Parhélie
Jean kapsa piano
Antoine Reininger contrebasse
Maxime Fleau batterie
sept lieues sous les mers
gradiva
la visite
filature
risée
greenland road
d'un commun accord
hypnose
meeting again
chili chocolate
Il est de plus en plus fréquent de rencontrer des formations
de jazz sans leader désigné, ce qui s'explique tout
à fait dans ce milieu où l'improvisation tient une
place primordiale, cependant, pour les amateurs de piano, et sans
ôter quelque mérite que ce soit aux deux autres musiciens,
il est intéressant de savoir que c'est le pianiste Jean
Kapsa qui signe ici six des dix compositions, trois autres
étant du contrebassiste Antoine Reininger, dont l'une "Hypnose"
débute par un solo au... piano très prenant (à
écouter plus bas dans un clip), enfin une seule mais particulièrement
réussie par sa rythmique également très prenante
: "risée" est signée par le batteur
Maxime Fleau. Une somme de compositions toutes originales donc
pour ce bel album à l'image floue bleutée dont le
titre Parhélie, explique Jean Kapsa dans l'entretien ci-dessous,
est : "une sorte de métaphore visuelle de ce trio
et de la façon dont nous concevons notre musique. Le soleil,
cette "Sphère" se divisant en trois soleils pour
les trois musiciens. Le halo solaire pourrait être la bulle
dans laquelle nous invitons les gens à nous rejoindre le
temps d'un disque ou d'un concert. La difficulté
d'observer directement le phénomène sans être
ébloui correspond à la part de mystère de
notre musique, à la fois éclatante et floue."
Ce trio, qui a notamment obtenu en 2006 le 1er prix du Tremplin
Jazz d'Ile de France, a d'ailleurs déjà autoproduit
un disque : "Greenland road " paru en 2009(voir
ici) sous le nom de : "Sphère"qui
n'apparait pas sur la pochette de ce disque qui paraît cette
fois chez le label Mélisse, label réputé
notamment pour l'aide qu'il apporte à de jeunes talents
et qui dans cette logique fait le choix tout à fait compréhensible
de valoriser le nom de chaque musicien.
Musiciens c'est d'ailleurs bien le terme générique
que mérite chacun d'entre eux car tous ont joué
plusieurs instruments et leurs intérêts ne se limite
pas au jazz , ainsi Jean Kapsa a d'abord préféré
le cornet à pistons avant d'apprendre le piano vers l'âge
de neuf ans(voir
ici son parcours), pour ce qui concerne Maxime Fléau
celui-ci est principalement batteur mais il joue aussi de la clarinette
basse et chante dans des projets rock, pop et électro.
Quant à Antoine Reininger il a d'abord joué du piano
puis de la guitare et découvrant le jazz il finit par abandonner
la finance(certes ce n'est pas un instrument de musique...) pour
rentrer au conservatoire et étudier la contrebasse classique...(voir
la présentation de ces musiciens plus bas). A eux trois
ils ont donc déjà joué près d'une
dizaine d'instruments dans leur parcours aussi n'est-il pas étonnant
que, leurs oreilles étant sensibilisés à
divers timbres, leur priorité soit le son. Un son magnifié
dans une musique dont les douces mélodies et la rythmique
parfaite très variée, et jamais violente, permet
d'apprécier toute la richesse. Le trio offre ici à
l'auditeur un voyage dans une bulle qui a aussi tout d'un merveilleux
véhicule apte à naviguer tant sous les mers que
dans les airs dans une agréable sensation d'apesanteur
et de liberté, animé par leur mode de jeu qui associe
le groove et précisément la liberté d'improvisation
que les trois "pilotes musiciens" maîtrisent dans
une entente parfaite.
Jean Kapsa a bien voulu répondre à quelques questions
au sujet de ce disque :
Vous
avez enregistré ce disque avec Maxime Fleau et Antoine
Reininger, dans quelles circonstances avez vous créé
ce trio et qu'appréciez-vous particulièrement chez
ces musiciens ? A l'origine votre trio s'appelle Sphère
mais sur le disque Parhélie il n'en est pas fait mention
semble-t-il alors que sur votre site internet vous le mentionnez
, qu'en est-il exactement ?
