DAVID KADOUCH, PLAMENA MANGOVA, STANISLAV IOUDENITCH, CLAUDIO
MARTINEZMENHER,
VICTOR ET LUIS DEL VALLE, PIANO
DIMANCHE 21 NOVEMBRE 2010
à 11h, 14h et 18h
et
LUNDI 22 NOVEMBRE 2010 à 20h30
Théâtre des Bouffes du Nord à Paris
Ce 1er cycle Maestros & Friends se déroulera en 3
temps forts avec Dimitri Bashkirov (20-21-22 novembre 2010), Barbara
Bonney (19-20-21 mars 2011) , Leon Fleisher (11-12-13 juin 2011).
Plus quun cycle de concerts de musique de chambre, Maestros
& Friends, se propose de réunir les plus grands interprètes
du moment en les invitant à sentourer du premier
cercle damis et des musiciens qui leur sont chers. Au plaisir
de la découverte des oeuvres dans lintimité
partagée dun salon de musique dexception sajoutera
le bonheur de multiples rencontres avec des maestros désireux
de transmettre leur savoir à loccasion de répétitions
ouvertes aux jeunes enfants et étudiants, de projections
de documentaires sur leur travail et dans le cadre de prestigieuses
masterclasses.
Dimitri Bashkirov est réputé comme
un maitre de la pédagogie pianistique. Déjà
légendaire en Russie, il avait accepté de s'exiler
il y a quelques décennies pour devenir professeur honorifique
de la Escuela Superior de Música Reina Sofia de Madrid,
dont le prestige est dû principalement au charisme de ce
pianiste. Après le récital d'un de ses disciples
Denis Kozhukhin, 1er Grand Prix du Concours Reine Elisabeth 2010,
le 11 octobre dernier aux Bouffes du Nord, c'est maintenant le
Maestro qui nous fait l'honneur de lancer ce 1er cycle de concerts
et master classes qu'Arcadia Musica coréalise avec le Théâtre
des Bouffes du Nord les dimanche 21 et lundi 22 novembre 2010
avec 6 de ses autres meilleurs disciples de piano qu'il présentera
lui-même : Plamena Mangova (spectaculaire pianiste bulgare,
2nd Prix Reine Elisabeth 2006), Victor et Luis del Valle (frères
formant un duo de piano d'avenir), David Kadouch (un des grands
espoirs du piano français, 3e Prix du Concours Beethoven
2005 et Révélation des Victoires de la Musique 2010,
protégé de Perlman, Barenboim), Claudio Martinez-Mehner
(pianiste germano-espagnol de talent, assistant de Bashkirov à
l'Ecole Reine Sofia de Madrid), Stanislav Ioudenitch (1er Grand
Prix du Van Cliburn 2001 qui viendra des USA). Le samedi 20 novembre,
le Maestro donnera une masterclass à quelques uns des meilleurs
étudiants du Conservatoire National Supérieur de
Musique de Paris pour les présenter en masterclass publique
le dimanche 21 à 14h aux Bouffes du Nord. Dans l'après-midi
du lundi 22 à 14h, le Théâtre ouvrira ses
portes à de nombreuse classes de quelques écoles
élémentaires parisiennes pour les convier à
assister à un concert pédagogique avec la participation
de tous les artistes et en présence du Maestro.
Interview de Dmitri Bashkirov par Jérémie
Szpirglas
Qui sont vos maestros ?
Je citerai au moins deux personnes : tout d'abord ma grand-mère,
qui m'a révélé à moi-même
mon amour pour la musique en me sensibilisant à
toutes les beautés qu'elle réserve. Elle
avait dans sa jeunesse étudié le piano au
conservatoire de Berlin, auprès de Xaver Scharwenka,
pianiste et compositeur très célèbre
en ce temps-là. Puis, dans ma ville natale de Tbilissi,
en Géorgie, j'ai suivi pendant onze ans l'enseignement
d'une musicienne extraordinaire, Anastasya Virsaladze,
qui fut l'élève d'Anna Yesipova. C'est elle
qui m'a appris à connaître le son, la langue
de l'interprète.
Je suis ensuite entré dans la classe d'Alexander
Goldenweiser, au Conservatoire de Moscou. Ami et co-disciple
de Rachmaninov et Metner, il est le dédicataire
de plusieurs de leurs uvres et ce fut une personnalité
éminente de l'histoire de la musique russe.
Parmi les personnalités qui, sans être mes
professeurs, m'ont fortement influencé j'aimerais
mentionner Annie Fischer, incroyable pianiste hongroise,
que j'ai eu l'occasion d'entendre en récital, et,
plus généralement, de les nombreux géants
du piano dont je continue à écouter très
régulièrement les enregistrements que sont
Alfred Cortot, Arthur Schnabel, Edwin Fischer, Walter
Giesekind, Solomon, Marguerite Long, et j'en passe.
