Concerto pour piano, trompette et orchestre à cordes
n°1 opus 35
Vingt quatre préludes Op. 34
Concerto pour piano et orchestre n°2 opus 102
Lahti Symphony Orchestra, Okko Kamu direction
Andrei Korobeinikov, piano
Mikhail Gaiduk, trompette
Ce disque qui parait chez le label Mirare est un excellent préambule
à la Folle
journée de Nantes qui cette année est consacrée
aux compositeurs russes. Un article paru dans Ouest France hier
annonce que "11 350 billets ont été vendus
en ce premier week-end douverture de la Folle Journée.
Consacrée au Sacre russe, elle aura lieu du 1er au 5 février
à Nantes. La moitié des concerts sont déjà
complets. Confirmation de ce démarrage sur les chapeaux
de roue du côté de lorganisation : «
Il est plus fort que dhabitude. Le public a plus que jamais
témoigné sa confiance à La Folle Journée
» Parmi les billets qui se sont arrachés dès
les premières heures : les concertos pour piano, pour violon
et pour violoncelle de Chostakovitch."... Sans doute
ne faut-il pas s'étonner de l'engouement plus particulier
pour les oeuvres de Chostakovitch
car Dimitri Chostakovitch ou Shostakovitch(1906-1975) est précisément
le musicien le plus célèbre d'URSS selon Bertrand
Dermoncourt qui lui a consacré en 2006 une intéressante
biographie , il compare ce compositeur à Beethoven dans
la mesure où ils partageaient la même vision de la
musique et et lui assignait le même dessein d'être
le véhicule d'un message humaniste.
Certes les compositions pour piano ne tiennent qu'une place secondaire
dans l'oeuvre de Chostakovitch et les trois oeuvres enregistrées
sur ce disque en constituent une bonne partie. Elles sont aussi
représentatives de l'évolution de son oeuvre puisque
25 ans séparent le premier concerto et les préludes
du second concerto et " la distance est bien plus grande
entre le jeune Chostakovitch qui vient de se marier et vit dans
l'euphorie de succès presque ininterrompus et compositeur
de 50 ans qui a connu les épreuves de deux condamnations
officielles, des années de guerre et sur le plan personnel,
plusieurs échecs amoureux, conjugaux ou non" indique
Frans C.Lemaire auteur du livret et également de plusieurs
livres sur la musique russe du 20è siècle, et qui
relève aussi notamment dans les 24 préludes une
similitude avec la musique de Beethoven : "On est tenté
de rapprocher les 24 préludes op.34 des Visions fugitives
op.22 composées exactement au même âge par
Prokofiev mais leur univers psychologique et esthétique
restent foncièrement différents. Curieusement c'est
par la gravité que se distinguent fréquemment les
24 préludes. Parcourant les 24 tonalités dans l'ordre
des quintes ascendantes, ils paraissent nettement moins "fugitifs",
plusieurs d'entre eux dépassant même les trois minutes.
D'autres en revanche ne durent qu'une demi minute et sont plutôt
des esquisses d'idées jetées rapidement sur le papier
(l'ensemble fut composé en deux mois)comme chez Beethoven,
rien n'est indifférent." Cette oeuvre a eu un
tel succès qu'elle a été transcrite pour
nombreux autres instruments, en totalité ou partiellement
mais selon l'auteur du livret c'est l'exécution du cycle
complet au piano qui lui rend le mieux justice.
C'est seulement quatre jours après avoir composé
ce cycle que Chostakovitch commença l'écriture de
son premier concerto op.35 ..." L'aspect ludique si fréquent
chez le jeune compositeur reprend ici tous ses droits, ce que
la trompette ne manque pas d'illustrer avec éclat.
" indique l'auteur du livret qui cette fois fait un rapprochement
de ce 1er concerto avec le 2ème concerto de Prokofiev ou
le 3ème de Rachmaninov...mais il peut aussi faire penser
au concerto en sol de Ravel écrit trois ans plus tôt
et comme lui il s'inspire aussi du jazz.
