Quintette et trio avec piano JEROME DUCROS

JEROME DUCROS

Quintette pour piano et cordes
Trio pour violon, violoncelle et piano

Sergey Malov, violon1
Mi-Sa Yang, violon 2
Gérard Caussé, alto
Jérôme Pernoo, violoncelle
Jérôme Ducros, piano et compositions

Peut-être avez-vous connaissance du débat qui met actuellement, et en fait depuis plusieurs décennies, en opposition, parfois violente, les compositeurs actuels. En très bref ceux qui considèrent que ne peut-être nouveau et "contemporain" que la musique atonale, et les adeptes du langage musical traditionnel tonal ... Le pianiste Jérôme Ducros, pour qui le parcours de compositeur est lié depuis toujours à celui d'être pianiste, et qui a récemment tenu une conférence au Collège de France sur la musique à l'origine de nouvelles controverses, est un des défenseurs de la musique tonale, son langage naturel.
Il n'est pas question ici de se positionner ou de relancer le débat, qui vu de l'extérieur semble de toutes façons sans fin envisageable, mais juste de présenter son nouveau disque, à l'occasion duquel il a bien voulu répondre à de nouvelles questions.
Ce disque de Jérôme Ducros est donc nouveau à plus d'un titre puisque les oeuvres qu'il interprète, avec quatre, puis deux musiciens d'instruments à cordes, sont ses propres compositions respectivement écrites en 2009 et 2007, et c'est ici un premier enregistrement mondial. Un enregistrement qu'il a réalisé sur l'incitation de quelques amis musiciens qui partagent avec lui ce goût pour la musique tonale.
Jérôme Ducros aime particulièrement la musique de chambre, ainsi nous avions pu le découvrir précédemment à l'occasion de la sortie d'un disque d'oeuvres de Beethoven, avec le violoncelliste Jérôme Pernoo, également sur cet enregistrement, et ce sont aussi des compositions pour piano et instruments à cordes qu'il a privilégiées... Instruments à cordes qui souvent chantent d'une seule voix même quand ils sont quatre dans le quintette, ce qui n'exclut pas quelques solos de chacun.
Dans le livret qui accompagne le disque Jérôme Ducros qui explique les circonstances dans lesquelles il a composé le Trio, suite à une commande Des "Rencontres Musicales Annick Gautier", et le Quintette pour piano et cordes , sur la commande de la pianiste Karine Sélo , commente uniquement la structure musicale de ses oeuvres, commentaire technique plus destiné aux musiciens que simples auditeurs... et ses réponses aux questions ci-dessous permettent d'en savoir un peu plus sur son inspiration et sa façon de travailler (à lire ci-dessous) mais force est de constater que celles-ci laissent libre court à l'imagination de chacun. A chacun donc d'imaginer les scènes d'opéra derrière cette musique très lyrique qui de toutes façons n'a pas besoin d'amples explications pour émouvoir.
Des scènes au décor du vingt-et-unième siècle ne sont nullement exclues par l'originalité de certains rythmes vifs, souvent plus tourmentés ou déterminés qu'allègres, rythmes mécaniques ou robotiques, que l'on retrouve dans les deux oeuvres que ceux-ci soient amenés progressivement ou attaquent d'emblée au début de l'oeuvre.
Oui libre court à l'imagination dans chacune des oeuvres où alternent multiples atmosphères apportées par un flot musical continu, que ce soit le Quintette d'un seul mouvement et d'une vingtaine de minutes, ou le Trio en trois mouvements d'une quarantaine de minutes. Au delà d'un opéra c'est aussi parfois un ballet moderne qui se déroule avec cette rythmique originale très prenante qui revient régulièrement dans chacune des deux oeuvres comme une agitation quotidienne répétitive à laquelle on ne peut échapper... De beaux espaces poétiques et nostalgiques naissent entre temps mais les deux oeuvres se terminent dans une agitation généralisée malgré ces divers instants d'élans passionnels, de calme et rêveries en aparté. Vous pourrez (re)découvrir plus bas dans cette page une vidéo du second mouvement du Trio enregistré en 2007 dont la qualité sonore et d'interprétation est forcément différente cependant de celle du disque enregistré début 2012 mais vous permettra déjà d'apprécier les qualités de l'oeuvre ainsi que des interprètes, ainsi que la récente vidéo de présentation du disque du label DECCA.
