Le pianiste François-Frédéric
Guy dont on attendait l'enregistrement de l'intégrale
des sonates de Beethoven qu'il a déjà donné
plusieurs fois en concerts avait aussi à coeur d'enregistrer
un album pour le bicentenaire de Liszt, un compositeur qui tient
également une place essentielle dans son répertoire
depuis nombreuses années puisqu'on avait déjà
pu le voir dans ce même programme dans un DVD enregistré
à la Roque d'Anthéron en 2003. Zig Zag Territoires,
avec qui il commence une collaboration, lui a offert la chance
de réaliser ce double disques d'oeuvres dont il a pu faire
mûrir son interprétation depuis des années,
avant de réaliser avec ce label l'intégrale des
sonates de Beethoven dont le premier volume sortira cet automne.
Des projets qui en fait ne sont pas si éloignés
puisque la sonate en si mineur constitue en effet pour François-Frédéric
Guy le sommet de l'oeuvre de Franz Liszt et la seule sonate pour
piano digne de succéder à la «Hammerklavier»
de Beethoven qu'il a aussi déjà enregistrée
deux fois. Cette sonate n'est pas construite comme une sonate
classique les mouvements s'enchaînant comme un grand ensemble.
Vous pourrez en écouter un extrait plus bas dans cette
page, extrait dont l'extraordinaire tension vous donnera certainement
envie d'entendre la suite car c'est là sans doute un des
talents acquis par le pianiste au fil de ses années de
travail : parvenir à nous raconter cette histoire, qu'il
conçoit comme un flash back, de façon extrêmement
captivante tout au long de cette oeuvre gigantesque(plus de 30
minutes).
Si François-Frédéric Guy semble, à
raison, aimer faire mûrir les oeuvres de son répertoire,
Franz Liszt a également mis plusieurs années avant
d'aboutir à la version finale des "Harmonies poétiques
et religieuses ", recueil que François-Frédéric
Guy considère comme "l'un des plus beaux cycles
de la littérature pianistique qui met en musique des poèmes
de Lamartine, mêlant inspiration grandiose et méditations
intimes". En effet si celui-ci a été publié
en 1853 soit presque en même temps que la sonate en si mineur(
publiée en 1854 et dédiée à Schumann)
c'est dès 1830 que Liszt a commencé à travailler
d'après le livre d'Alphonse de Lamartine (édité
la même année) une première pièce pour
piano a été publiée en 1835 et une première
version comportant douze pièces, soit deux de plus que
la version finale, a vu le jour en 1847. François-Frédéric
Guy offre ce recueil tel un splendide voyage poétique ,
en guide imprégné de la magie de Liszt par ses années
à naviguer dans cette oeuvre il nous révèle
les beautés originales de chacune de ses étapes
toutes aussi appréciables les unes que les autres, même
si certaines ont bénéficié jusqu'à
présent d'une plus grande renommée que d'autres.
Outre cet enregistrement François-Frédéric
Guy aura bien sûr l'occasion de donner cette année
nombreux concerts où il jouera des oeuvres de Franz Liszt
et notamment avec Marie-Christine Barrault qui lit les poèmes
de Lamartine. Vous trouverez plus bas l'agenda de ceux-ci mais
avant pour en savoir plus sur cet enregistrement lisez ses réponses
à de nouvelles questions à l'occasion de la sortie
de ce disque .
Que
représente Liszt pour vous ?
Liszt traverse le XIXème siècle de part en part
comme Wagner dont il est l'exact contemporain, historiquement
et musicalement, bien qu'il soit devenu le beau-père de
ce dernier ! C'est un créateur incontournable du romantisme
et un visionnaire qui a développé, renouvelé
et enrichi l'écriture pianistique héritée
de Beethoven. Ses dons extraordinaires de virtuose lui ont naturellement
indiqué la voie à suivre ; cependant ils sont
aussi la source des malentendus persistants sur son uvre.
Réduit le plus souvent à des numéros superficiels
de haute voltige comme les Rhapsodies hongroises ou les Études
transcendantes (qui recèlent cependant de grands trésors !)
ou à quelques pièces ésotériques,
énigmatiques et mystérieuses de sa dernière
période, il n'apparaît pas assez comme l'inépuisable
créateur des plus grandes beautés du romantisme
musical jamais conçues comme les grands cycles des "Années
de Pèlerinages", les "Harmonies Poétiques
et religieuses", ou encore la Sonate en si mineur. Il
n'a pas encore réussi à franchir les frontières
de l'universalité dans le cur du public alors même
que son génie n'a rien à envier à Wagner
dont il est resté la source créatrice et le défenseur
acharné sa vie durant.
