Le pianiste Pascal Pistone seul et avec Clémence Savelli PIANO
VOIX
D'Est
en Ouest
Douze préludes de Pretor Part
Profondeurs de Pascal Pistone
Latence de Pascal Pistone
Mélologue II de Pascal Pistone
Rhapsody in Blue de George Gershwin
Pascal Pistone, piano
Compositeur, directeur d'orchestre, enseignant et musicologue, Pascal
Pistone a une double actualité puisque sort sous son label Arte
Viva deux disques permettant de découvrir ce musicien sous deux
de ses activités : la composition avec ce disque piano : "D'Est
en Ouest" (son premier disque seul où il récite également
deux textes) et pianiste accompagnateur ainsi que directeur artistique
de la chanteuse Clémence Savelli qui a déjà
réalisé plusieurs enregistrements avec lui. Deux enregistrements
tout à fait en correspondance avec son activité d'enseignant
aussi puisque Pascal Pistone est également docteur en Musicologie,
professeur agrégé, auteur de divers écrits sur
les oeuvres du XXe siècle, il est actuellement maître de
conférence à luniversité de Bordeaux 3, dont
il dirige la filière Musique depuis 2006. Il enseigne également
lanalyse et limprovisation au CEFEDEM Aquitaine... Parmi
ses multiples activités l'accompagnement de films muets a aussi
une grande place et vous pourrez voir plus bas dans cette page un court-métrage
de Pascal Pistone et Clémence Savelli THE LITTLE PIANIST (l'histoire
d'un bébé prodige) à partir d'improvisations sur
les "Etudes" de Chopin réalisé en 2011.
Pour le disque "D'Est en Ouest " Pascal Pistone a
pris le parti d'utiliser ses propres compositions écrites vers
la fin des années 90 pour tenter de tisser un lien subtil entre
deux compositeurs dont l'un est célèbre et né de
parents russes mais à vécu aux Etats-Unis : George Gershwin
et un compositeur qui tient à rester plus que discret : "mystérieux"...
dont l'on saura juste qu'il est né en Sibérie dans les
années 1920 et toujours en vie, qu'il est également plasticien
et qu'il est "l'artiste européen par excellence"
parlant également le hongrois, l'allemand, l'anglais, l'espagnol,
l'italien et le français. Artiste Européen certes mais
sa musique est quant à elle influencée par la musique
modale répétitive telle quelle est pratiquée, précisément
à l'Ouest aux Etats Unis par John Cage mais aussi pour revenir
en Europe par Arvo Pärt cependant Pretor Part n'a aucun lien avec
ce compositeur ainsi l'indique Pascal Pistone qui a bien voulu répondre
à quelques questions mais sans élucider le mystère,
notamment revenir sur le style propre à Pretor Part : dont la
musique est désignée comme "Hi-Sense Music"
une musique sur laquelle il est à la fois possible de danser,
méditer et d'apprécier les performances techniques des
interprètes est-il expliqué dans le livret.
Vous pourrez en écouter deux beaux extraits : "Jardin"
et "Mémoriel". En écoute également
découvrez "Les profondeurs " , une composition
de Pascal Pistone qui évoque la mer, inspirée par un sombre
extrait du "Pèlerinage de Childe Harold" de
Lord Byron qui débute ainsi : " Roule Océan bleu
profond et sombre, Roule toujours, 10 000 flottes passent en vain
sur toi, L'homme marque la terre de ses ruines, son pouvoir s'arrête
avec le rivage, sur la plaine humide les nauffrages sont toutes ton
oeuvre et il ne reste du ravage de l'homme que l'ombre du ravage de
la sienne..."
Un texte pas si éloignée de ceux de la chanteuse Clémence
Savelli qui précisément regarde la mer sur la photographie
qui illustre son disque et dont les propres mots de sa chanson "
Je chante" définissent parfaitement son style en
voici le début : " Je chante des histoires de crapauds
qui dorment au fond des bois, Je chante le monde, ses cons et ses mauvais
choix, Je chante la terre, les silences qui pleurent au vent, je chante
le noir , je chante l'absent, Je chante le temps qui passe, je chante
les jours d'espoir, Je chante la marée basse et je chante, je
chante "... un texte qui n'est pas sans faire penser à
une autre chanson d'un autre temps, qui peut paraître plus gaie
par sa musique et son refrain mais à l'humour fort noir si l'on
en lit bien tout le texte : "Je chante" de Charles
Trénet ... Effectivement les textes de Clémence Savelli
sont noirs et ils sont d'autant plus émouvants car sans détour
même si elles sont parfois ironiques, un appel très direct,
ainsi que le suggère le titre, qui lui rappelle le titre d'un
célèbre et sombre tableau d'Edvard Munch : "Le
cri"... un disque chargé d'émotions fortes et
sincères, touchantes aussi parce que propres à notre époque,
un disque qui a reçu déjà à juste titre
nombreux éloges... A voir plus bas dans cette page un clip de
ce disque : "Novembre" où vous pourrez également
de la grande qualité de l'accompagnement au piano de Pascal Pistone.
