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Clementi Vittorio Forte
Muzio
Clementi(1752 - 1832)
Vittorio Forte
Sonate en sol mineur op.34 n°2
Sonate en si mineur op.40n°2
Capriccio en mi mineur op.47 n°1
Fantaisie et variations sur l'air
d'Au clair de la lune
Pour son premier disque, réalisé par le label
Lyrinx, le pianiste italien Vittorio Forte, même s'il vit
désormais en France a choisi d'enregistrer des oeuvres
d'un compositeur de son pays natal : Muzio Clementi. Un compositeur
qui a été injustement emporté par la vague
de l'oubli dont parfois l'histoire est responsable même
si son nom est réputé à titre de "père
du pianoforte" . Ce compositeur arrêta en effet brusquement(en
1802) sa carrière de pianiste et de professeur pour créer
une facture de pianoforte, ainsi qu'une maison d'édition
qui ont rencontré toutes deux un succès financier.
Certes il reste aussi l'auteur de la célèbre oeuvre
pédagogique "Gradus ad parnassum", mais comme
nous le montre Vittorio Forte à travers une sélection
d'oeuvres qu'il offre dans une interprétation d'une très
belle sonorité, ses autres compositions ont de quoi réjouir
nos oreilles. Vittorio Forte a bien voulu répondre à
quelques questions autour de son disque :
Que représente Clémenti
dans votre répertoire, pourquoi lui avez vous consacré
votre premier disque ?
Comme tout élève qui se respecte, surtout en
Italie, Clementi est le « pain quotidien » des pianistes
pendant quelques années. Or, dans la plupart des cas, à
part les petits bijoux mécaniques du Gradus ad Parnassum,
beaucoup de pianistes ignorent la beauté de la musique
pour piano de Clementi. En explorant une large partie de son répertoire,
et notamment les sonates, j'ai trouvé des couleurs de Schubert,
de Mendelssohn, parfois même annonçant Chopin. Je
suis tombé amoureux du capricio en mi mineur. C'est une
uvre splendide, aux accents expressifs bouleversants. Alors
comment oublier tant de belle musique, ne bénficiant pas
en plus d'une discographie pauvre à ce sujet. Souvent,
on vous écoute parce que vous avez quelque chose de différent
à dire.
Mozart jugea Clémenti ( en 1781)
comme "une mécanique sans un sou de sensibilité
ni de goût" qu en pensez-vous ? et à
votre avis pour quoi Clémenti est-il moins réputé
que Mozart ?
Jalousie ! Non, je plaisante. Mozart était un
génie hors pair. Cela est un fait. Clementi était
un «pianofortiste» très doué. Cela est
un autre fait. Je pense que Mozart ne pouvait pas supporter une
quelconque comparaison avec un autre compositeur. Mais Mozart
était incomparable et avec ce type de remarques amères
il ne faisait qu'attaquer pour mieux avoir l'impression de se
défendre. Par contre, c'est aujourd'hui à l'ère
de l'épanouissement des moyens d'informations comme internet
qu'il faudrait redorer le blason de Clementi. Par exemple, commencer
à proposer dans les concours aux cotés des sonates
de Beethoven ou Haydn ou Mozart, celles de l'italien. En tout
cas, ce qui est certain c'est que la méconnaissance de
Clementi n'est pas du fondamentalement à une question de
valeur artistique. Vous savez, dans l'art souvent l'histoire a
joué des mauvais tours à des esprits de génie.
Avez-vous souvent l'occasion de jouer
des uvres de Clémenti dans vos concerts ? Quand sera
le prochain concert en France où vous jouerez des oeuvres
de ce compositeur ?
Depuis un an, Clementi « m'accompagne » lors
de chaque concert et cela se prolongera dans les mois à
venir en Suisse, France, Allemagne et Italie. C'est évidemment
pour une question de promotion de cette musique encore peu connue,
mais aussi parce qu' il épouse parfaitement mes projets
de repertoire pour les prochains récitals. Mon prochain
concert en France sera le 30 mai prochain à l'église
Saint Merry de Paris à 20h00. Au programme : la sonate
en sol mineur de Clementi, les fantaisies op.116 de Brahms et
l'avant dernière sonate de Schubert. Plus tard, le 7 juin
je jouerais pour la clôture de notre deuxième saison
de concerts « Les concerts d'Intermezzo » au Château
de Coudrée à Sciez sur Léman en Haute Savoie.
Sur quels critères avez-vous
sélectionnées les deux sonates de votre disque parmi
la cinquantaine écrite par Clémenti ?
J'ai connu les sonates de Clementi il y a une dizaine d'années.
La première sonate que j'ai joué a été
la sonate en fa # mineur, très célèbre. Quand
il a fallu faire un choix pour ce disque, j'ai pensé tout
d'abord faire une présentation personnelle des facettes
éclectiques des uvres de Clementi. Mais comme pour
beaucoup de choses que j'entreprends, cela s'est fait sur des
coups de cur. J'ai déchiffré une dizaine de
sonates ainsi que les deux capriccios de l'opus 47. Choisir n'a
pas été facile. Cependant la sonate en sol mineur
nous montre Clementi sous sa lumière de symphoniste, il
m'a semblé donc évident de l'inclure dans ce programme.