Diriez-vous que vous faites partie de l'école
russe du piano ? Et, au sein de cette école, en
quoi vous en distinguez-vous ?
Si on parle de l'école du russe, comme on l'entend
habituellement - avec tous ses points forts, comme l'abondance
de l'expression, la noblesse du son -, sans doute. Je
voudrais toutefois souligner que le processus de l'exécution
musicale doit toujours rester vivant et spontané.
Quand je donne un récital ou un cours, mon objectif
principal est donc de ne pas transmettre uniquement des
notions théoriques ou historiques ou des règles
musicales ou stylistiques. La musique est le miroir du
monde - et le monde est vivant, excessivement varié
en couleurs et en humeurs : joie, orgueil, drame, philosophie.
Je ne m'en distingue pas consciemment - mais peut-être
le public ou les autres musiciens pourront-ils trancher
sur cette question. Je ne puis voir mon ombre !
Quant à mon répertoire, mes compositeurs
favoris, qui figurent au premier rang de mes programmes
: Bach, Mozart, Schubert, Schumann, Brahms, Debussy, et
les russes n'arrivent qu'ensuite. Je n'ai donc de ce point
de vue aucune volonté délibérée
de me proclamer membre de l'école russe
Que représente pour vous cette école
russe, justement ? Point de vue de l'histoire de la musique,
ou de la scène musicale aujourd'hui ?
Je ne pose pas ces questions-là. Pour un artiste,
il est dangereux de s'interroger sur son rôle dans
la société ou dans l'histoire. Je me refuse
d'y penser car ça n'est pas mon affaire. Je pars
d'un principe simple : mon amour pour la musique. J'essaie
juste de faire mon travail. Ce genre de considérations
concerne davantage le public et les futures générations.
Que représente pour vous la pédagogie ?
Que recherchez-vous chez un élève que vous
prenez sous votre aile ? Qu'avez-vous à cur
de cultiver chez l'un de vos disciples ?
Ce que je recherche le plus, c'est sans doute l'équilibre
entre l'amour de la musique et l'intelligence. L'intelligence
est un atout important : certains artistes moins doués
techniquement ont ainsi laissé une empreinte plus
forte que d'autres, relativement moins intelligents, qui
n'auraient compté que sur leurs talents sans faire
appel à la réflexion ou à l'autocritique.
Certes, on a connu quelques artistes d'une immense envergure
qui n'ont compté que sur leur intuition. Horowitz,
par exemple, qui est pour moi colossal et fantastique,
mais dont les interprétation de Scarlatti sont
contraires à tout ce que l'on sait du style baroque
- c'est l'interprétation du génie. Mais
ça reste une exception.
Au travers de mon enseignement, je veux, en plus du bagage
technique, transmettre les clefs de la compréhension
musicale. Lorsque l'élève prend sa liberté,
il faut qu'il soit autonome et qu'il ait à sa disposition
tous les outils nécessaires pour faire ses choix
en toute intelligence, en toute connaissance. Une liberté
rationnelle.
Ce qui me fait le plus plaisir, c'est d'entendre certains
commentaires de la part de mes collègues concernant
mes anciens élèves. La plupart s'étonnent
que chacun d'eux joue d'une manière très
différente. En dépit de (ou grâce
à ?) ma très forte personnalité,
qui devrait en toute logique laisser sur eux une marque
indélébile. Je ne les ai aucunement bridés,
ou orientés. Il est très important qu'un
musicien sache garder sa personnalité propre, et
ne soit pas une copie conforme de son professeur. Un artiste
à part entière.
Avez-vous le sentiment de pérenniser l'école
russe au travers de votre enseignement ?
Je n'ose pas répondre à cette question.
Mon affaire est plus que modeste. Je fais ce que mon devoir
musical m'impose. Si vous considérez que je fais
partie de l'école russe et que je la pérennise,
très bien.
Pourquoi avoir choisi ces musiciens pour vous entourer
aujourd'hui ?
Que voyez-vous en chacun d'eux ? Quelles sont leurs voix
propres ?
Ce sont à la fois des amis et des élèves.
Je les ai choisi parmi la jeune génération
- ils ont tous entre 25 et 40 ans -, et j'ai voulu des
artistes d'horizons diverses et aux personnalités
très marquées.
Né en URSS, et actuellement en poste à l'Université
du Kansas, Stanislav Ioudenitch est un pianiste
singulier, doté d'une sensibilité musicale
très originale. Il a un son propre, et une vision
musicale d'une haute expressivité. Il y a quelques
années de cela, Daniel Barenboïm m'a dit à
son propos qu'il entendait dans son jeu un caractère
électrique qui le faisait penser à Vladimir
Horowitz. Claudio Martínez-Mehner a longtemps été
mon assistant à l'école Reine Sophie à
Madrid. C'est un musicien aux connaissances encyclopédiques,
grand interprète de Bach et de la musique moderne.