A noter que dans nombreuses chansons le violoncelliste Alexandre Peronny
apporte une belle couleur nostalgique ainsi que parfois le Choeur de
l'université de Bordeaux qui ajoute aussi une couleur dramatique
très prenante.
Sur
votre site internet on peut voir que vous êtes : compositeur,directeur
d'orchestre, enseignant et musicologue comment conjuguez-vous toutes
ces activités et plus particulièrement comment se répartissent-elles
en 2012 ?
La direction d'orchestre, l'interprétation pianistique, la
production discographique, la production de spectacles, ou encore la
gestion de lieux de concerts sont des domaines parallèles qui
à la fois permettent à un compositeur d'accroître
ses possibilités d'être joué , mais qui lui prennent
également beaucoup de temps sur son activité de création;
c'est là tout le paradoxe. Mon métier d'enseignant-chercheur
à l'université et notamment mon intérêt pour
la pédagogie viennent compléter l'ensemble de ces activités.
J'apprends beaucoup de l'ensemble de ces expériences, même
s'il est parfois difficile de concilier le tout; j'ai mis par exemple
en suspens depuis plusieurs années ma passion pour la direction
d'orchestre.
Un de mes principaux projets pour 2012 concerne la création d'un
tout nouveau cursus consacré à la Chanson française,
au sein de la filière Musique de l'université de Bordeaux
3 (filière que je dirige depuis quelques années). Il s'agit
d'une Licence spécialisée (sur trois années) intitulée
"Chanson d'expression française, jazz et musiques actuelles",
licence qui fera la part belle à la chanson à texte. Cette
filière sélective (entrée sur dossier + concours)
débutera en septembre 2012 et souhaite intégrer des musiciens
ayant déjà un peu d'expérience dans le domaine
de la création, l'arrangement ou l'interprétation (21
étudiants seront admis cette année). Il s'agit en effet
d'un cursus particulièrement innovant au sein d'une université
française; il s'adresse par conséquent à des étudiants
issus de la France entière (ainsi qu'aux étudiants étrangers
qui le souhaitent). Toutes les infos sont d'ailleurs disponibles sur
www.bordarts.com
Votre disque contient des oeuvres de Pretor
Part, un compositeur mystérieux expliquez-vous, quand et comment
avez vous découvert ce compositeur et de qui est-il connu ? aurait-il
un lien quelconque avec Arvo Pärt quoique l'orthographe est un
peu différente ?
Pretor Part n'a aucun lien avec le compositeur estonien Arvo Pärt
(qui s'écrit, lui, avec des trémas). Pretor Part est un
artiste qui cultive un certain mystère, à l'instar d'autres
créateurs du passé (par exemple Giacinto Scelsi). Comme
ce dernier, il ne se laisse jamais photographier et diffuse ses oeuvres
à quelques rares groupes d'interprètes. Je l'ai rencontré
en Sibérie au début des années 90, près
de la ville d'Irkoutsk, au bord du lac Baïkal. Nous nous sommes
croisés quelques fois seulement, mais nous restons en contact.
Je trouve qu'il associe le minimalisme de la musique répétitive
américaine à la poésie et la violence de l'âme
russe d'une façon intéressante.
Est-il toujours en vie puisque né à
la fin des années 20 ?
Il est toujours en vie et ne souhaite toujours pas communiquer son
âge exact.
Vous expliquez que Pretor Part ne s'éloigne
que rarement d'une référence modale qui inspira bon nombre
de compositeurs slaves et que ses recherches musicales l'ont amené
entre autres à élaborer un style de musique qu'il a lui-même
baptisé "Hi-Sense Music" une musique dont vous
dites : " C'est la victoire de l'analogique sur le numérique,
de l'humain sur la machine de technique sur la technologie"
... si deux propositions peuvent s'expliquer par les instruments utilisés
et la technique utilisée en quoi cette musique est-elle "une
victoire de l'humain sur la machine" ?