Enfin si vous êtes à Paris sachez que Jérôme Ducros et les quatre musiciens de ce disque ainsi que d'autres donneront un concert ce soir-même : 12 juin 2013 salle Gaveau à Paris et qu'une autre oeuvre du pianiste compositeur y sera créée. Un événement à ne pas manquer !
Je ne reviendrai pas sur le débat sur la musique moderne sur laquelle vous vous êtes déjà exprimé sur mon site internet à moins que vous n’ayez quelque chose à ajouter car j’ai l’impression que ce débat s’est endurci dernièrement …
Je m’exprimerai sur la question quand la tempête se sera calmée, ce qui n’est pas encore le cas puisque la sortie de ce disque tend à la raviver. « On ne questionne pas un homme ému », écrit René Char : je suis trop directement concerné par la violence et l’ampleur des attaques pour y répondre comme il se doit, c’est-à-dire sereinement. Imaginez un instant que je reprenne le « débat » là où il en est arrivé : « Idiot vous-même, aigri vous-même, nazi vous-même ! », ça aurait de la tenue… Je n’ai jamais formulé une seule attaque personnelle à l’encontre de quiconque, et ce n’est pas maintenant que je vais m’y mettre.
La seule chose que je puisse dire à l’heure qu’il est, c’est que cette polémique dépasse de très loin ma conférence, ma musique et ma petite personne. Qui pourrait croire que je suis assez dangereux pour mériter que les plus grandes sommités du milieu se mettent en quatre pour me faire taire ?! Sérieusement, personne. Cette affaire nous parle en réalité de problèmes plus profonds, qu’il conviendra d’analyser en temps voulu, avec le recul nécessaire.  
Dans votre livret vous vous exprimez sur la forme de vos œuvres et leur thème musical mais pas leur thème d’inspiration certes votre musique est expressive, et l’on sait que vous les avez créé suite à des commandes mais peut-on savoir précisément quelles sont vos sources d’inspiration tant pour le quintette que le trio ?
Si je n’ai écrit que sur les aspects techniques de mes compositions, c’est que les autres sont à peu près impossibles à décrire. Je fais feu de tout bois, et mes sources d’inspiration sont très diverses. Toute musique qui me transporte est certainement présente dans un coin de mes oreilles au moment où j’écris. Mais cela fait du monde ! Bach, Mozart, Beethoven, Schubert, Schumann, Chopin, Brahms, Wagner, Puccini, Prokofiev, Strauss, Messiaen… Et tant d’autres. S’il fallait une idée plus précise, un fil conducteur à mes inspirations musicales, ce serait sans doute la voix : la musique vocale en général, et l’opéra en particulier.
Quelles sont pour vous les meilleures conditions pour être inspiré... sur commande ?
L’inspiration sur commande : l’oxymore résume bien le problème du créateur… L’inspiration et la commande tombent toutes les deux du ciel, mais pas forcément au même moment ! En réalité le processus d’écriture n’est pas à chaque instant conditionné à l’inspiration du moment, heureusement. L’inspiration arrive sous forme de petites décharges, entre lesquelles intervient une forme plus technique de l’écriture, dont on ne peut pas non plus se passer.
Composez-vous parfois ou souvent sans commande ?
Je l’ai beaucoup fait quand je cachais mes activités de compositeur, j’écrivais sans but, ce qui est noble et qu’on devrait toujours pouvoir faire. Mais malheureusement, je ne peux plus me le permettre, faute de temps. Cela dit, j’ai toujours du papier à musique sous la main, sur lequel j’écris même quand je n’ai pas de commande en cours. Ce sont des carnets de croquis en quelque sorte. J’y jette des idées musicales qui peuvent servir par la suite (parfois des années après !).
Comment avez-vous travaillé pour réaliser ces deux œuvres ?
Dès lors que j’ai quelques éléments musicaux, même très peu, je commence très tôt à travailler sur la forme, c’est-à-dire la structure, la colonne vertébrale de l’œuvre. C’est pour moi l’étape la plus décisive dans l’élaboration. La physionomie du morceau se décide à ce moment-là. Puis j’entreprends un canevas (dans le jargon des compositeurs on dit un « monstre »), c’est-à-dire une notation télégraphique du déroulé de l’œuvre, sur quelques portées, ce qui permet un temps d’écriture plus court et donc plus proche du temps réel que l’écriture au propre. Enfin, je m’attelle à la rédaction proprement dite, exercice bien entendu d’autant plus long qu’il y a plus d’instruments.
