Thierry Maillard Behind the mirror Solo et Trio PIANO

Thierry Maillard
Behind the mirror

TRIO : 1 Lotus’ Ballade | 2 Miss Tik | 3 Bhajan 4 Trio West | 5 Tempo Riz - Action | 6 Never Ending Day | 7 Triolisme | 8 Ergot | 9 Lac Balaton

SOLO : 1 Nefertiti | 2 Around about Miles
3 Behind the mirror | 4 Ascenceur pour l’échafaud 5 Seven steps to heaven | 6 Ballade for Miles 7 Four and budo "medley" | 8 Blue in green 9 Milestones | 10 Mask.D | 11 Freedie the freeloader

Thierry Maillard, piano
Jérôme Regard, contrebasse
Laurent Robin , batterie

Le pianiste Thierry Maillard revient avec un double album où il pourrait sembler a priori mettre de côté ses passions que l'on avait pu découvrir lors d'un précédent entretien à l'occasion de la sortie de son disque "Notre Histoire" ainsi son amour des cordes (il a d'ailleurs depuis enregistré un disque "4 essential" avec la violoniste Debora Seller), et de la musique de Bill Evans puisque que ce double album regroupe un trio de jazz piano, contrebasse, batterie sans corde donc et un disque solo, construit non pas autour de Bill Evans mais de morceaux du célèbre trompettiste de jazz américain Miles Davis disparu précisément il y a vingt ans. Quant au titre de l'album qui est également celui du troisième morceau du disque "Derrière le miroir" , il laisse à penser que Thierry Maillard qui aime les voyages en musique a choisi d'aller plus loin encore et visiter un autre monde que le sien...

Mais si Thierry Maillard se met "derrière le miroir " ce n'est cependant pas pour oublier tout à fait ce qu'il est, d'abord un compositeur qui utilise la musique pour "vivre son imaginaire que l'on ne peut pas vivre dans la vie de tous les jours, comme une échappatoire" et l'écriture romantique qui le caractérise le plus ainsi son amour des ballades, telles celles de Bill Evans qui a eu toujours eu une influence énorme sur ses propres compositions... Sa propre "Ballade for Miles" en est un splendide exemple. D'ailleurs Miles Davis a été aussi fortement influencé par Bill Evans notamment à l'occasion de l'enregistrement du disque "Kind of Blue" qui est considéré comme le premier sommet de la période "acoustique" de Miles, et l'un des enregistrements les plus célèbres de l'histoire du jazz. Miles Davis était en effet entouré d'une équipe de choix : John Coltrane, Cannonball Adderley, Paul Chambers, Jimmy Cobb et le précieux pianiste Bill Evans dont Miles Davis a toujours reconnu l'importance de l'apport pour ce disque phare du jazz modal .... L'on retrouve parmi les cinq titres composés par Miles Davis sélectionné par Thierry Maillard, le " Blue in green" dont Bill Evans est co-auteur et " Freddie the freeloader ", choix plus surprenant puisque c'est le seul morceau de l'album "Kind of Blue" où Wynton Kelly remplace Bill Evans au piano, peut-être est-ce la raison pour laquelle par contre sa version, certes différente de l'original, n'a rien ici d'un rythme de ballade romantique mais plus d'une déambulation incertaine avec son rythme brisé déjà propre au trompettiste mais ici très moderne et effectivement Thierry Maillard semble bien être passé derrière le miroir de ce qu'il compose habituellement et avoir rejoint Miles. Idem avec le titre "Seven steps to heaven" , "Four and budo "Medley" ou encore "Milestones"! Thierry Maillard aime composer des musiques de films et le choix d“Ascenseur pour l'Echafaud”, film français de 1958 par contre ne surprendra pas... mais c'est à son producteur Christian Pégand qu'il revient explique-t-il à l'occasion de quelques questions sur ce nouveau disque !

Pour le disque en trio, qui lui n'a rien à voir avec Miles Davis et n'est donc pas un sextet à vent tel "Kind of blue" pas plus qu'un septet à cordes telle "Notre histoire"... c'est le même constat rythmique et harmonique : les morceaux sont pour moitié toujours des ballades romantiques et pour l'autre des musiques plus rythmées et modernes... Thierry Maillard laissant alors de côté de la mélancolie qui habitait nombreux titres de son album "Notre histoire", sans doute n'y sont pas étrangers non plus le batteur Laurent Robin et le contrebassiste Jérôme Regard que Thierry Maillard a choisi d'associer à ce projet justement pour cette caractéristique de son jeu .
Oui Thierry Maillard passe indéniablement "Derrière le miroir " sans totalement perdre totalement de vue l'autre face et en ouvrant encore plus grande la porte à son imaginaire il offre dans ce double album une musique aux couleurs plus variées, aux multiples bleus ajoutant une autre sorte de bleu moins sombre, plus vif restant parfois tout aussi mélodieux ainsi un très beau ou très belle "Miss tik"... de l'autre côté du miroir les images de Thierry Maillard, qui confiait composer toujours avec des images dans sa tête, semblent moins tristes que dans son précédent disque "Notre histoire" qui s'en plaindra même si elles sont peut-être aujourd'hui nécessaires pour s'échapper d'un monde réel de plus en plus sombre ?

Pourquoi avez-vous choisi de faire un disque solo autour de Miles plutôt que Bill Evans dont vous aviez dit précédemment lors d'un entretien : "Bill Evans reste et restera pour moi la référence de tout ce qui me touche dans le piano avec en première choses une sensibilité ou j'ai puisé ce que je suis aujourd'hui." ?  

En réalité, j'ai toujours su que lorsque je ferai un piano solo, ce ne serait pas dans le but de rendre hommage à un pianiste tel que Bill Evans ou Monk, ce qui a déjà été fait par tant d'autres pianistes de talent. Aussi, l'idée de jouer Miles Davis s'est faite assez naturellement : je l'écoute souvent depuis des années, et tente pour moi-même de retranscrire ses thèmes au piano.
Le challenge était de rendre hommage au trompettiste par le piano, avec des arrangements volontairement modernes, le point de départ étant de respecter les mélodies de Miles tout en tentant une ouverture harmonique et rythmique propre à mon instrument. Mon agent, Christian Pegand, n'est pas étranger au choix de Miles. C'est en effet Christian qui m'a suggéré, entre autre, un titre tel qu' “Ascenseur pour l'Echafaud”. Ainsi que l'hommage à Miles.

Comment avez-vous constitué votre trio ?

Je suis accompagné par deux musiciens que j'apprécie beaucoup pour leur modernité dans l'approche du jazz. Laurent Robin, à la batterie, est un ami d'enfance, et nous avons joué et écouté les mêmes musiciens dès l'âge de dix ans. Etonnement, je n'avais encore jamais enregistré avec lui. L'erreur est réparée aujourd'hui !
Jérôme Regard, à la contrebasse, au-delà du fait qu'il soit un excellent musicien, avait un atout majeur à mes yeux - “à mes oreilles”, devrais-je dire ! - son jeu résolument moderne qui établissait une correspondance parfaite avec l'approche première que j'envisageais pour ce trio.

Quel est le fil conducteur de votre enregistrement avec eux ?

Ce second cd ne comprend que des compositions originales. Le fil conducteur, dès le départ, fut de trouver une interaction très contemporaine harmoniquement comme rythmiquement, même si les thèmes mélodiques restent volontairement accessibles.

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