Plusieurs de ses oeuvres des années 60 et 70 préfigurent
la musique électronique populaire d'aujourd'hui, à ceci
près qu'elles sont écrites pour des instrumentistes virtuoses
jouant sur des instruments acoustiques, parfois transformés par
des procédés électroniques. La virtuosité
- qui s'exerce dans le tempo et les répétitions - reste
liée néanmoins aux performances de l'interprète-humain.
L'opposition évoquée plus haut entre "analogique
et numérique" est plutôt métaphorique.
Les douze préludes existent en version
piano seul (celle de votre disque) , piano et dispositif électroacoustique
, voix-piano) la seconde version peut-elle être quand même
qualifiée de hi sense music ? Pourquoi n'avez vous pas enregistrée
les autres versions, celle-ci est-elle votre préférée ?
J'ai privilégié cette version pour piano seul car j'avais
déjà interprété la version avec voix il
y a deux ans, à Bordeaux, dans le cadre de la production de l'oratorio
Nout de Pretor Part dans lequel il a transcrit plusieurs de ces préludes.
C'est une attitude qui rappelle par exemple Stockhausen qui avait écrit
à la fois une version du Klavierstück XIII pour piano seul
et une version avec voix, intégrée à son opéra
Samstag aus licht. Quant à la version avec dispositif électroacoustique,
elle a été proposée, je crois, à partir
des années 80. J'ai longuement hésité entre cette
version et celle pour piano seul. Désireux de faire surtout la
promotion des oeuvres de ce compositeur, j'ai opté pour la version
piano seul afin de pouvoir inciter un maximum de pianistes classiques
(peut-être effrayés par la complexité des procédés
électroniques) à aborder ce répertoire.
L'on peut voir sur votre site internet que vous
avez composé en 2003 aussi douze préludes, sont-ils inspirés
de ceux-ci ?
Pas vraiment. Ma musique est d'inspiration plus spectrale, ou proche
parfois du théâtre musical contemporain. Les préludes
pour piano constituent un genre extrêmement répandu chez
les compositeurs (Chopin, Debussy, Rachmaninov, Scriabine, Messiaen,
Ohana, etc., ou encore plus récemment Anthony Girard ).
Ce disque contient trois de vos compositions
écrites entre 1988 et 1989, pourquoi les avez vous choisies plutôt
que vos préludes ?
Je souhaitais absolument jouer ces préludes de Pretor Part,
ainsi que la Rhapsody in Blue de Gershwin; l'enregistrement de mes préludes
n'aurait pas tenu sur ce CD. Ce sera pour un prochain disque.
Vous avez choisi d'enregistrer également
Rapsodie in blue de Gerschwinn, au contraire très célèbre
et à l'ouest , pourquoi ce choix ?
Gershwin est un compositeur que j'ai souvent joué, dont j'ai
parfois dirigé les oeuvres; en tant qu'universitaire, je dirige
actuellement le mémoire d'un de mes étudiants, consacré
à la Rhapsody in Blue. Je co-dirige également un thèse
de doctorat sur la musique de film de Bernard Herrmann. Il est vrai
que la musique américaine m'intéresse.
Votre
label sort parallèlement un disque de la chanteuse Clémence
Savelli dont vous avez réalisé la musique d'une partie
des titres de son nouveau disque, dans quelle circonstance s'est réalisé
votre collaboration avec elle et en quoi la composition pour chanson
vous intéresse-t-elle ? Avez vous abandonné la composition
pour piano seul au profit de celle-ci car il n'est pas mentionné
d'oeuvre pour piano parue après 2003 sur votre site internet
?
Dans le domaine de la composition d'oeuvres de musique dite "contemporaine",
le traitement de l'orchestre m'intéresse davantage que l'écriture
pianistique. Ma création pour le piano se limite donc au théâtre
musical, à l'improvisation, à l'accompagnement de films
muets et de chansons françaises. J'ai réalisé 4
albums avec Clémence Savelli, auteur-compositeur-interprète
de chansons à la fois personnelles, engagées et parfois
intimistes. Nous nous sommes dès le début découverts
une passion commune pour les oeuvres de Léo Ferré ou d'Allain
Leprest.
Que pensez vous des textes de Clémence
Savelli, en quoi vous touchent-ils et que privilégiez vous dans
la musique que vous composez pour elle et sachant qu'elle même
je crois compose aussi une partie de la musique, comment partagez vous
ce travail avec elle ?