Dans quelles circonstances ce disque a pu naître et comment avez-vous choisi les musiciens qui jouent vos œuvres avec vous ?
J’avais déjà longuement hésité avant de programmer ma musique au concert, j’ai ensuite hésité avant d’accepter de l’enregistrer… Mais l’idée a fini par s’imposer assez naturellement. Il faut dire qu’on avait joué ces deux œuvres un certain nombre de fois, et que j’étais encouragé par des musiciens pour qui j’ai beaucoup d’estime. Jérôme Pernoo, partenaire de longue date, a été un des premiers à jouer ma musique, à l’époque où je ne souhaitais pas la rendre publique. Nous la jouions donc sous forme de bis, ainsi elle ne figurait pas au programme ! Gérard Caussé, partenaire magnifique, a tenu la partie d’alto du Quintette une des premières fois où on l’a joué, ce qui fut pour moi un immense honneur, et il m’a fait l’amitié, depuis, de défendre ma musique à plusieurs reprises. Mi-Sa Yang, dernière venue dans cette équipe, s’y est intégrée magnifiquement, en très grande musicienne et chambriste qu’elle est. Quant à Sergey Malov, c’est avec lui que nous avons créé, puis repris plusieurs fois le Trio. C’est un violoniste que j’apprécie particulièrement. Je les remercie tous de s’être prêtés au jeu de l’enregistrement, je suis très flatté d’être défendu par une si belle équipe.
Combien de compositions avez-vous réalisées et sont-elles toutes avec un piano ?
Très peu ! Je tâche de trouver le temps entre les concerts, mais il est assez difficile de mener de front deux activités aussi chronophages, chacune à sa façon. Le temps de travail pianistique est plus prévisible, plus logique d’une certaine façon, que le temps de la composition, où je peux passer cinq jours sans écrire une note, et soudainement en une heure être très productif ! Pour répondre à votre question, je dois avoir un peu moins de dix œuvres que je considère comme publiables, (je ne compte pas mes nombreuses compositions de jeunesse). Et il y a un piano dans l’immense majorité d’entre elles. Non pas que je ne puisse pas m’en passer, mais les circonstances ont presque toujours fait qu’il devait y en avoir un !
Qu’aimez-vous le plus : interpréter ou composer ?
Il m’est absolument impossible de répondre, je n’ai jamais dissocié les deux. Quand je m’essayais au piano avant même mes premiers cours, c’était à moitié pour essayer de reproduire des morceaux que j’avais entendus (interprétation), à moitié pour essayer d’inventer les miens (composition).
Aujourd’hui, quand j’interprète, j’essaie de me nourrir de mon expérience de compositeur, et quand je compose, de mon expérience d’interprète.
Et comment voyez-vous vos prochaines années ?
Je n’ai pas de plan à long terme, je n’ai jamais été capable d’en avoir. Je crois aux rencontres, au hasard, aux circonstances… Nous verrons bien. Je ne sais notamment pas si la tempête au cœur de laquelle je me trouve aujourd’hui aura une incidence profonde sur mon évolution (avec sensation rétrospective d’un avant et d’un après), ou si le temps qui passe en relativisera ou en effacera définitivement l’impact.
Avez-vous des projets de nouvelles compositions en cours ?
Je viens de terminer une Fantaisie pour violoncelle et piano que nous créons salle Gaveau ce 12 juin avec Jérôme Pernoo, puis, pour le Festival Les Vacances de Monsieur Haydn à La Roche Posay en septembre, je dois écrire une pièce pour voix, clarinette, violoncelle….et toujours piano !
Quels sont vos prochains concerts où vous jouerez vos propres compositions ( et autres concerts ) ?
Pour mes propres compositions : le 12 juin salle Gaveau à Paris, du 13 au 15 septembre à La Roche Posay.
Pour les concerts à venir : le 29 juin avec Jérôme Pernoo pour les Concerts de Poche, en région parisienne ; le 5 juillet aux Ormes ; le 6 juillet à Morges (Suisse) ; le 21 juillet à Guidel ; le 22 juillet à Royan ; le 23 juillet à La Roque d’Anthéron ; le 24 juillet à Saint-Paul de Vence. voir : OFF CLASSIQUE - Jérôme Ducros "En aparté"

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OFF CLASSIQUE - Jérôme Ducros "En aparté"
A voir Jérôme DUCROS : Piano Trio, second mouvement
Sergey Malov, violon
Jérôme Pernoo, violoncelle
Jérôme Ducros, piano
festival "Les vacances de Monsieur Haydn", La Roche Posay, septembre 2007

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