Bach Père et fils David Bismuth PIANO

Bach
Pére et fils
David Bismuth , piano

Wilhelm Friedemann Bach( 1710-1784) :
Sonate en la mineur FKnv8
Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) :
Sonate en si mineur Wq. 55/3 H245
Sonate en fa# mineur Wq. 52/4 H37
Johann Sebastian (1685-1750) :
Toccata en mi mineur BWV 914
Fantaisie en ut mineur BWV 906
Johann Christian Bach (1735- 1782) :
Sonate en ut mineur op. 5

Le pianiste David Bismuth avait enregistré il y a cinq ans, toujours sous le label Ameson, un disque déjà consacré à Jean-Sébastien Bach, mais à travers le regard que d'autres compositeurs ont porté sur sa musique, cette fois dans ce disque qu'il a souhaité être "comme un écho à l'album "BACHianas & Transcriptions paru il y a quelques années" explique-t-il à l'occasion d'un nouvel entretien à lire ci-dessous , il associe le père Johann Sebastian, plus connu en France comme Jean-Sébastien, et trois de ses fils : qui eux sont d'ailleurs connus, quand c'est le cas, le plus souvent sous leur nom non traduits, cela n'ayant sans doute pas été jugé nécessaire ... : Wilhelm Friedemann(l'aîné) Carl Philipp Emanuel (le cinquième enfant ) ,et Johann Christian (ou Jean-Chrétien, dernier fils), les trois plus illustres de ces enfants( sur la vingtaine qu'il a eue avec deux femmes) a avoir été également compositeurs. Il s'agit ici pour le pianiste de mesurer l'influence que le célèbre compositeur, dont on ne mentionne d'ailleurs généralement pas le prénom, a pu avoir sur ses descendants directs.
Bach a assuré en grande partie l'éducation musicale de ses fils et c'est d'ailleurs pour l'aîné Wilhelm Friedemann qu'il a commencé à composer des oeuvres spécialement destiné à l'apprentissage du clavier. Mais la réputation de celui-ci n'a pas été à la hauteur de celle de son père et il est mort dans la misère, pourtant certains reconnaissent en lui le plus doué ... et pourquoi pas imaginer qu'un jour on découvre encore d'autres oeuvres de celui-ci puisque la sonate qui est enregistrée sur ce disque est une première au piano, et '"elle a été attribuée pendant un temps à un autre compositeur, Johan Wilhelm Haessler. Avant d'être finalement "restituée" à son auteur ", explique encore David Bismuth .
Bien sûr la musique de ces trois enfants n'est pas la copie conforme de celle de leur père et chacun a développé un langage musical en accord avec son temps puisque tous les trois ont vécu plus de trente ans après la disparition de leur père. Mais ce qui surprend quand même dans cet album c'est qu'en fait l'influence du père reste assez présente, point de véritable enfant rebelle parmi ces trois fils, mais après tout cette influence n'est-elle pas aussi présente dans celle de nombreux autres compositeurs qui ne sont pas ces descendants, et parfois beaucoup plus tardifs. Cependant la mutation des instruments à clavier et du passage du clavecin au pianoforte appelle une transformation de l'écriture musicale dont les enfants de Bach seront aussi les artisans, ainsi l'indique David Bismuth dans le livret qu'il a aussi rédigé . Et les voix inférieures deviennent accompagnement de la mélodie dévolue aux voix supérieures. Ainsi ce sont les différences qui ici sont particulièrement intéressantes.
La plus remarquable évolution sans doute provient de Carl Philipp Emanuel Bach, dont cette année célèbre le tricentenaire de sa naissance (8 mars 1714), et qui , ainsi le rapporte David Bismuth dans l'entretien, disait : "« en quoi consiste donc la bonne exécution ? En rien d’autre que la faculté de faire percevoir à l’oreille sensible, en chantant et en jouant d’un instrument, des pensées musicales, selon leur contenu et leur sentiment véritables [...]un simple croque-notes ne saurait revendiquer les qualités véritables de ceux qui savent remplir des sentiments les plus doux l’oreille plutôt que l’œil, et le cœur plutôt que l’oreille » ..vous pourrez écouter plus bas dans cette page le Cantabile de la Sonate en si mineur , issu du recueil " Six sonates pour connaisseurs et amateurs " qui pourrait faire regretter qu'elle ne soit pas ici enregistrée dans son intégralité cependant David Bismuth a fait une sélection très rigoureuse dans une recherche d'équilibre du programme... Un programme en tonalité exclusivement mineure, qui n'exclut nullement , bien au contraire, que les sentiments soit aussi présents dans les autres oeuvres de ce disque, et en cela nul doute que la qualité de l'interprétation de David Bismuth, loin d'être un "croque-notes" mais fidèle aux conseils de Carl Philipp Emmanuel Bach qui a notamment écrit un "essai sur la manière de jouer des instruments à clavier" y contribue... Ainsi la sonate en ut mineur du dernier fils de Bach Johann Christian Bach , et tout autant que les deux premiers, son dernier mouvement, ne semble pas aussi austère que certains musicologues semblent s'accorder à le dire... Et l'on mesure particulièrement que Mozart, qui surnomma ce fils " Le Bach de Londres" , fût très probablement influencé aussi par ce compositeur qui le fascina jeune enfant outre son père. Un père que l'on oublierait presque, pourtant la Toccata en mi mineur qu'offre David Bismuth est absolument splendide ... et laisse espérer un nouveau disque cette fois peut-être entièrement consacré à ce compositeur autour duquel il travaille depuis plusieurs années !