Il occupe une place privilégiée dans mon répertoire
essentiellement articulé autour de la musique allemande
classique, romantique et post-romantique. Dans mon esprit, sa
musique se confond souvent avec celle de Wagner, et son écriture
est tellement orchestrale que le piano devient presque un transcripteur
des sonorités de l'orchestre wagnérien. C'est un
autre élément complexe pour le public: un virtuose
du piano qui dans un certain sens dompte cet instrument et lui
fait accomplir des exploits jamais encore entendus à son
époque - en un mot tellement "pianiste" - entraîne
paradoxalement le piano dans une aventure orchestrale également
inouïe pour son époque ! Alors que Chopin se
consacre également à cet instrument si prometteur
de poésie, de nouveauté, et de beauté, en
parfaite adéquation avec l'instrument, le génie
protéïforme de Liszt cherche en permanence à
en repousser les limites, à le faire exploser et par là-même
franchir celles que Beethoven avaient atteintes dans sa sonate
Hammerklavier.
En quoi précisément la sonate
de Liszt vous semble-t-elle la seule qui puisse succéder
à la Hammerklavier ? Quelles sont les principales caractéristiques
qui la rapprochent de celle-ci ou qui en fait sa digne descendante
?
Pour prolonger ce qui a été dit plus haut, j'avancerai
une idée qui pourrait être controversée. A
l'aube du romantisme, on peut distinguer deux catégories
de compositeurs (sans aucun jugement de valeur naturellement ;
nous n'avons ici affaire qu'à des génies absolus) :
ceux qui sont en adéquation avec les formes classiques
ainsi qu'avec les instruments qu'ils ont à leur disposition.
Leur génie peut pleinement s'épanouir à travers
ces instruments et ces formes. On peut citer dans l'ordre chronologique:
Schubert, Chopin (qui atteint les sommets absolus de la création
pianistique), Schumann également, qui torture et triture
le clavier mais qui tire partie de ses qualités sonores
propres en inventant des sonorités presque virtuelles.
L'autre catégorie est celle des héritiers de Beethoven
qui, le premier, s'est confronté aux limites de l'instrument.
On peut citer dans cette catégorie: Brahms, Liszt, et pour
l'orchestre Berlioz, Liszt encore(!), Wagner et Bruckner. Une
des préoccupation principales de Beethoven fut de faire
évoluer son instrument vers plus de puissance, d'expression,
de possibilités sonores; il a suscité également
l'augmentation de la taille du clavier; bref, il s'est senti à
l'étroit comme dans un costume trop serré !
La sonate "Hammerklavier" de Beethoven, en ce
sens, met un point final à ce qu'un compositeur et un interprète
peuvent tirer de de fameux "Hammerflügel". Cette
uvre gigantesque dépasse même probablement
les possibilités d'un tel instrument, et aucun pianiste
contemporain de cette sonate n'a pu la jouer. D'ailleurs ne fallait-il
pas attendre de nouveaux instruments ? Liszt fut sans surprise
l'interprète inégalable de cette uvre qu'il
pouvait dompter en virtuose accompli et dont il saisissait la
nouveauté visionnaire. Liszt considère qu'on ne
peut plus écrire une sonate au sens conventionnel du terme
après la Hammerklavier (les trois dernières sonates
de Beethoven sont d'une certaine manière des expérimentations
formelles ).
Il faut à nouveau créer du neuf. Ce sera la sonate
en un mouvement, le poème symphonique pour piano, pendant
de ses propres poèmes symphoniques orchestraux qui vont
influencer de manière décisive Strauss, Scriabine,
Debussy, Wagner dans son renouvellement de la forme opératique
et toute l'avant-garde du XXeme siècle qui voit dans cette
forme un moyen d'échapper à la convention du découpage
de la sonate et de la symphonie.
En ce sens et pour répondre à votre question, les
deux uvres ne sont pas vraiment proches, mais la sonate
de Liszt est l'inévitable héritière de la
Hammerklavier, dans la lignée des uvres qui écrivent
l'histoire de la musique avec un grand H.
Pensez-vous que la présence dun
fugato dans cette sonate, dédiée à Schumann,
soit aussi un «hommage rendu» à Beethoven par
Liszt ?
La dédicace en tout cas ne rapproche pas l'univers Lisztien
de l'univers Schumanien ! Le fugato ouvrant la dernière
partie de la sonate sert principalement à montrer la maîtrise
absolue de Liszt du matériau musical et sonne effectivement
comme un bref hommage au maître de Bonn. Mais très
vite on sent que l'exercice ne peut qu'être temporaire.
Liszt est beaucoup trop conscient de l'ombre écrasante
des fugues de Beethoven (notamment celle de l'opus 106 mais aussi
de la Missa Solemnis) pour risquer un final entier basé
sur cette technique divine ! Son fugato dérive très
vite vers une incandescence orchestrale et pré-mahlérienne...
Toujours à propos du fugato, Cécile
Reynaud indique dans le livret que de nombreux commentateurs y
ont vu laffrontement de Faust et Mephisto... partagez-vous
leur avis, et voyez vous une dimension spirituelle dans cette
oeuvre entière et non seulement le fugato ?
Cette question passionnante ne peut être discutée
dans le cadre d'une interview. De nombreux musicologues ont écrit
des livres entiers sur cette seule idée, notamment le célèbre
biographe Alan Walker. Pour essayer de résumer, on pourrait
dire que toute la sonate est une allégorie faustienne et
non pas le seul fugato.