D'où la présence de Bach et de Ligeti à
son programme. David
Kadouch est un jeune pianiste français,
qui a récemment emporté une Victoire de
la musique. C'est, là encore, une personnalité
forte, qui ne laisse jamais son public indifférent.
Son son et son jeu sont toujours très intenses.
Il donne une vision radicalement nouvelle des uvres
qu'il joue, sans rien d'aseptisé.
La bulgare Plamena Mangova, qui a remporté
le prix Reine Elizabeth il y a quelques années,
est capable de jouer, avec le même souffle, les
viennois du XIXème et la musique moderne. Elle
est particulièrement inventive dans la musique
romantique. Víctor et Luis del Valle sont frères.
C'est moi qui leur ai conseillé de jouer en duo.
Et ils forment un duo de pianos animé et inspiré,
qui sait à merveille mettre en valeur les contrastes
expressifs, dans tous les répertoires qu'ils abordent.
Quelle relation entretenez-vous avec la France, avec
Paris, et avec la musique française ?
La France occupe une place très importante dans
mon cur et dans ma vie. C'est en France que tout
a commencé véritablement pour moi, grâce
au prix Marguerite Long en 1955. La France a ainsi accueilli
mes débuts de pianiste concertiste - je garde d'ailleurs
toujours de Marguerite Long une photo ainsi dédicacée
: " Pour un pianiste brillant, Dimitri Bashkirov,
mon premier grand prix ". J'ai donné en France
quelques master class et j'y ai joué dans divers
festivals, dont celui de Sviatoslav Richter, à
la Grange de Meslay. Je compte parmi mes amis des musiciens
comme Bruno Rigutto, Jacques Roubier, Michel Béroff.
Ma relation est donc assez étroite avec la scène
française aujourd'hui.
Quant à la musique française, Debussy occupe
une place centrale dans mon répertoire. De même
que Ravel et son Concerto pour la main gauche.
La soirée surprise ?
Dans la première partie, Stanislav Ioudenitch nous
jouera quelque chose. Puis, dans la deuxième partie,
qui durera une heure environ, tous les participants joueront
un petit quelque chose.
Les choses les plus drôles se dérouleront
sans doute avant le concert, avec une projection de photos,
qui sera une forme de rétrospective sur ma vie,
de ma plus tendre enfance jusqu'à ce jour.
David Kadouch parlant de son maître Bashkirov:
«C'était un rêve de pouvoir étudier
avec lui. C'est en effet un professeur fascinant. Il est avant
tout mon mentor, celui que j'appelle avant et après mes
concerts, celui qui me guide dans mon travail et mes choix de
carrière. C'est un grand pédagogue et un homme que
je respecte et aime profondément."
Le concert d'ouverture sera dimanche 11h avec Plamena Mangovaet les Frères del Valle, puis le 2nd concert aura
lieu dimanche 18h avec Claudio Martinez-Mehner et David Kadouch.
Enfin lundi à 20h30, le concert de clôture promet
un grand moment car Bashkirov témoignera de sa vie
musicale avec un diaporama de photos historiques et des commentaires
traduits en simultané, il jouera quelques pièces
aussi. Puis Stanislav Ioudenitch, 1er Prix Van Cliburn
2001, et tous ses disciples lui rendront hommage par un concert
foisonnant.
Si vous êtes intéressé par la pédagogie,
rejoignez la Masterclass de Dimitri Bashkirov avec quelques
étudiants sélectionnés du CNSDMP qui aura
lieu
au Théâtre des Bouffes du Nord le dimanche 21 novembre
entre 14h et 17h (3 autres cours d'1h) Lorenda Ramou : 1ère année de doctorat d'interprète
(3e cycle) Nathanaël Gouin : master 2 (2e cyle) dans la classe
de Michel Béroff Guillaume
Vincent: DAI (diplôme d'artiste interprète
- 3e cycle)
Un concert pédagogique avec tous les artistes en présence
de Bashkirov sera proposé lundi 22 novembre à 14h
aux Bouffes du Nord pour quelques centaines d'enfants de 6 à
10 ans de quelques écoles élémentaires enthousiastes
de cette opération portes ouvertes du Théâtre
de Peter Brook (qui met en scène actuellement sa version
d'"Une Flûte Enchantée").
Contactez les Bouffes du Nord pour réserver vos places:
tel 01 46 07 34 50
Programme détaillé et réservation en ligne
sur www.bouffesdunord.com
A voir Trois vidéos :
Dimitry Bashkirov - Floods of Spring - Rachmaninoff-Wild and
Waltz Op. 34 No. 2 in A minor -Chopin - International Keyboard
Institute & Festival 2005.
Dimitri Bashkirov Masterclass - IKIF 2005
et Arcadia Band Project : Chopin, chamber version
with the support of Maestro Bashkirov- trailer