Le second concerto pour piano a été composé
en 1957 par Dimitri Chostakovitch pour le dix-neuvième
anniversaire de son fils Maxime qui le créa effectivement
à cette date à Moscou. Il parait que ce concerto,
qui est la dernière oeuvre composée par Chostakovitch
pour le piano ne lui plaisait pas beaucoup, le compositeur ayant
affirmé qu'il n'y avait "définitivement
aucun mérite artistique" et Bertrand Dermoncourt,
cité plus haut, trouve effectivement que " Cette
oeuvre au motorisme factice souffre, malgré la belle mélodie
de son mouvement central, d'un manque flagrant d'inspiration"
quant à l'auteur du livret Frans C. Lemaire il indique
notamment au sujet de ce mouvement lent "Après
une longue introduction aux cordes, le piano déploie un
large thème descendant que Chopin n'aurait malgré
une découpe un peu classique.[...]Il est difficile
de ne pas voir dans ces déploiements mélodiques
un lyrisme amoureux qu'on ne retrouvera plus jamais chez Chostakovitch
par la suite". Mais ce sont en fait les deux mouvements
les plus rapides, très entraînants qui sont les plus
intéressants, plus particulièrement le premier,
que vous pourrez écouter plus bas dans cette page... un
mouvement au caractère optimiste fort plaisant et surprenant
alors que précisément le compositeur traversait
une période marquée par les épreuves et les
déceptions. L'orchestre symphonique de Lahti qui
a pu être qualifier de "Miracle dans une petite
ville" et le pianiste Andrei Korobeinikov en sont
d'excellents défenseurs en offrant une interprétation
particulièrement réjouissante avec un rythme fort
bien mené et ils feront ensemble encore des miracles à
Nantes puisqu'ils le joueront une nouvelle fois à la Folle
journée.
Andrei
Korobeinikov piano
Né à Moscou en 1986, ce jeune pianiste s'est aujourd'hui
produit dans 21 pays et a remporté 21 prix de concours
nationaux et internationaux, parmi lesquels le Premier Prix du
Concours international Scriabine en 2004, et le Deuxième
Prix au Concours Rachmaninov de Los Angeles en 2005 pour lequel
il reçoit également le prix du public. Sorti à
seulement 19 ans du Conservatoire de Moscou avec la distinction
spéciale du Meilleur musicien de la décennie.
En 2005 il poursuit des études au Royal College of Music
de Londres, grâce à une bourse de G. et J. Simmonds
Scholarship.
Il a fait en 2006 ses débuts en France, au Festival International
de Piano de La Roque d'Anthéron, puis aux Folles Journées
de Nantes, Tokyo et Rio de Janeiro. En janvier 2007, il s'est
pour la première fois produit à Londres, sous la
baguette de Vladimir Ashkenazy, dans le Deuxième Concerto
de Rachmaninov.
Andrei Korobeinikov est aujourd'hui régulièrement
invité à travers le monde : Théâtre
des Champs Elysées de Paris, festival Radio France de Montpellier,
festival international de piano de la Roque d'Anthéron
, Festival de la Folle journée de Nantes et de Tokyo, Auditorium
du Louvre à Paris,Wigmore Hall de Londres, Festival De
Gastaad, Grande salle Tchaïkovski de Moscou, Washington Performing
Arts Center, Tokyo Suntory Hall, Philharmonie de Saint Pétersbourg...
Andrei Korobeinikov se présente également en musique
de chambre avec des musiciens de renoms tels que Henri Demaquette,
Boris Berezovsky, Dmitri Makthin, Alexandre Kniazev...
Parallèlement à sa carrière de pianiste,
Andreï Korobeinikov a entrepris très jeune des études
de droit : entré à 12 ans à l'Université
Européenne de Droit de Moscou et titulaire d'un diplôme
d'avocat, il a publié à ce jour, en plusieurs langues,
un certain nombre d'ouvrages juridiques se rapportant notamment
au droit de la propriété intellectuelle.
Ces dernières années il a développé
une vrai passion pour la composition et a présenté
ses oeuvres dans plusieurs récitals. En 2008 il enregistre
un CD Mirare consacré à Scriabine (voir
ici) qui a remporté un très grand succès.
Un disque dédié aux sonates et Bagatelles de Beethoven
est également sorti début 2009 toujours chez le
label Mirare.
Pour écouter
Dimitri Chostakovich Concerto pour piano
et orchestre n°2 opus 102 Lahti Symphony Orchestra,
Okko Kamu direction
Andrei Korobeinikov, piano avec l'aimable autorisation
du label Mirare
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