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Franz Liszt Paraphrases d'Opéras Giovanni Bellucci
Franz Liszt
Paraphrases d'opéras de Bellini et Verdi
Giovanni Bellucci
Réminiscences de Norma
Grosse Concert-Fantasie aus der Oper Sonnanbula
Don Carlos : coro di festa e marcia funebre
Aida : Danza sacra e Duetto finale
Miserere aus Trovatore
Rigoletto, Konzert-P-Paraphrase
Franz Liszt a consacré plus de la moitié de son
activité musicale à des oeuvres d'autres compositeurs,
il a au total écrit plus de trois cent cinquante paraphrases,
transcriptions et adaptations, sauvant et soutenant ainsi des
oeuvres de l'oubli. Alors que l'on a déjà pu découvrir
le talent du pianiste Giovanni
Bellucci dans les transcriptions des symphonies de Beethoven
par Liszt, c'est cette fois-ci des paraphrases d'opéras
de Bellini et Verdi que ce même pianiste nous permet de
découvrir dans cet enregistrement paru en 2000 , aujourd'hui
réédité par le label Lontano. Il faut dire
que peu d'interprètes se risquent à ces oeuvres
d'une très grande virtuosité. Selon Martin Kalneker,
auteur du livret de cet album :" La paraphrase marque
chez Liszt le point d'équilibre exact entre l'altruisme
du passeur ( du "promoteur", comme on dirait de nos
jours), d'une sensibilité pour ce qui est dans l'air du
temps , et un narcissisme certain. Car si Liszt met son talent
au service des autres( de leur mélodies très exactement),
il verrouille en même temps cette générosité,
puisque ces transcriptions sont presque inexécutables par
d'autres pianistes que lui ". Il est vrai que l'écoute
de ses uvres dont Giovanni Bellucci offre une interprétation
éblouissante laissent deviner leur difficulté d'exécution,
mais surtout nourrit grandement notre imagination par leurs atmosphères
contrastées dont ce talentueux interprète exalte
merveilleusement les différentes couleurs. Celui-ci a bien
voulu répondre à quelques questions pour présenter
ce disque :
Martin Kalteneker auteur du livret indique
" si Liszt met son talent au service des uvres des
autres [ ]il verrouille en même temps cette générosité
, puisque ses transcriptions sont presque inexécutables
par d'autres pianistes que lui " qu'en pensez
vous ?
J'ai souvent entendu parler d'un esprit de divulgation, ou pire,
de vulgarisation, de Liszt, lorsqu' il présentait à
son auditoire ses transcriptions d'oeuvres symphoniques au piano.
Rien de plus faux. La générosité humaine
de Liszt, prouvée par plein d'épisodes que tout
le monde désormais connaît par coeur, n'avait rien
à voir avec son désir de donner au piano des perspectives
sonores les plus amples possibles. La transcription de la Symphonie
Fantastique de Berlioz/Liszt, que j'ai enregistré pour
Decca récemment, est sous-titrée par son auteur
"partition de piano", et ce n'est pas un hasard.
Concevoir un piano qui est tellement riche de couleurs et tellement
puissant et capable de réaliser des complexités
rythmique pareilles, a été une réussite de
Liszt incroyable, en 1833, c'est-à-dire seulement six ans
après la disparition de Beethoven, et cinq après
celle de Schubert. Je ne veux pas affirmer que les dernières
oeuvres de Beethoven, telles que la Hammerklavier, soient faciles
à exécuter, bien sûr. Mais Liszt, à
travers ses transcriptions et ses paraphrases a donné au
piano le rôle de "Medium" extraordinaire, capable
d'évoquer un univers méta-pianistique. Une façon
de nourrir l'imagination des compositeurs et des pianistes des
générations successives, jusqu'au XXème
siècle, même.
Avez-vous eu l'occasion de voir les opéras
originaux, et que pensez-vous personnellement de la « traduction
» qu'en a fait Franz Liszt ?
Liszt réalise une synthèse des Opéras traités,
dans ses paraphrases. Aucune de ses paraphrases ne trahit l'esprit
des Opéras de Verdi ou de Bellini. Mais si vous comparez
le travail de Liszt avec celui , par exemple, de son rivale Thalberg
, vous verrez que là où Thalberg cherche l'effet
gratuit ou profite des Airs les plus célèbres, Liszt
réorganise dans chaque paraphrase un discours cohérent
et logique, on dirait presque un travail d'architecte. D'ailleurs
je conseille d'écouter les Réminiscences de Norma
de Liszt (morceaux qui se fait remarquer par l'absence de la mythique
Casta diva) juste avant de se plonger dans l'opéra de Bellini
dans sa version originale complète: la compréhension
de la violence de la poétique de Bellini sera immédiate,
et le Tristan de Wagner vous semblera la logique conséquence
du délire bellinien de Norma.
