Vincent Bourgeyx Un ange qui ricane

Vincent Bourgeyx
avec Karl Jannuska
Un ange qui ricane

Allez savoir pourquoi le pianiste Vincent Bourgeyx a titré son disque "Un ange qui ricane" , la source de son inspiration qu'il a bien voulu confier répond partiellement à cette question : "La vie, les gens, la souffrance, l’introspection. J’ai besoin de m’isoler pour créer. De me mettre dans un certain état d’esprit. Me faire « envahir » par moi - même. Parfois me mettre dans des situations un peu extrêmes ou « border line » comme on dit, mais j’ai appris avec les années à ne plus me laisser trop déborder. À garder le contrôle des choses."...un état d'esprit entre l'ange et le démon risque-tout.

C'était peut-être un risque aussi alors qu'il a l'habitude de jouer dans la forme classique du trio(piano,contrebasse,batterie) de suivre son envie d'une approche plus intimiste des choses avec ce disque en partie solo en partie duo avec le batteur Karl Jannuska, musicien qu'il a choisi pas seulement pour ses qualités de batteur : "Karl est un compagnon de route depuis 5 ans maintenant. J’ai pensé que sur certains morceaux un apport rythmique, et sur d’autres un vrai dialogue, apporteraient quelque chose à la musique. Karl est un musicien, pas un simple batteur."

Une des douze compositions originales lui est dédiée "For KJ" , Vincent Bourgeyx s'y est dédoublé jouant à la fois du fender rhodes et du piano mais ce n'est pas là le morceau le plus représentatif de son album, par contre peut-être le plus jazz car il faut croire que c'est un phénomène du temps présent : les compositions de Vincent Bourgeyx sont elles-aussi difficilement qualifiables de purement jazzistiques, sans doute parce que le pianiste continue en parallèle d'étudier la musique classique et notamment d'écouter Ravel, Debussy, Fauré. C'est en fait surtout le romantisme qui caractérisent ses mélodies, et la grande fluidité de son jeu au piano qui offre un univers très poétique, d'ombres et de lumières, tantôt très instrospectif tantôt débordant d'énergie déversée dans un torrent de notes, avec un accompagnement de la main gauche débordant d'imagination, un univers qui rejoint ceux de Michael Nyman et Keith Jarrett. Vincent Bourgeyx va droit à l'essentiel : les morceaux ont une durée très courte, et quand exceptionnellement ils sont plus longs, ainsi "Alice" qui dure plus de 6 minutes, ce n'est que pour raconter une histoire à plusieurs épisodes, où les styles se mélangent plus ouvertement et dans la perfection...Oui c'était peut-être un risque de suivre son envie d'une approche plus intimiste mais Vincent Bourgeyx peut ricaner car il a assurément bien contrôler les choses.

A voir la vidéo de l'enregistrement de Siera Nevada, cliquez sur le triangle

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