Ce trio est né au Centre des Musiques Didier Lockwood
il y a quatre ans. Nous avons commencé à jouer des
standards et des reprises, puis petit à petit j'ai amené
des compositions. Nous prenions beaucoup de plaisir à jouer
ensemble. C'est la base de ce trio. Sans nous poser de questions
nous avons continué l'aventure à travers concerts,
répétitions régulières. C'est un groupe
dans lequel il n'y a pas de leader et chacun participe activement
à l'évolution de la musique. Le nom "Sphere"
n'apparait pas sur le disque "Parhélie"
pour des raisons pratiques liées à la communication
autour de l'album, et suite à nos discussions avec le label
Mélisse dont tous les disques laissaient apparaitre le
nom des musiciens sur le recto de la pochette.
En 2009 vous aviez auto-produit un disque
"Greenland Road", comment avez-vous vécu cette
auto-production et qu'est-ce qui a décidé le label
Mélisse dirigé par Edouard Ferlet à vous
produire cette fois, dans quelles circonstances ce disque a-t-il
été réalisé ?
Que ce soit pour notre trio Sphère et de notre quartet
Festen, nos disques autoproduits venaient d'une volonté
de prendre une "photo" d'un travail effectué
sur du long terme, et de faire partager notre musique au plus
grand nombre. Pour ce dernier point, et avec du recul, il est
clair que ce fut plus fastidieux sans label, sans distributeur
et sans attaché de presse. Mais la question ne s'est pas
directement posée lorsque nous avons enregistré,
et nous avons mis tous nos moyens en oeuvre pour réaliser
avant tout un disque qui nous plaisait et qui reflétait
au mieux notre musique.
Edouard Ferlet a découvert notre musique sur Myspace (site
sur lequel nous avions mis des morceaux de Greenland Road), il
a beaucoup aimé et nous nous sommes rencontré peu
après. Il nous a proposé de préparer un album
un an à l'avance. Il a été présent
à toutes les étapes de l'élaboration du disque
tout en nous laissant une grande liberté. Nous n'hésitions
pas à le consulter pour lui faire part de l'avancée
de la préparation du disque, avec les doutes et hésitations
qui y étaient liés. Son expérience et son
recul ont été très enrichissants.
Le disque a été enregistré en trois jours
dans des conditions exceptionnelles au Studio de Meudon. Edouard
était également présent pour nous guider
lorsque nous en avions besoin.
Vous associez un mode de jeu qui associe
le groove et la liberté d'improvisation, et dans votre
nouveau disque vous avez repris trois titres du précédent
disque, pourquoi avez-vous tenu à ce qu'ils soient sur
ce nouveau disque et comment votre trio a fait évoluer
ces morceaux , les avez souvent joué en concert ?
Ces trois morceaux ont été joués lors des
concerts précédant le disque, soit une trentaine
de fois. Pour "Meeting Again", que nous jouons
depuis quatre ans, le tempo a légèrement augmenté
au fil des années et les modes de jeu ont évolué;
nous avons aussi ajouté une coda et le morceau se termine
maintenant avec une énergie allant crescendo au lieu de
l'inverse.
Pour "Chili Chocolate", la forme n'a pas changé
mais lors de l'enregistrement nous avons décidé
de commencer en improvisant directement, avant de rejoindre une
forme que nous connaissions et qui était préparée.
C'est un choix intéressant à faire pour certains
morceaux et qui peut apporter beaucoup de fraicheur, de surprise
et d'éventuelles idées à garder pour la suite.
Enfin, concernant "Greenland Road", le morceau
n'a pas changé mais nous avons souvent discuté de
la manière d'improviser dessus. Sur ce disque Il y a aussi
des morceaux que nous jouions depuis longtemps sans les avoir
enregistré sur "Greenland Road" comme
"Sept Lieues Sous Les Mers".