Quelle logique de construction propre
à Liszt trouvez-vous dans ces différentes Paraphrases
, appartiennent-elles à votre avis plus à l'univers
de Liszt que celui de Verdi ou Bellini ?
Je pense qu'il faut préciser une différence fondamentale
entre les Transcriptions et les Paraphrases de Franz Liszt. Il
s'agit de deux façons complètement différentes
d'aborder la tâche du compositeur.
Si vous prenez la partition de la Paraphrase sur Aida, d'après
Verdi, par exemple, vous vous rendrez compte du fait que Liszt
a largement dépassé le concept de la "Variation"
ou - encore pire - du "Pot pourri" musical. Le deux
moments de l'Aida choisis par Liszt, la Danse sacrée et
le Duetto Finale, sont traités comme s'il s'agissait d'images
d'une sorte de cinéma avant la lettre. Lorsque la Danse
meurt, avec un merveilleux effet de "fade out", le Duetto
naît , à travers une technique que je me permets
me définir "fade in". Tout cela est possible,
grâce à l'écriture pré-impressionniste
que Liszt avait déjà "inventé"
lors des années 1870.
Certaines personnes ont pu notamment reprocher
que Les Réminiscences de Norma ressuscitent le ton héroïque
de l'opéra au détriment de son aspect dramatique
, est-ce à votre avis vraiment un défaut de cette
paraphrase et plus généralement quelle qualité
principale doit à votre avis avoir une transcription d'opéra
?
Je ne sais pas qui a formulé ce reproche aux réminiscences
de Norma: je peux vous citer l'affirmation de Ferruccio Busoni,
avis que je partage tout-à fait, selon laquelle "qui
n'a pas écouté la partie centrale dramatique en
si mineur et son développement suivant, avec l'immense
élan en
si majeur (dans les Réminiscences de Norma), ne connaît
pas Franz Liszt". Je ne pense pas que le rôle d'une
paraphrases de Liszt soit celui de "passeur". Comme
je ne pense pas non plus que chaque "Transformation"
ou"Variation" dans les Diabelli op. 120 de Beethoven
remplisse la fonction de "passeur" du Thème ,
de la banale Valse de Diabelli. Toute idée nouvelle à
ses racines dans le passé. Et tout passe...
Bellini était décédé
lorsque Liszt réalisa ces transcriptions mais Verdi lui
était toujours en vie, sait-on ce qu'en pensa ce compositeur
?
Verdi a remercié Liszt de son travail, en se félicitant
notamment de la paraphrase sur Aida, par une lettre où
l'italien appréciait vraiment l'originalité de la
composition lisztienne. Ce qui était bien rare, vu le caractère
très dur de Giuseppe Verdi, qui n'était pas tendre
avec ses collègues !
Ce disque est une réédition
d'un disque paru en 2000, que pensez-vous neuf ans plus tard de
votre interprétation d'alors, certains pianistes n'aiment
pas réécouter d'anciens enregistrements, est-ce
votre cas, jouez-vous souvent ces pièces en concert et
d'une manière similaire ou bien votre jeu a-t-il évolué
?
Je ne joue jamais une oeuvre deux fois de la même façon...
Mais c'est ça qui rend la vie de l'interprète intéressante,
riche, variée... Qui peut affirmer que nous allons vers
une évolution, socialement et humainement parlant, d'ailleurs?
Je ne peux que nourrir mes doutes, et travailler sur moi même
pour faire en sorte que les qualités de Liszt, de Beethoven,
et des autres, puissent s'exprimer à travers mon clavier.
Mais ce n'est pas à moi de juger :-))
Vous est-il arrivé de donner des
masterclasses sur ces pièces, quel est le conseil principal
que vous donnez à leur interprète ?
Oui, j'ai travaillé avec des jeunes pianistes qui jouaient
des paraphrases de Liszt. Mais ils s'attachent surtout aux plus
simples, et aux plus populaires, d'habitudes! C'est dommage, il
y a tellement d'oeuvres pianistiques à découvrir.
Je conseille davantage de courage dans la constitution du répertoire
pour affronter la carrière musicale.
Pour écouter avec
l'aimable autorisation du label Lontano
Liszt/Verdi - Miserere aus Trovatore par Giovanni Bellucci
cliquez sur le triangle du lecteur ci-dessous
A voir deux vidéos de l'enregistrement(
en deux parties) de FRANZ LISZT GROSSE FANTASIE AUS DER OPER "SONNAMBULA"
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