Neuvième vague Beethoven Vahan Mardirossian

Neuvième Vague
Beethoven

"Grande sonate pathétique" op.13
"Clair de lune" op.27 n°2
"Tempête" op.31 n°2
"Pastorale" op.28

Vahan Mardirossian, piano

Difficile de rester indifférent(e) à la peinture qui illustre le disque Neuvième Vague de Vahan Mardirossian et ce sont, confie le pianiste, dans la nouvelle interview ci-dessous, précisément les titres des sonates de Beethoven qu'il a choisi de réunir dans ce double disque qui lui a rappelé ce tableau du peintre arménien Hovanness Aïvazovsky. Une illustration effectivement splendide qui, comme il le dit, englobe les titres des sonates (Pathétique, Tempête, Clair de Lune...). Un tableau d'ombre et de lumière à l'image de la musique de Beethoven qui d'ailleurs évoque à la fois le cauchemar et le rêve, dans une musique tour à tour profonde ,enjouée et folle...et parfois même ambiguë ainsi l'auteur du livret, Franck Ciup, indique au sujet de la sonate "Clair de lune" : "le poète allemand Ludwig Rellstab y voyait en écoutant celle-ci, la promenade en barque de deux amoureux , au clair de lune sur le lac des quatre cantons" et Beethoven dans une interprétation quasi hypnotique, évoquait, parait-il des fantômes traînant leur chaîne dans un château hanté ; thème plaintif en écho, répondant aux immuables triolets comme des âmes désolées, errantes, inconsolables..." ce qui n'est pas du tout la même chose !!! A l'écoute de l'interprétation de Vahan Mardirossian, particulièrement lente, et d'une grande intériorisation, la profondeur de ce mouvement se révèle et c'est effectivement plus cette dernière image, certes moins réjouissante mais combien plus émouvante, qui viendrait à l'esprit. Oui assurément son interprétation en est des plus remarquables... et mériterait toutes les récompenses ...
Et, oui, une nouvelle fois, l'éloge de la lenteur mérite d'être fait...( voir la vidéo plus bas mais le son n'a rien à voir avec le disque qu'il faut absolument vous procurer).