Vous avez composé six des dix titres
de ce disque, vous considérez-vous plus comme compositeur
ou improvisateur ?
Clairement comme un improvisateur. Depuis que j'ai commencé
le piano j'ai toujours improvisé de manière naturelle
et instinctive. Lorsque je me mets au piano j'improvise d'emblée
pendant au moins une demi-heure avant de penser, éventuellement,
à autre chose. C'est une recherche permanente et évolutive
qui reflète ma sensibilité à un moment précis.
Ma recherche du son est également liée à
l'improvisation. Mais l'improvisation peut être liée
à la composition lorsqu'il s'agit de structurer une pensée
musicale en temps réel, en réfléchissant
éventuellement à ce qui vient de se passer, à
ce qui se passe, et à ce qui va suivre, cela quels que
soient le contexte, le nombre d'improvisateurs et la durée
de l'improvisation. Lorsqu'on réécoute un concert
ou une répétition, il peut arriver des moments où
l'on se dit qu'il est impossible que ce soit improvisé
sans un système préalablement pensé, alors
que c'est bien le cas. Plus on travaille l'improvisation, seul
et en groupe, meilleure est la cohésion d'ensemble.
Les autres titres sont composés
par Reininger et Fleau, jouez-vous aussi parfois des standards
du jazz ou bien êtes-vous attachés à jouer
des compositions originales ?
Au début, nous avons joué des standards du jazz,
en répétition et quelques fois en concert. Je ne
connais pas énormément les standards ; d'autre part
j'ai envie de jouer des choses que je n'ai jamais entendues, donc
les compositions originales sont venues compléter notre
répertoire jusqu'à ce qu'il en soit intégralement
constitué. Plus tard Antoine et Maxime ont également
composé pour le trio et la musique a pris une direction
très intéressante, avec de nouvelles couleurs et
des portes ouvertes sur de nouvelles manières d'interagir.
Le répertoire a été étoffé.
Sur "Filature" et "Hypnose"
par exemple, la métrique en onze temps était nouvelle
pour nous et nous avons travaillé ensemble de plusieurs
façons pour être plus à l'aise avec cela,
et plus particulièrement pour pouvoir être plus libres
pendant les parties improvisées. Mais globalement ce travail
a été utile pour toute la musique en général
et pas seulement sur ces morceaux qui ont servi de base, et c'est
d'ailleurs un travail continu que nous faisons sur tous les morceaux.
J'aime "Risée" et "La Visite"
pour la plénitude qu'ils dégagent.
Les titres de vos morceaux sont majoritairement
français, comment les déterminez-vous : lorsque
vous composez pensez-vous à une atmosphère particulière
ou un univers particulier que vous avez envie de partager ou est-ce
à l'inverse après avoir entendu le résultat
que vous déterminez le titre parce qu'il vous ramène
à un univers particulier ?
En composant je me réfère plutôt aux émotions
dégagées par la musique et au sens que peut prendre
cette dernière suivant les variations qui lui sont apportées.
À ce titre, l'improvisation joue un rôle essentiel
dans le déroulement d'un morceau, c'est pourquoi nous discutons
ensemble de l'atmosphère qui lui est sous-jacente. Il me
parait important que nous soyons en phase sur la manière
de penser le morceau, sur l'énergie et le type d'émotion
qui doivent en ressortir.
Les titres sont souvent choisis plus tard, mais peuvent éventuellement
être liés à une situation antérieure.
Nous les choisissons et les validons ensemble. Ils ont souvent
trait à notre vécu, mais parfois à des situations
abstraites. Nous essayons de faire de la musique aussi à
partir de titres, c'est pourquoi il peut arriver qu'ils soient
issus d'une autre langue que le français.
Y
a-t-il aussi une raison particulière au choix du titre
de votre disque : Parhélie ?
