Prélude en ut # min Op.45,
Polonaise-Fantaisie en la b Maj Op.61,
Nocturne en ré b Maj Op.27 n°2,
4ème Ballade en fa min Op.52,
Nocturne en si b Maj Op.62 n°1,
Nocturne en mi Maj Op.62 n°2,
3ème Sonate en si min Op.58.
Le pianiste Nicolas Stavy a, entre autres prix, obtenu en 2000
un prix spécial au concours Chopin de Varsovie et eu l'occasion
de se faire remarquer dans le spectacle "Le pianiste"
de Spilzman où au côté de l'acteur Robin Renucci
il interprétait des oeuvres de l'un de ses compositeurs "fétiches",
aussi le disque récital enregistré lors d'un concert
à Luxembourg qui sort ce mois-ci et consacré également
à Chopin était-il très attendu. Les oeuvres
interprétées dont vous pouvez voir la liste ci-dessus
appartiennent pour l'essentiel à la dernière époque
créatrice de Chopin où prédomine la recherche
harmonique, un agrandissement des dimensions et une complexité
accrue. Nicolas Stavy a bien voulu répondre aux questions
de pianobleu.com et nous offrir l'écoute du Finale de la
troisième sonate en si mineur op58.
Vous avez choisi d'enregistrer Chopin
en public, lors d'un concert , comment avez-vous vécu ce
concert ?
Le studio est en effet d'un grand confort pour l'enregistrement,
puisqu'il permet de reprendre à loisir passage par passage,
afin de pousser très loin la qualité de réalisation
de chaque détail. La technologie actuelle permettant des
montages incroyablement précis et inaudibles. Outre la tricherie
que cela représente (je dis ça en plaisantant, car
je suis le premier à aimer le studio pour certaines approches
car il permet de trouver d'autres choses), il est presque impossible
d'y retrouver, autant qu'au concert, l'élan, le souffle et
la construction d'une uvre. Enregistrer un tel programme est
déjà en soi un pari délicat, la discographie
étant déjà si considérable ! Quitte
à me lancer, j'ai préféré y aller à
pieds joints ; certes avec les risques que comporte l'enregistrement
sur un seul soir, mais dans un programme que j'ai assez longuement
réfléchi et souvent joué.
Le fait de jouer des oeuvres de Chopin
dans "Le pianiste" de Szpilman vous a-t-il influencé
sur le choix du programme du récital,
pourquoi avez-vous choisi pour ce disque les oeuvres de la "dernière
période" de Chopin ?
Les deux projets sont très différents. L'idée
autour du " Pianiste " était de jouer du Chopin
à travers un personnage, celui de Szpilman, dans le contexte
du Ghetto de Varsovie. Les uvres étaient presque toutes
lentes et courtes, hormis le 1er mouvement de la sonate funèbre
(l'objectif étant de représenter Szpilman pendant
la guerre : on imagine fort mal un homme, se cachant au milieu des
ruines et n'ayant rien à manger, jouer le final de la 3e
sonate )
J'ai choisi ici de rassembler les uvres de la dernière
période créatrice, la plupart composées à
Nohant. Cette période me semble être l'aboutissement
de Chopin, celles où il va le plus loin en matière
de construction, d'inspiration, d'écriture au piano. Un petit
peu comme Turner en peinture, c'est là, me semble-t-il, que
les prémices de l'impressionnisme se font pour la première
fois sentir en musique. En particulier dans le début de la
Polonaise-Fantaisie, bien sûr, mais aussi le sublime et curieux
Prélude op 45, uvre si énigmatique ! Nous avons
d'ailleurs la chance d'avoir un témoignage très précieux
sur la composition de cette uvre singulière : celui
de George Sand qui relate une scène en présence de
Chopin, Delacroix, un élève de Delacroix et elle-même.
C'est passionnant, ce serait trop long à raconter ici, mais
j'invite les lecteurs curieux à lire le livret que Jean-Jacques
Eigeldinger m'a fait l'immense plaisir et l'honneur de rédiger.
Qu'est-ce qui vous tient le plus à
cur dans votre interprétation de Chopin ?
Je peux en tous cas dire ce qui me tient le plus à cur
chez Chopin et que je m'efforce de faire passer ! Chopin est un
compositeur très à part. Il est difficile de le mettre
dans un mouvement, comme on rassemble Haydn, Mozart et Beethoven
dans le mouvement classique. Ces trois compositeurs, bien que très
différents, sont issus du même courant, et se suivent.
Chopin est un compositeur romantique bien sûr, mais il n'y
a pas la même lignée avec ses contemporains. En particulier,
c'est un des seuls romantiques à n'avoir écrit que
pour le piano (ou presque !)
Son écriture pianistique étant une écriture
de bel canto, se rapprochant toujours du chant, et non de la virtuosité
instrumentale, comme on la trouve par exemple chez Liszt. Cette
singularité vient peut-être du fait qu'il était
autodidacte. Il n'aimait que Bach et Mozart. Pas ses contemporains.
Jouer du Chopin, à la fois au niveau du style, du toucher,
de la pédalisation, du legato etc, demande une approche spécifique
à ce compositeur. Nous avons, fort heureusement, de nombreux
témoignages de contemporains, de ses nombreux élèves
qui nous renseignent précieusement.
Il y a eu pendant un certain temps une mode de jouer Chopin ultra
" romantisant " dans le mauvais sens, c'est-à-dire
avec un rubato excessif, des effets de manches, beaucoup de virtuosité
Cela ne veut pas dire qu'il n'y aucune virtuosité chez Chopin,
mais elle ne me semble jamais, absolument jamais, gratuite et instrumentale.
Je la vois personnellement plus passionnée, emportée.
Chopin lui-même disait à ses élèves
: " le sommet de l'art, c'est la simplicité ".
Il détestait par-dessus tout les effets et les sonorités
sèchent et agressives.
Que pourrions trouver de plus beau et de plus juste dans la définition
que Liszt a donné du rubato Chopinien : Il disait que la
main gauche représentait le tronc d'un arbre, la main droite
les feuilles. Le tronc reste toujours stable et les feuilles, elles,
se balancent dans le vent
A écouter donc le Finale de
la troisième sonate, où vous pourrez d'ailleurs
mesurer la vivacité de jeu et la fermeté de la main
gauche de Nicolas Stavy qui s'est assurément approprié
cette définition lisztienne..cliquez sur le triangle du
lecteur ci-dessous
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A noter sur vos agendas : Nicolas Stavy donnera un concert
mardi 23 octobre à l'Auditorium du Musée d'Orsay à
Paris dans le cadre de la série de concerts de midi trente
"Les nouveaux talents du piano au Musée d'Orsay".
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