Les deux sonates "Grande sonate pathétique " et "Tempête" sont à dominante aussi sombre que le laisse deviner leurs titres mais pour la dernière certains ont pu voir dans le célèbre troisième mouvement un cheval au galop ou plus vraisemblablement, plutôt qu'un déchaînement de la nature celui de l'esprit ou encore une lutte entre la vie et la mort... il est bon de rappeler d'ailleurs que ce n'est pas Beethoven lui-même qui leur donna ces titres.
La lumière apparaît à travers les nuages dans la sonate "Pastorale" dont vous pourrez écouter ci-dessous le mouvement Andante (extrait du disque), mouvement que Beethoven, au témoignage de Czerny, se jouait souvent à lui-même... une sonate que Vahan Mardirossian aurait plus volontiers expédiée dans les étoiles que "Clair de lune"qui a été choisie par la NASA, et comme on le comprend car elle fait miraculeusement naître un sentiment de joie et bonheur... certes encore faut-il que les éventuels auditeurs soient munis de lecteur de Cd pour écouter comme le dit Vahan Mardirossian et bien que l'on imagine que la NASA a du prévoir l'équipement nécessaire on se prend aussi aisément à imaginer suite à ses propos et à l'écoute de cette sonate un pianiste-astronaute messager de la paix, précisément lui, Vahan Mardirossian, dont l'auteur du livret, également son ami dit pour conclure un long paragraphe de nombreuses citations d'éloges des médias : "Il ne me reste donc pas grand chose à dire, sinon que l'homme a un coeur immense d'enfant perdu dans un monde si cruel, et que derrière cette énorme personnalité qui badine souvent avec jovialité, se cache outre le virtuose incontesté, le génie musical et l'absolu professionnalisme qui le caractérise, un monument de tendresse en marbre, de générosité en or, d'amour en diamant qui scintille de ses milles facettes vers le soleil." Et effectivement qu'ajouter encore après cet éloge des plus poétiques...voici son interview :
Vous aviez le projet d'une intégrale de Brahms cependant vous sortez un disque de sonates de Beethoven... que représente Beethoven dans votre répertoire et plus particulièrement les sonates … en jouez-vous aussi l'intégralité ?
En effet, j'avais décidé d'enregistrer une intégrale de Brahms, dont le premier volume à paru chez Intrada voici déjà 4 ans. Mais ma nature amoureuse de nouveautés et de changement ne me permets pas de me "stagner" dans une période précise et encore moins auprès d'un seul compositeur, aussi génial qu'il soit, pour une longue période. Voilà pourquoi, après ce premier volume de Brahms je suis parti pour m'enrichir d'avantage me baigner dans d'autres périodes et compositeurs (la Musique Arménienne - "Armenia" avec les frères Phillips et un récital Liszt). Pour mon neuvième enregistrement j'ai décidé de me pencher sur Beethoven, car malheureusement jusqu'aujourd'hui je l'avais un peu délaissé. Hélas, je ne joue pas (encore) l'intégralité de ses sonates, mais compte bien un beau jour compléter cette lacune.
Votre projet d'intégrale Brahms va-t-il pouvoir se poursuivre ? Dans quelles circonstances ce disque de Beethoven a pu être réalisé ?
Bien entendu, l'intégral Brahms va se réaliser (en tout cas je l'espère). Je suis déjà en train de réfléchir sur le programme de deuxième volume. En ce qui concerne Beethoven, ce disque est née d'une manière absolument soudaine. Je venais de mettre les quatre sonates à mon répertoire et faisais des récitals mono-thématiques quand après un concert dans le théâtre St Bonnet à Bourges nous avons eu l'idée de les graver. Ayant deux jours de libre après le récital, nous avons contacté l'ingénieur du son Philippe Petit, qui a réussi à dégager de son planning ces deux jours et venir à Bourges. Ainsi est né ce nouveau CD.
Pourquoi ce titre : " Neuvième vague " et comment en avez-vous déterminé le programme, pourquoi l'avez vous limité à ces quatre sonates alors qu'il semble rester un peu de place sur le deuxième CD pour une autre sonate, je pense notamment à une autre célèbre sonate qui a aussi un titre :"Appassionata" ?
La "Neuvième Vague" marque la création d'un nouveau label "Maestria records". Ce titre m'est venu à l'esprit tout naturellement. J'étais en train de chercher une illustration qui pourrait englober les titres de sonates (Pathétique, Tempête, Clair de Lune...) quand je me suis rappelé le chef d'oeuvres d'Hovanness Aïvazovsky - un célèbre peintre arménien qui s'était spécialisé dans les images de la mer. Faisant une recherche je suis tombé sur ce tableau "Neuvième Vague" qui est exposé à l'Ermitage de Saint-Petersburg. J'étais littéralement subjugué par les couleurs et la beauté de ce tableau. Je voyais une Tempête au Clair de Lune et une sorte de radeau de la méduse avec les naufragés Pathétiques... Ce tableau ne m'a pas laissé de choix. Puis son titre "Neuvième Vague" - Je trouvais ça très symbolique, car il s'agit de mon neuvième enregistrement.
En ce qui concerne de rajouter une sonate, j'ai toujours conçu mes disques comme des récitals et la cinquième sonate aurait été de trop. Même si l'Appassionata fait partie de mon répertoire, je l'ai volontairement exclue de ce cd en me disant que cela me donnera un point de départ pour un de mes prochains cds.
La première sonate de votre disque, a pour titre " Grande sonate pathétique " en quoi ce titre qui n'a pas été donné par Beethoven lui-même vous semble-t-il ou non bien adaptée à cette oeuvre ?
Nous savons très bien que Beethoven était très loin de ce qu'on peux appeler aujourd'hui "Marketing". La Musique avant tout !!! Pathétique !!! Le plus difficile dans cette oeuvre c'est ne pas l'être soi-même, car la limpidité du matériel peut tromper plus d'un. C'est une sonate très complexe, et même si c'est une oeuvre de jeunesse et qu'elle peut avoir des lueurs de ressemblance avec la Fantaisie et Sonate en do mineur de Mozart, le Grand Beethoven est déjà là. Grande Sonate Pathétique (elle fait à peine 20 min )- à cette époque ils étaient loin d'imaginer que quelques années plus tard il allait écrire le Hammerklavier. C'est une oeuvre qui me poursuit depuis mon enfance, car j'ai ouvert pour la première fois cette partition quand j'avais 8 ans et j'ai une tendresse particulière envers elle.
