Robert Schumann Eric Le Sage Volume 2

Robert Schumann
Sonate pour piano opus 14,
Impromptus sur un thème de Clara Wieck opus 5
Fantaisie pour clavier en Do majeur opus 17

Le pianiste Eric Le Sage a pour projet d'enregistrer l'intégrale des oeuvres pour piano seul et de musique de chambre d'ici 2010, ce volume est le second volume de celle-ci. Un objectif qui lui tient particulièrement à coeur et qui le satisfait pleinement car explique-t-il :" il y quelques oeuvres que je suis content d'avoir eu l'occasion d'approfondir , sinon je serai certainement passé "à coté " par manque de temps ou de curiosité. Les fugues , les marches , la 3ème sonate ...".

Cette troisième sonate est celle qui figure sur ce disque. Composée alors que Schumann venait en même temps de perdre sa mère décédée, et sa fiancée Clara Wieck dont le père venait de le séparer, elle est construite d'ailleurs sur un thème de la compositrice. Elle est effectivement l'une des oeuvres les moins jouées de Schumann, sans doute à cause de sa difficulté : écrite entre 1835 et 1836, Schumann dut concéder à quelques modifications lors de sa publication car son éditeur la trouvait trop difficile, trop orchestrale et il la revisa de nouveau en 1853, mais c'est ici la version originelle, hormis quelques variantes apportées par Schumann à l'heure de sa première édition, qu'Eric Le Sage nous permet de découvrir. Il considère que : "C'est une sorte de fantaisie touffue , farfelue même . Une oeuvre totalement hors norme . Écoutez le mouvement lent , les variations sur la fameuse "quinte" de Clara (la même qui débute la fantaisie et qui est la base même des impromptus ! ) ".

Si la Fantaisie op17 est effectivement aussi habitée des "voix intérieures" issues des compositions de Clara, elle est aussi un hommage à Beethoven et fut dédiée à Liszt : " Le premier mouvement est une profonde plainte à cause de toi" confiera Schumann à Clara, le second mouvement est une marche au ton beethovenien quant au troisième mouvement Brigitte François-Sappey , auteur du livret , lui appliquerait les termes que Schumann avait réservés à la sonate-fantaisie de Schubert : "Ici tout est organique, tout respire la même vie. Que celui qui n'a pas assez d'imagination pour résoudre l'énigme du dernier mouvement s'abstienne d'en chercher le sens" et à défaut d'en connaître le sens au préalable... contentons-nous de suivre les conseils d'Eric Le Sage :" écoutez cette rigueur dans la fantaisie , cette véhémence en même temps que cette infinie tendresse ... " et de nous laisser guider par son interprétation à la belle sonorité d'une grande clarté.

Les Impromptus, composés en 1833, dont le titre a été choisi pour rendre hommage à Schubert sont en fait une série de variations sur un thème de Clara Wieck, et furent dédiés au père de celle-ci. Ils sont comme l'expliquait plus haut Eric Le Sage, aussi basés sur la "quinte de Clara" , Brigitte François-Sappey explique cette "mythologie schumannienne" et notamment à propos de cet opus...5 : " le chiffre cinq et la quinte désigneront toujours Clara par analogie avec les cinq lettres de son prénom. Enoncée dès l'exposé à découvert du thème, la double quinte descendante de cet opus 5 résonne jusque dans la fugue quasi satira du grand finale". Robert Schumann revisa cette oeuvre en 1850. Eric le Sage a pour sa part mêlé les deux versions de 1833 et 1850 ainsi l'explique-t-il : "J'ai mêlé les deux versions d'une manière totalement subjective (mais en suivant les ordres des variations des premières éditions quand c'était indiqué ), j'ai par exemple inséré une deuxième version dans la reprise d'une ou deux variations et des petites choses personnelles comme cela. J'ai préféré jouer la fin plus mystérieuse de la première version qui se termine dans le silence comme les Papillons. ". On peut faire confiance à Eric Le Sage, Premier Prix du Concours International Robert Schumann de Zwickau en 1989, pour avoir fait là les meilleurs choix et il nous permet ici d'apprécier tous les reliefs de cette oeuvre dont il semble étonnant qu'elle ait été souvent boudée par les pianistes.

Le petit plus : Le label Alpha conçoit ces albums comme une oeuvre d'art à deux titres, associant peinture et musique , aussi la pochette est très joliment illustrée en couverture(zoom partiel) et d'un volet en intérieur d'une oeuvre du peintre Franz Ittenbach, contemporain de Schumann. Un commentaire de ce tableau est présenté par Denis Grenier dans le livret. Un album que l'on a envie de garder ouvert et de laisser dans sa platine !

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