En dehors de sa création, ce qui me fascine, c'est sa dimension
d'artiste sans concession, qui n'est jamais tentée de céder
aux facilités et aux conventions du show-business. Entre une
création sincère et authentique pour un public très
confidentiel et des effets impersonnels destinés à provoquer
le succès, elle optera toujours pour la première posture;
dans le domaine de la chanson, cette attitude me fascine.
Clémence Savelli compose la plupart de ses musiques (les 2/3
environ). Je compose donc le reste. Quant aux arrangements du piano
pour ses chansons, j'ai tendance à conserver ceux qu'elle propose
pour ses propres musiques, et je choisis surtout de développer
l'arrangement pianistique de mes compositions. Certains de mes thèmes
musicaux utilisés pour son dernier album "Le Cri" utilisent
justement une écriture pianistique empruntée à
Chopin (chanson Trois-huit) ou à Liszt (chanson Il
y a).
Vous donnez également de nombreux récitals
sur les grands classiques du festival muet, et avez réalisé
un court métrage dans cet esprit avec Clémence Savelli
'the little pianiste" que pensez vous des récompenses
obtenus récemment par le film The artist, espérez vous
notamment qu'il relance ce type de films ?
J'ai également réalisé un long-métrage,
Theatrum Mundi (www.theatrum.fr), utilisant plusieurs de mes musiques;
mais il s'agit plutôt d'un film d'auteur.
Concernant les récompenses attribuées au film The Artist,
j'en suis ravi pour Jean Dujardin qui est un acteur réellement
méritant, dans des registres variés. L'Oscar de la meilleure
musique originale attribué à Ludovic Bource (que je ne
connaissais pas) constitue indéniablement une belle revanche
pour cet autodidacte qui ne semble pas avoir suivi de cursus poussé
d'écriture, d'arrangement ou de composition (rappelons que plusieurs
grands compositeurs dans l'histoire de la musique ont également
été des autodidactes), et qui n'avait que peu d'expérience
dans ce domaine, avant The Artist. Néanmoins, je me suis laissé
dire que pour écrire près d'une heure de musique originale
(n'oublions pas que toute la dernière partie du film utilise
la musique de Bernard Herrmann pour le film Sueurs froides d'Alfred
Hitchcock) il avait sollicité l'aide de 3 arrangeurs et de 5
orchestrateurs (qui ne sont pratiquement jamais cités) ! Si cette
information était confirmée, je crois que bon nombre de
compositeurs américains de musiques de film (qui connaissent,
eux, parfaitement le métier - l'arrangement et l'orchestration
font partie du travail de composition) vont l'avoir vraiment très
mauvaise... Je vous rappelle par exemple que Philip Glass (qui a été
plusieurs fois nominé) n'a jamais eu l'Oscar. Je serais assez
déçu que la France perpétue une tradition de compositeurs
de musique de film pistonnés, simples amis du réalisateur
ou du producteur, et qui font travailler en sous-main plusieurs nègres
jamais cités.
Durant mon adolescence, j'ai justement commencé l'orchestration
avec l'un de ces talentueux orchestrateurs et arrangeurs qui ont oeuvré
pour bon nombre de compositeurs sur le devant de la scène. Son
nom est Patrice Sciortino. Je le cite car j'ai appris que l'un des orchestrateurs
du film The Artist, Pierrick Poirier, avait, lui aussi, appris une partie
de son métier avec Patrice Sciortino. C'est pourquoi je lui rends
hommage.
Pour écouter
les extraits du disque de Pascal Pistone, piano cliquez sur le triangle
des lecteur
ci-dessous
Pretor
Part :
Jardin(prélude 5)
Pretor
Part :
Memoriel (prélude 11)
Pascal Pistone
: Profondeurs
et n'oubliez pas de
regarder les vidéos en fin de page...
autres extraits du disque D'est en Ouest
Pascal Pistone, piano
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Pour écouter des extraits du disque Le cir de Clémence
Savelli, voix
Pascal Pistone, piano et direction artistique
Alexandre Peronny, Violoncelle
Choeur de l'université de Bordeaux
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A voir quatre vidéos :
Novembre : chanson de Clémence Savelli
Court-métrage de Pascal Pistone et Clémence
Savelli The little pianist
Un "documentaire" en deux parties sur
le très(trop) mystérieux Pretor Part ;-))
... réalisé par le musicologue ... Pascal Pistone
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