J'ai continué en essayant de retrouver une sorte d'esprit
de liberté naissant dans les autres uvres du disque,
exception faite pour la fantaisie qui a été plutôt
un clin d'il qui donne un coup de balai au monde expressif
dans lequel on est transporté avec les trois autres pièces.
Trouvez-vous que les Caprices, uvres
plus libres que les sonates, soient encore plus riches musicalement
que les sonates ?
Le capriccio en mi mineur de Clementi est un peu différent
de ce qu'on pourrait penser de ce type de pièce musical.
Il est composé selon le même principe que certaines
sonates de Clementi. Une longue et poignante introduction s'enchaine
inexorablement avec un mouvement agité et haletant. Un
mouvement lent plus paisible et serein, à l'exception de
la partie centrale en do mineur qui accentue un contraste expressif,
et enfin le deux dernier mouvements basés sur le même
élément thématique au caractère dansant
et vif concluent ce capriccio qui est donc dans la forme, semblable
à une sonate, et dans le fond une pièce proche parfois
de certains impromptus de Schubert. C'est un véritable
chef d'uvre. Une sorte de « sonata capricciosa ».
J'avoue que je le préfère même à certaines
sonates.
Vous avez également ajouté
à ce programme la Fantaisie avec variations sur l'air célèbre
« Au clair de la lune », uvre de contenu jugé
plus didactique qui a cependant une introduction très originale
au caractère d'improvisation , est-ce une uvre que
vous enseignez à vos élèves et plus généralement
utilisez vous ses uvres pédagogiques auprès
de vos élèves ?
En général j'essaie d'éviter d'enseigner
les uvres que je joue à mes élèves.
Dans la mesure du possible, évidemment. En plus cette fantaisie
n'est vraiment pas facile pianistiquement par rapport à
la facilité qu'il faut laisser transparaitre. Un peu comme
les variations « Ah vous dirais je maman » de Mozart.
Choisir le répertoire pour un élève est un
exercice inconfortable. Je pense que les années ont fait
beaucoup de mal aux compositeurs comme Czerny, Heller, et bien
sur Clementi à cause des nombreuses études écrites,
ces compositeurs ont été relégués
au rang de créateurs de "complications démotivantes".
Et pourtant si les apprentis pianistes pouvait se rendre compte
de l'utilité de ces uvres et du temps qu'ils économiseront
plus tard devant une pièce présentant des difficultés
techniques les résultats aurait une valeur plus sure.
Dans le programme du disque, après les deux sonates et
le capriccio qui en compose la plus importante partie, il fallait
une uvre qui respire la bonne humeur, je dirais même
la simplicité. Dans un disque comme celui-ci, visant à
faire découvrir un compositeur, il est important de donner
un aperçu de la palette de tons différents qui font
la variété de sa production. J'avais envie de faire
un révérence toute en légèreté
en baissant mon chapeau pour remercier !
J'ajoute, tout de même, que l'introduction déclamatoire
du début m'a séduit dès la première
lecture de cette partition.
A quoi attachez-vous le plus d'importance
dans votre interprétation des uvres de Clémenti
? Présentent-elles des difficultés particulières
propres à ce compositeur ?
Comme pour les interprétations de n'importe quel uvre
ou compositeur, la qualité du son est pour moi essentiel.
J'ai de la difficulté à imaginer que l'on puisse
jouer Chopin et Mozart avec la même sonorité. Les
uvres de Clementi sont techniquement très difficiles,
notamment le capriccio. Quand je dis techniquement je ne parle
pas des gammes, des arpèges ou autre élément
technique, mais de la maitrise du son, de la dynamique, de la
clarté des propos, de la capacité à faire
naitre l'expression des sentiments en la filtrant par son propre
vécu et sa personnalité.
Ce qui est très difficile dans ces uvres du compositeur
romain, c'est aussi de ne pas donner l'impression de jouer du
Mozart, du Haydn ou du Beethoven, mais tout simplement du Clementi.
Le risque est d'interpréter ces pièces «à
la manière de »
Comment avez-vous vécu ce premier
enregistrement de disque ?
La fin du mois daout 2008 restera certainement un des
plus beau souvenir de ma carrière voir même de ma
vie. Au moment de lenregistrement jignorais encore
si Suzanne et René Gambini, directeurs et fondateurs du
label Lyrinx, me suivrait sur le projet du disque consacré
à Clementi. Nous avions prévu trois jours denregistrement,
avec éventuellement un quatrième jour en cas de
problème. Le matin du deuxième jour le disque était
presque déjà « prêt ». Mon épouse,
moi et René Gambini avons donc pris du temps pour discuter,
durant ces journées marseillaises ensoleillés. Nous
avons été « envoutés » par lincroyable
expériences de René Gambini. Par la suite nous avons
tout de même continué à travailler. Jai
découvert combien une séance denregistrement
pouvait être agréable, lorsquon est bien entouré.
En général, je pense que laspect humain est
important dans notre carrière et que lors dun enregistrement,
en particulier, être dans une relation déchange
ne peut quapporter le succès. Cest le cas du
disque "Clementi". Cest pour cela que jespère
que la collaboration avec Lyrinx durera encore longtemps avec
des nouvelles réussites semblables à celle de "notre"
premier disque.
Pour écouter, avec l'aimable
autorisation du label Lyrinx, les deux premiers mouvements de
la sonate en si mineur opus 40 n°2 interprétés
par Vittorio Forte cliquez
sur le triangle du lecteur ci-dessous ....cliquez
ici