Beethoven Sonates et Symphonies Giovanni Bellucci

Beethoven
Sonates et Symphonies(transcriptions par Liszt)
Giovanni Bellucci

Volume 1
Sonate n°10 et Sonate n°17 "La tempête"
Symphonie n°7

Volume 2
Sonate n°8 "Pathétique"
Sonate n°14 "Clair de lune"
Symphonie n°5

Volume 3
Sonate n°6 et Sonate n°26 "Les adieux"
Sonate n°29 "Hammerklavier"

Le pianiste Giovanni Bellucci qui a découvert son don pour le piano en jouant à l'âge de quatorze ans les trente-deux sonates de Beethoven poursuit son "long voyage" de l'enregistrement précisément de cette intégrale des trente-deux sonates de Beethoven couplées avec les neuf symphonies de ce même compositeur transcrites au piano par Liszt, avec un troisième volume qui cette fois ne comporte que des sonates. Absence de symphonie dont il ne faut pas s'étonner puisque cette intégrale devrait se réaliser en une quinzaine de disques et cette absence est comblée largement par la sonate "Hammerklavier" célèbre pour sa dimension tant en durée que musicale : le troisième mouvement Adagio sostenuto serait" le plus grand morceau pianistiques jamais écrits" selon Giovanni Bietti auteur du livret, quant au final de cette même sonate il constitue : "l'un des plus hauts et stupéfiants moments d'extraordinaire fusion entre passé et futur que Beethoven semble rechercher consciemment pendant les dernières années de son activité" .

Que cette sonate célèbre aussi pour ses dépassements des possibilités sonores de l'instrument - "une concentration inouïe des matières et des formes musicales" indique encore l'auteur du livret - ne fasse cependant pas ombrage aux deux autres oeuvres contenues dans ce programme qui permet de faire mesurer trois "âmes artistiques" beethovenniennes en ajoutant à cette âme "expérimentale et ésotétrique" l'âme "juvénile " avec la sonate n°6, qui d'ailleurs tout comme la sonate Hammerklavier contient une étonnante forme fuguée en son Final, et l'âme "Héroïque" dans la sonate n°26 "Les adieux" inspirée des guerres napoléonniennes et plus précisément comme l'indiqua Beethoven : "L'adieu, Vienne, 4 mai 1809 pour le départ de Sa Majesté Impériale, l'Honoré Archiduc Rodolphe". En fait Adieux à l'origine au pluriel que Beethoven choisit de mettre au singulier par la suite mais aussi Absence(second mouvement) puis Retour dans le troisième mouvement où s'exprime toute la joie des retrouvailles. Des âmes et sentiments opposés que le pianiste Giovanni Bellucci nous fait partager avec une grande intensité à son habitude dans toute dans cette intégrale au sujet de laquelle il a également bien voulu répondre à quelques questions...

Que représente Beethoven dans votre répertoire ?

Comme le disait Ferruccio Busoni, grand pianiste-compositeur, intelligent philosophe de la musique, Jean Sébastien Bach est la base, Liszt le sommet, pour le pianiste. Mais seulement la maîtrise et la connaissance de ces deux aspect de l'art pianistique rendront possible affronter Beethoven. Beethoven est le vrai Tondichter, le poète des sons, le Einstein du langage musicale. Chez lui, c'est le souffle cosmique qui nous parle.

Quand a débuté votre projet d'intégrale des sonates et symphonies de Beethoven et qu'est-ce qui vous en a donné l'idée ? Sur quelle durée doit-il se poursuivre ?

Le projet a commencé il y a 4 ans. Il m'a fallu du temps pour le mettre en place, j'ai toujours idéalement imaginé de relire les 32 sonates de Beethoven selon un pont d'observation plus liés à la connaissance des 9 symphonies. L'analyse des oeuvres symphoniques ne me suffisant pas, j'ai décidé de les travailler au piano, à travers les magnifiques transcriptions de Liszt. Depuis un an je joue l'intégrale des sonates et des symphonies en concert en Italie (sur 15 récitals, qui comprennent aussi les Diabelli) . L'intégrale discographique est prévue sur 15 CD. Un long voyage !

Selon quels critères avez-vous déterminé les contenus de chaque disque ?

Je ne pense pas qu'un disque, s'il doit être écouté d'un seul souffle, doive avoir les caractéristiques d'une encyclopédie. J'ai déterminé le contenu de chaque disque en suivant une logique liée à des éléments communs aux oeuvres choisies mais dans la variété des caractères beethoveniens. Beethoven n'est pas, à mon avis, un compositeur monolithique , carré. Il est structuré solidement et visionnaire. Dans le premier volume de mon intégrale discographique, j'ai -par exemple - uni des oeuvres inspirées par des éléments extra musicaux: théâtre et danse, avec la Tempête, la petite comédie-ballet qui est l'op. 14 n.2 et la 7ème Symphonie, c'est-à-dire l'apothéose de la danse.

Quel est votre point de vue sur les transcriptions des symphonies (par rapport aux oeuvres originales) ?

L'art de traduire une oeuvre musicale en changeant de "médium", ce qu'on appelle transcription, est un art important. Le voyage que l'idée abstraite parcourt entre la fantaisie du compositeur et la surface du papier, la notation concrète d'une idée impalpable, est un trajet fascinant. Il faut être sémiologue du clavier pour s'en occuper. Liszt a été tout simplement
le meilleur traducteur pianistique possible de la pensée symphonique ou de l'idée abstraite de Beethoven.

Avez-vous une sonate favorite ?

Aucune, sincèrement. Celle qui me donne les vertiges de la personnalité inouïe de son Auteur est en tout cas la Hammerklavier. Celle qui me touche le plus pour sa capacité de nous livrer un autoportrait de Beethoven est l'op. 57, Appassionata.

A quoi attachez-vous le plus d'importance dans votre interprétation des oeuvres de Beethoven et quel travail particulier vous demande ce compositeur ?

Beethoven... c'est tout savoir de son oeuvre, tout analyser, tout décortiquer, tout digérer... Et enfin tout oublier ! L'inhibition vis-à-vis d'un géant comme Beethoven, phénomène presque naturel, n'est pas payante. Sa musique n'est pas faite pour séduire, ni pour "plaire", elle doit vous secouer , et vous changer la vision du monde et donner d'autres paramètres concernant le
potentiel des êtres humains.

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