Vous aviez précédemment enregistré un disque regroupant des œuvres de Bach et des transcriptions par d’autres compositeurs, cette fois vous réunissez des oeuvres de Bach (dont on omet souvent de préciser le prénom car le plus connu) et de trois de ces fils. Parmi ces trois fils , sur la vingtaine d’enfants qu’il a du avoir, lequel vous semble le plus « rebelle « par rapport à l’enseignement de son père et au contraire lequel vous semble le plus dans sa lignée directe ?
Bach a eu 20 enfants de deux femmes différentes (7 de sa première femme et 13(!) avec Anna Magdalena) L'un des intérêts de cet enregistrement, qui réunit la musique de Bach et celle de ses enfants, est à mon sens de montrer comment ses descendants ont su assimiler l'héritage et le patrimoine musical de leur père pour mieux... s'en éloigner ! On sait par sa correspondance que Bach avait des opinions et une estime très différentes à propos de chacun de ses enfants.
Il s'est parfois montré très dur avec Carl Philipp Emanuel dont il aurait dit : "C'est du bleu de Prusse, ça se décolore"...! Jugement un peu sévère et assez injuste ! Mais celui qui anticipe le mieux l'époque à venir dans l'histoire de la musique, la période classique, et à mon sens Wilhelm Friedemann, celui dont son père disait: « C’est le fils que j’aime »... Grâce à un sens inné de la mélodie, il met en lumière dans ses oeuvres l'élément vocal, procédé d'écriture tout à fait nouveau dans la musique pour clavier, ouvrant ainsi la voie à Haydn et surtout à Mozart.
Carl Philippe Emmanuel a écrit un essai sur la manière de jouer les instruments à clavier, que pensez-vous de cet essai, notamment vous semble-t-il toujours d’actualité , ou s’intéressait-il au clavecin plus particulièrement. Et s’il s’intéressait au piano avez-vous appliqué certains de ses conseils pour votre enregistrement que ce soit pour jouer ses œuvres ou celles de ses frères et père ?
Carl Philipp Emanuel est le premier compositeur à intégrer l'idée de « sensibilité » ("Empfindsamkeit") et d'émotion dans la restitution d'une oeuvre musicale. Inventant ainsi la notion "d'interprète"... Nous lui devons donc beaucoup ! Ainsi qu’il le disait: « en quoi consiste donc la bonne exécution ? En rien d’autre que la faculté de faire percevoir à l’oreille sensible, en chantant et en jouant d’un instrument, des pensées musicales, selon leur contenu et leur sentiment véritables » et ajoute « un simple croque-notes ne saurait revendiquer les qualités véritables de ceux qui savent remplir des sentiments les plus doux l’oreille plutôt que l’œil, et le cœur plutôt que l’oreille ». A mon sens ses conseils sont valables pour toute musique, à condition de les appliquer dans un style approprié à leur auteur. Accompagnant l'arrivée des premiers « pianoforte", ces préoccupations sont aujourd'hui encore au coeur de notre travail !
Quand avez-vous découvert les œuvres des fils de Bach, et comment avez-vous vous êtes-vous préparé à cet enregistrement ?
Je souhaitais que cet enregistrement soit comme un écho à l'album "BACHianas & Transcriptions" paru il y a quelques années. Et j'ai cherché à travers ce thème à parler de Bach d'une autre façon, en s'intéressant à son héritage musical direct. Le seul de ses fils dont je connaissais bien les oeuvres pour clavier était Carl Philipp Emanuel, grâce aux enregistrements réalisés par les pianistes Mikhail Pletnev et François Chaplin il y a une dizaine d'années. C'est alors que m’est venue l'envie de m'intéresser à la musique de ses autres enfants compositeurs, Wilhelm Friedemann et Jean Chrétien.