La sonate "Clair de lune " a été envoyée par la Nasa vers une étoile explique l'auteur de votre livret, Franck Ciup, en quoi cette sonate vous semble-t-elle mériter un tel sort, être représentative de notre civilisation ?
La sonate "Clair de Lune" fait partie de ces quelques échantillons de notre civilisation qui ont été réunis dans un satellite et envoyé dans l'espace sans une destination précise en espérant qu'un jour et si une vie parallèle ou future extraterrestre existe, ceux qui le trouveront auront une idée de notre civilisation (il faut encore qu'ils aient des lecteurs cd !!!). C'est une des pages les plus profondes (1er mvt), ou les plus enjoués (2nd mvt) ou les plus fous (3 mvt) qui ravissent le public et fatiguent le pianiste. Dans une forme de sonate classique nous trouvons 4 mouvements : un Allegro, un Adagio (ou Andante), un court Scherzo et une Finale. Dans la sonate "Clair de Lune" j'ai l'impression que Beethoven volontairement "occulte" le premier mouvement et commence sa sonate directement par le second mouvement. Je crois que tout être qui a fait du piano dans sa vie a déjà essayé de jouer tant bien que mal ne serait-ce que les deux premières mesures. Moi-même je n'ai pas échappé à cette tentation. Mais plus le temps passe et plus je crois que cela fait partie des pages les plus difficiles de l'histoire de la musique malgré son évidente simplicité.
Interrogé sur la sonate op31 n°2, Beethoven a conseillé de lire "La Tempête" de Shakespeare, vous-même l'avez vous lu et cela vous semble-t-il utile pour votre interprétation de cette œuvre ?
Les bruits courent dans le petit milieu des musicologues que ce conseil Beethoven le donna pour expliquer l'Appassionata . Je suis persuadé que tout ce que Beethoven voulait qu'on sache pour la comprendre se trouve dans la partition. Encore une forme atypique, surtout le premier mouvement. Les passages les plus méditatifs s'enchaînent d'une manière soudaine avec des éclats de fougue sans égal. Une chose très intéressante : Beethoven marque une pédale de 3-4 mesures en demandant surtout ne pas la changer. Ceci crée une sorte de malaise sonore absolument génial et sans précédent. J'ai essayé de m'effacer le plus possible afin de laisser la musique de Beethoven parler à sa juste valeur, à ma place. Plus j'avance dans ce métier et plus je suis persuadé que nous détériorons les oeuvres des Grands de ce monde en leur imposant notre personnalité, car cette musique contrairement à nous est éternelle. Si seulement nous étions à la hauteur de ce qu'on joue...
La sonate "Pastorale", notamment son mouvement andante, a été selon Czerny longtemps la sonate préférée de Beethoven … est-elle aussi votre sonate préférée ?
Oh oui, c'est ma préférée !!! Je ne saurais même pas en expliquer les raisons. La seule chose que je sais, ce qu'elle m'accompagnera jusqu'à ma tombe. C'est un message de paix. Par ailleurs, si on me demandait mon avis, c'est cette sonate que j'aurais envoyée dans l'espace. Ce qui interroge, c'est le refus total (à part les 10 secondes finales) de mouvement rapide et passionné. Comme si le temps prenait un suspend et que la nature écoutait au lieu d'agir. La seule chose que je déteste dans cette sonate, c'est qu'elle a une fin...
Depuis votre précédente interview, en 2005, il me semble que vous avez réalisé votre rêve de devenir chef d'orchestre …pouvez-vous en parler ?
En effet, j'ai fini par réaliser mon rêve d'enfance et la raison de toute ma vie. Ce n'est pas nouveau, je dirige depuis l'âge de 15 ans. Pendant 2 ans je fus à la tête de l'orchestre de chambre des jeunes dans ma ville natale. Malheureusement en arrivant en France je n'ai pas pu intégrer la classe de Direction au conservatoire à cause de la langue. A l'époque je ne parlais pas Français et la première épreuve incluait un commentaire sur écoute et une analyse. J'ai donc rendu des copies blanches car je ne comprenais même pas la question pour y répondre. Par la suite j'ai démarré la carrière de pianiste et le temps m'a fait défaut pour reprendre la direction. Ce qui n'a pas empêché que je continue à travailler par mes propres moyens en rencontrant, discutant, participant à des répétitions et prenant des conseils des chefs avec qui je jouais des concertos. C'est suite à cela que j'ai eu l'immense honneur de participer à une master-classe de Kurt Masur et oser m'imposer dans cette voie. Aujourd'hui tout mon acharnement a porté ses fruits car après avoir dirigé plusieurs orchestres en France et l'étranger j'ai été nommé chef principal à l'orchestre de Caen, avec lequel je me suis déjà produit quelques fois. Je commence officiellement avec eux en septembre prochain dans un programme Tchaikovsky.
En tant que pianiste , quels sont vos prochains concerts ?
Contrairement à ce qu'on peut croire, je ne vais pas pour autant délaisser le piano au profit de la direction. Je compte bien de mener de front les deux. Ainsi je suis en train de réfléchir au programme de mon prochain disque et suis heureux de faire prochainement mes débuts avec l'Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Jarvi. Par ailleurs je ferai plusieurs apparitions en récital et musique de chambre dans plusieurs festivals.

Pour écouter le second mouvement de
la sonate op.28
"Pastorale"
- andante
Beethoven
par Vahan Mardirossian
avec l'aimable autorisation
du label
Maestria
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A voir Beethoven Sonate "Clair de Lune" Adagio Vahan Mardirossian

 

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