Oui. Le parhélie est un phénomène optique
qui "consiste en l'apparation de deux répliques
de l'image du soleil placées horizontalement de part et
d'autre de celui-ci". Il se forme également un
halo solaire. C'est une sorte de métaphore visuelle de
ce trio et de la façon dont nous concevons notre musique.
Le soleil, cette "Sphère" se divisant en trois
soleils pour les trois musiciens. Le halo solaire pourrait être
la bulle dans laquelle nous invitons les gens à nous rejoindre
le temps d'un disque ou d'un concert. La difficulté d'observer
directement le phénomène sans être ébloui
correspond à la part de mystère de notre musique,
à la fois éclatante et floue.
Pure coïncidence, peu après avoir choisi ce titre,
j'ai assisté pour la première fois à ce phénomène
en arrivant sur un sommet enneigé. Stupéfiant !
Antoine Reininger contrebasse
Ayant grandi dans une famille mélomane, Antoine Reininger
prend des cours de piano dans son quartier. À treize ans,
il acquiert sa première guitare basse et s'empresse
de monter
son groupe. Tout en poursuivant ses études jusqu'à
l'École Centrale Paris, il découvre le Jazz
et finit par abandonner la finance pour rentrer au conservatoire
et étudier la contrebasse
classique. Antoine Reininger cumule les expériences dans
différents styles musicaux et
devient peu à peu un membre incontournable de la nouvelle
garde du Jazz parisien. Son
envie d'approfondir le jazz le mène au CMDL, où
il obtient en 2007 un prix d'excellence. Sa
diversité musicale lui permet de jouer tout aussi bien
avec Didier Lockwood, Franck Tortiller que
Guy Marchand ou Patrick Bruel. Aujourd'hui il développe
toute son énergie, sa créativité et sa
passion au service du trio.
Maxime Fleau batterie
Maxime Fleau, Initié à la musique dès l'âge
de sept ans par l'apprentissage de la clarinette, Maxime Fleau
obtient son C.F.E.M classique en 2000 et continue à jouer
dans des ensembles et orchestres classiques à la clarinette
basse. À 17 ans, il découvre la batterie qu'il pratique
en autodidacte jusqu'à ses 21 ans, puis prend des cours
avec Stéphane Stanger. Il intègre la classe de D.E.M
de Jean Philippe Lavergne au C.N.R de St Brieuc et obtient son
D.E.M Jazz.
En 2007, il est admis au Centre des Musiques « Didier Lockwood
» en batterie et décroche
son diplôme avec mention très bien. Depuis il évolue
sur la scène française et participe à
plusieurs projets en élargissant son expérience
à travers différents styles de musique : Festen
(quartet jazz aux influences rock), Dean Drive (rock instrumental,
participation au festival des
Vielles Charrues en 2009), El Gafla (musique du monde), MadBess
(chanteuse de Soul).
Jean Kapsa piano
Né en 1985, originaire de la Drôme, Jean Kapsa intègre
lécole Jazz Action Valence en 2002 et suit une formation
au Centre des Musiques « Didier Lockwood » jusquen
2008 aux côtés de Benoît Sourisse. François
Postaire, directeur de lamphithéâtre de lOpéra
de Lyon, le suit attentivement dans son parcours en le programment
régulièrement et le présente à Baptiste
Trotignon lors dune masterclass réservée au
trio Kapsa-Reininger-Fleau. Il reçoit avec ce trio le soutien
de Martial Solal, qui apprécie en particulier « son
sens du développement dans limprovisation ».
Puis il se produit avec le Moutin Reunion Quartet aux côtés
de Rick Margitza. En 2008, il rejoint le
groupe Festen : « Une identité collective acquise
par le sens du détail, assumant sans clichés
ni chiqué lénergie du rock et lesthétique
de la boucle, mais sans sinterdire le lâcher prise
improvisé Un palpitant petit roman musical quon
« lit » dune traite (Franck Bergerot,
Jazz
Magazine).Pour en savoir plus sur Jean Kapsa...cliquez
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Clip Hypnose - Parhélie -
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