J'ai donc fait de longues recherches, écouté beaucoup de musique pour finalement aboutir à cette sélection de pièces qui sont pour moi les plus abouties et les plus touchantes. Car si ce projet devenait intéressant et original sur le papier, je voulais également qu'il ait un réel intérêt musical ainsi qu'une cohérence dans son ensemble.
Pourquoi avez-vous uniquement choisi des sonates ( ou mouvements de sonates) de ces fils alors que Bach s'y est peu intéressé semble-t-il ?
Bach a écrit 5 Sonates pour clavier (BWV963-967) et la forme Sonate, en 3 mouvements, représente l'essentiel de la production pour clavier des enfants Bach. Par ailleurs si cette forme a trouvé son apogée plus tard, à l'époque classique, puis à l'époque romantique, c'est sans aucun doute grâce à l'apport de Carl Philipp Emanuel. Ce dernier contribua à en développer les proportions et la structure de manière significative et en écrivit plusieurs dizaines, ouvrant ainsi la voie à Haydn, Mozart puis Beethoven qui continua à la faire évoluer tout au long de sa vie.
Vous avez plutôt choisi la Toccata bwv914 et la fantaisie sw906 que des sonates, en quoi ces œuvres vous semblaient-elles plus particulièrement intéressantes à rapprocher des sonates de ses fils ?
Bach a écrit 5 Sonates pour clavier (BWV963-967). Je souhaitais, dans une recherche d'équilibre du programme, que les oeuvres du père ne viennent pas "écraser" les autres pièces de cet enregistrement. J'ai donc choisi des pièces de durée assez courte, mais dont le contenu et la liberté de forme anticipent déjà l'époque classique, voire pré-romantique. Il s'agit là d'oeuvres assez libres dans leur discours musical.
La Toccata comprend 4 sections, dont une introduction écrite à la manière d'une improvisation, et un mouvement lent méditatif, hors du temps, qui sonne lui aussi comme un grand récitatif improvisé.
La Fantaisie quant à elle, pousse l'utilisation du chromatisme jusqu'à brouiller les repères de la tonalité. Ces deux pièces sont pour moi annonciatrices des oeuvres majeures de Beethoven.
C’est la première fois que la sonate en la mineur de Wilhelm Friedmannn Bach est enregistrée, quelles sont à votre avis les raisons qui font qu’elle ne l’ait pas été auparavant et qu’aimez-vous particulièrement dans cette sonate ?
Il s'agit là du premier enregistrement de cette oeuvre sur un piano moderne. Mais un témoignage discographique existe déjà au clavecin. C'est un magnifique enregistrement réalisé dans les années 90 par Christophe Rousset. C'est d'ailleurs en écoutant cette version que j'ai eu un coup de coeur pour la Sonate ! Je vais vous raconter une anecdote à propos de cette piece : elle a été composée par Wilhelm Friedemann, sans que l’on sache précisément à quelle date (les musicologues hésitent entre 1744 et 1774…). Puis elle a été attribuée pendant un temps à un autre compositeur, Johan Wilhelm Haessler. Avant d'être finalement "restituée" à son auteur, sous la référence FKNV8. Du coup, même si elle est éditée, la partition n'est pas si facile à trouver ! D'où peut-être, la rareté avec laquelle elle est jouée... Je l'ai choisie pour ouvrir le CD en raison de la sublime mélodie, à la fois touchante et intemporelle, qui compose le thème du premier mouvement.
Quels sont vos prochains concerts ?
Les 29/30 2014 PARIS – Showroom “Yamakado” Récital autour de “BACH Père et Fils”
BACH Johann Sebastian/ Wilhelm Friedemann/ Carl Philipp Emanuel/ Johann Christian
Le 4 Avril 2014 -PARIS - IFJA Atelier d’Euterpe - 20H30 Concert avec Geneviève Laurenceau, violon Alkan/ Fauré/ Poulenc/ Ravel -
Le 6 avril à LONDRES - Institut Français “It’s all about piano!”
Récital de musique française Fauré/ Franck/ Saint-Saëns/ Alkan
-9/ 10 PARIS - Salle Pleyel - 20H Orchestre de Paris Mozart Concerto pour 3 pianos, avec A.Laloum & E.Christien Dir. C.Meister . Diffusé en direct sur Radio Classique


Pour écouter
Carl Philipp Emanuel Bach,
Sonate en si mineur Wq 55/3 - H245
Cantabile
David Bismuth , piano
avec l'aimable autorisation
du label
Ameson
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