Robert Schumann Eric Le Sage volume 5

Robert Schumann
Novelletten Opus 21
Vier Märsche Opus 76
Klaviersonate Opus 22
Nachstücke Opus 23
Drei Phantasiestücke Opus 111
Gesänge der Frühe opus 133

Le pianiste Eric Le Sage semble avoir adopté depuis le début de l'année 2008 un rythme d'enfer pour poursuivre son intégrale Schumann commencée en 2006 par un simple volume, suivi d'un autre en 2007, puis... de trois volumes double depuis le début de l'année 2008, il est vrai que d'après ses calculs cette intégrale devrait comportée 17 disques et ce sont donc huit cd qui sont ainsi parus alors que l'échéance est fixée pour juin 2010, date de célébration du 200ème anniversaire de la naissance de Schumann (né le 8 juin 1810).

Les enregistrements de ce coffret ont été réalisés en avril 2008 hormis celui de "Gesänge der Frühe "("Chants de l'aube") qui date de 2001, autant dire que ces séances n'ont pas du être de tout repos car tous les autres opus hormis précisément cet ultime recueil écrit par Schumann sont des plus fantasques et enfiévrés. D'ailleurs Schumann lui-même ne se sentit pas très bien lorsqu'il composa en 1838 les huit "Novelletten"("novelettes") qui débutent ce volume :" Je ne me sens pas bien - le printemps se joue de moi- je suis resté des jours entiers à travailler dur sur mes Novelleten..." confiait-il, effectivement ces pièces qui regorgent d'inventions n'ont pas du être des plus reposantes à écrire et exigent encore une haute virtuosité pianistique. Celle-ci ne manque aucunement à Eric Le Sage pour affronter cette oeuvre moins souvent jouée que sa contemporaine "Kreisleriana" alors qu'elle ne manque pas non plus d'intérêt ainsi la seconde pièce "Auberst rash und mit Bravour("extrèmement vite et avec bravoure" que Liszt aimait particulièrement et que vous pourrez écouter dans cette page avec l'aimable autorisation du label Alpha vous donne un bonne exemple de l'inventivité de son auteur. Et c'est là un échantillon très représentatif de ce que contient donc ce cinquième volume.
Tout aussi éprouvante fut pour Schumann l'écriture de son opus 23 : "Pendant que je l'écrivais, je ne cessais de voir des visions de processions funèbres, de cercueils de visages malheureux et désespérés. Lorsque j'eus terminé, et que je cherchai un titre, je revenais toujours à Leichenfantasie(fantaisie cadavérique". N'est-ce pas étrange ? Pendant que je composais, j'étais sans cesse profondément ému, et des larmes coulaient de mes yeux sans raison apparente" Raison qu'il comprendra quelques jours plus tard apprenant le décès de son frère.

La sonate opus 22(considérée comme la deuxième sonate de Schumann malgré son numéro d'Opus), demanda quant à elle beaucoup de temps d'écriture : les trois premiers mouvements datent de 1833 et elle ne fut achevée qu'en 1836, et selon la musicologue Brigitte François-Sappey, auteur des livrets de cette intégrale :" Si on les prend à leur source, deux lieder de 1828, pour les suivre jusqu'à leur terme , un second finale en sol mineur de 1838, il ne faut pas moins de dix ans au compositeur pour venir à bout du défi qu'il s'est lancé". Les indications portées sur le premier mouvement donnent une idée de sa difficulté : " aussi vite que possible" mais sans doute n'est-ce pas encore assez rapide puisque suit un..."plus vite" puis ..."encore plus vite" !
Les Vier Märsche("Quatre marches") quant à elles furent écrites dans la suite des émeutes révolutionnaires de Dresde en 1849 et il indiqua à son éditeur : " Ses marches "d'esprit républicain" [...] ont été écrites dans le feu d'un véritable enthousiasme", ce sont sans doute là les pièces les moins intéressantes de ce volume mais il parait que dans l'entourage de Schumann l'on s'enthousiasmait à entendre des échos de la Marseillaise dans le trio de la quatrième marche(cf Guy sacre , la musique de piano)...

Conçues comme un cycle, les Drei Phantasiestücke (Trois Fantaisies) débutent encore par un court tourbillon de musique, et laisse rapidement place à un morceau plus calme, Il semble que les célèbres doubles Florestan et Eusebius aux humeurs contrastées ont encore envahi l'esprit du compositeur en cette année 1851 qui parait-il fut une des plus heureuses et pendant laquelle il composa nombreuses oeuvres. "Clara Schumann adora ces trois pièces au "caractère grave et passionné" enfin dignes de la grande concertiste qu'elle était" indique Brigitte François-Sappey, et Eric Le Sage ,en grand conceertiste qu'il est également, nous permet des les apprécier pleinement. enfin donc pour terminer ce cinquième volume mais pas l'intégrale le dernier opus pour piano écrit par Schummann : Gesänge der Frühe( "Chants de l'aube"), fin 1853 en quelques jours.Il expliqua le titre de cet oeuvre ainsi à son éditeur :"Ce sont des pièces qui traduisent une émotion à l'approche de l'aube : plus qu'une description pittoresque, elles sont l'expression d'un sentiment"...des pages extrèmement émouvantes ce qui n'est pas surprenant sachant la fin tragique de la vie de Schumann, notamment quelques mois plus tard il se jeta dans le Rhin. Mais les prochains volumes de cette intégrale toujours passionnante et d'une grande vivacité offerte par Eric Le Sage nous ramènerons avec bonheur quelques années auparavant.

Pour écouter "Auberst rash und mit Bravour" ( Novelletten opus 21) avec l'aimable autorisation du label Alpha
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