souvent moins sombre
et moins rêveur, surtout pour ce qui concerne l'opus 604
où contrairement au premier recueil chaque nocturne est
pourvu d'un titre et comme vous pouvez le voir les émotions
sont très variées : L'Hommage, le Désir,
la Persuasion, la Colère, les Excuses, la Consolation,
la Méditation, la Joie... Ce disque vous procurera certainement
la joie de découvrir de belles pages d'un répertoire
injustement méconnu dans une interprétation de référence,
sous le jeu très expressif d'Isabelle Oehmichen !
Que
représente Czerny dans votre répertoire, notamment
vous êtes enseignante , conseillez-vous à vos élèves
de jouer les études?
Czerny est un remarquable pédagogue. Ses études,
que je recommande toujours chaleureusement, notamment les "
Heures du matin, l'école de la vélocité et
l'art de délier les doigts ", sont non seulement extraordinaires
d'intelligence pour la technique pianistique, mais également
très bien écrites sur le plan musical.
Czerny, élève de Beethoven, voulait en particulier,
à travers ses études, rendre l'interprétation
des uvres de Beethoven plus aisée.
Qu'est-ce qui vous a donné envie
d'enregistrer ces Nocturnes de Czerny peu réputés,
et d'ailleurs jamais enregistrés pour la quasi totalité
?
Certaines des études citées plus haut, composées
avec beaucoup de charme, m'ont donné à penser qu'il
existait certainement d'autres uvres plus romantiques de
ce compositeur. J'avais déjà eu l'occasion de jouer
son Concerto pour piano à 4 mains et orchestre. Un seul
Nocturne, déjà édité, a suscité
ma curiosité, et à l'issue d'une longue recherche,
à travers plusieurs Bibliothèques Nationales, les
Éditions Hortus et moi-même avons retrouvé
beaucoup d'opus peu ou pas joués dont ces fameux Nocturnes.
Leur beauté et leur intérêt musical méritaient
un enregistrement.
Vous jouez également les Nocturnes
de Chopin, composés à la même époque,
que pensez-vous personnellement de ceux de Czerny en comparaison
à ceux de Chopin tant sur leur caractère que sur
leur difficulté d'interprétation ?
Il est intéressant de constater que la plupart de ces
Nocturnes, écrits un tout petit peu avant ceux de Chopin,
présentent de grandes similitudes. Plus que d'inspiration
de l'un ou de l'autre, je crois qu'il s'agissait de " l'air
du temps " d'une façon de composer dans la ligne de
ce qui précédait.
Si je devais les rapprocher d'oeuvres proches, je dirais plutôt
les " Romances sans paroles " de Mendelssohn. On sent
encore la facture classique et déjà le rubato et
l'évolution romantique de l'écriture. Czerny était,
à l'instar d'un Debussy, extraordinairement précis
dans toutes ses indications d'interprétation et c'est le
respect absolu de ces indications qui a été ma priorité,
même si, parfois, cela induisait un jeu très expressif
(accéléré, ralenti, forte, piano, dans une
courte mesure).
Il y a beaucoup de points semblables aux Nocturnes de Chopin,
main gauche très harmonique, soutenant une jolie mélodie
à la main droite, ornementations multiples avec des petites
cascades de notes perlées
Le second recueil opus 604 est plus riche
et pourtant le compositeur a choisi de donner des titres, le plus
souvent correspondant à des émotions : le désir,
la colère, la joie À ces huit nouvelles pièces,
qu'est-ce qui, à votre avis, explique cette nouvelle façon
de procéder, notamment pensez-vous qu'il ait eu le sentiment
de ne pas avoir été bien compris dans son premier
opus de Nocturnes ?
Les huit premiers Nocturnes (Opus 368) correspondent plus à
l'idée que nous avons du terme de Nocturne. Jolies pièces
très mélodiques, nostalgiques ou lumineuses, elles
sont essentiellement lyriques, et ne nécessitent pas de
titre particulier.
Les Nocturnes de l'Opus 604, beaucoup plus virtuoses, sont aussi
intitulés "pièces de caractère".
Les titres diffèrent parfois un tout petit peu entre l'original
et la première édition de l'époque, et certains
sont plus des pièces de concert (" la Joie ",
grande valse brillante, ou la " Colère ", véritable
étude révolutionnaire) que des Nocturnes tels que
l'on se les imagine.
Le premier Opus (opus 368) est tout à fait jouable par
la plupart des pianistes, le second, en revanche, présente
des difficultés techniques redoutables, au-delà
de la virtuosité de certains, Czerny a voulu écrire
de manière très polyphonique, gardant parfois jusqu'à
4 voix, à plusieurs octaves d'intervalle. Cela ne s'entend
pas toujours, mais cela a posé des problèmes existentiels
de doigtés !
Czerny a écrit un Nocturne isolé
: La Reine d'ailleurs encore plus élaboré
que les précédents, quel est l'histoire de ce Nocturne
, a-t-il été composé en hommage à
la reine ? Comment expliquez-vous ce Nocturne isolé ?
Nous n'avons pas eu d'explication à ce titre, c'était
le seul Nocturne réédité depuis la mort du
compositeur, et donc celui qui nous a amené à rechercher
d'autres opus. Dans la réédition de Van Sambeek
(2006) ainsi que dans l'édition originale de Richault,
(Paris 1841) ce sous-titre n'existait pas, mais dans un exemplaire
retrouvé à la British Library, d'une édition
anglaise datant de 1842, le titre en était "La Reine.
Nocturne pour le pianoforte. Opus 647".
C'est un beau Nocturne qui s'inscrit bien dans la continuité
des deux opus précédents et se rapproche plus des
Nocturnes de Chopin.
Avez-vous joué souvent ces Nocturnes
en concert et comment ont-ils été accueillis ? Quand
les jouerez vous de nouveau ?
Depuis plus d'un an, j'ai commencé à jouer quelques-uns
de ces Nocturnes, au-delà de la curiosité et de
l'intérêt musical, ils séduisent une grande
majorité du public, particulièrement les auditeurs
qui apprécient directement ces uvres, et l'émotion
qu'elles dégagent. Il y a même de réels coups
de cur pour certains de ces Nocturnes. Et, bien sûr,
je les rejouerai régulièrement dans la plupart des
prochains concerts. Ce n'est que justice de rendre à Czerny
un aspect un peu moins rébarbatif que celui du seul pédagogue
!
Quels sont vos autres projets actuellement
?
Après une participation au jury du Concours Chopin de
Budapest, qui accueille 78 candidats de 18 pays, nous avons une
tournée d'une douzaine de concerts en France avec le Trio
Primavera (István Kosztándi, violon, et Timothée
Marcel violoncelle) avec des trios de Haydn, Beethoven, Mendelssohn
et le quintette de Dohnányi. Ensuite, des master classes
sont prévues à Budapest, et, de nouveau plusieurs
concerts avec le trio et quelques récitals. Cet été,
je dirigerai pour la 9e fois l'Académie Internationale
de Musique de chambre de Budapest.
Pour écouter le nocturne n°2
en mi bémol majeur de l'opus 368 de Carl Czerny
interprété par Isabelle Oehmichen
avec l'aimable autorisation du label Hortus
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