On pourrait l'intituler "Après une lecture de Faust"
en miroir au chef d'uvre des "Années de Pèlerinage
"Après une lecture de Dante". La thématique
faustienne est omniprésente dans la sonate dès les
premières pages ; le saut d'octaves, énergique,
"faustien" suivi immédiatement du thème
en notes répétées, sarcatisque, diabolique,
très "méphistophélique"! Mais le
génie de Liszt ne s'arrête pas à une superficielle
musique à programme illustrative! Il utilise plusieurs
thèmes courts, identifiables et modulables en fonction
de l'évolution psychologique de l'uvre et s'en sert
comme d'un fil conducteur pour bouleverser totalement la forme
sonate. Nous tenons la source du fameux Leitmotiv wagnérien
qui trouve sa quintessence dans la tétralogie,uvre
colossale de 16 heures basée presque totalement sur quelques
cellules clés qui deviennent des personnages à part
entière ! Ainsi dans la sonate, nous voyons apparaître
tour à tour un Faust héroïque et vigoureux,
une évocation de sa jeunesse, ses tentations pour Marguerite
dont le thème n'est autre que celui de Méphisto
présenté au ralenti et harmonisé de manière
chatoyante et séductrice... De son côté Mephisto
est présenté malicieux, rieur mais d'un rire sardonique,
puis promettant la grandeur et la gloire à un Faust déjà
perdu !
Cette unique
sonate de Liszt a une structure différente des sonates
classiques et il est difficile d'en déterminer les mouvements...
La structure est effectivement différente en apparence
et notamment dans la présentation harmonique des thèmes;
un exemple amusant : la "réexposition" du thème
faustien du début dans sa présentation exhaustive
et non leïtmotivique intervient après le "second
mouvement" dans ce qu'on pourrait appeler le final. Car Liszt
conserve en fait grosso modo trois sections vif-lent-vif héritée
de la sonate classique, qu'il unifie par deux procédés
surnaturels: une des transitions harmoniques les plus audacieuses
jamais conçues entre les deux premiers "mouvements",
et un rappel des unissons de l'introduction pour lancer le fameux
fugato au début du "final", qui sonne tout autant
comme la fin de l'histoire que comme un appel inquiétant
venu d'outre-tombe.
D'ailleurs, pour parler un peu de la dimension "philosophique
et spirituelle" de l'uvre, il est intéressant
de constater que Liszt commence la sonate par la fin ! En effet
ces deux pizzicati lourds des premières mesures sonnent
comme la fin d'une histoire dont on ne connaît pas encore
les détails. La sonate entière jusqu'à sa
conclusion est en fait un immense "flash back". Liszt
nous raconte cette épopée faustienne dans le passé
et non pas en temps réel. Finalement la sublime coda nous
fait enfin revenir en direct comme si Liszt nous disait en confidence:
« Voilà vous savez tout de cette épopée
».
Liszt, rappelons-le, avait écrit dans un premier temps
une coda triomphale et bruyante qui du coup ne permettait pas
cette différenciation temporelle essentielle à la
psychologie de la sonate et qui en fait tout le prix. Puis il
a rayé cette coda, comme on peut le voir dans l'émouvant
fac-similé du manuscrit, pour lui substituer les deux dernières
pages que nous connaissons qui apaisent dans un dernier geste
créatif sublime toutes les tensions musicales et psychologiques
accumulées au fil de la sonate et résolvent dans
le même temps toutes les questions existentielles que soulève
cette transposition musicale de l'uvre de Goethe.
Liszt est très novateur; en quoi
se distingue-t-il du dernier Beethoven et connaissez-vous des
compositeurs qui eux-mêmes, par la suite, se sont inspirés
de cette sonate ?
Nous avons déjà évoqué l'influence
immense de Liszt sur ces contemporains (Berlioz et Wagner) ses
successeurs (Strauss, Mahler, Scriabine Debussy, Ravel puis toute
l'avant-garde jusqu'à Nono). S'agissant des trois dernières
sonates de Beethoven, hormis la Hammerklavier, il est plus difficile
de percevoir une influence directe de ces uvres sur Liszt.
Malgré tout, l'aspect expérimental de la forme notamment
dans chacune d'elles, a été une étape nécessaire
dans l'émancipation de Liszt par rapport aux dogmes de
la forme sonate. Il est curieux de constater que des compositeurs
essentiels comme Schumann ou Chopin n'ont pas suivi les évolutions
annoncées par les trois dernières sonates de Beethoven
dans leur propres uvres pour piano ! Ils se sont plutôt
soumis au cadre de la sonate (souvent contraints) et leur créativité
a atteint son apogée dans des formes musicales différentes
(cycles schumaniens, pièces de genre sublimées pour
Chopin avec les valses, les Mazurkas ou méditatives avec
les Nocturnes).
Dans un DVD paru en 2003 lon peut
vous voir interpréter déjà cette sonate en
si mineur à la Roque dAnthéron. Est-ce une
oeuvre que vous avez eu loccasion de jouer souvent en concert
depuis ou bien rebute t-elle les organisateurs ? Et en quoi
pensez-vous avoir changé votre façon de linterpréter,
quest-ce qui vous tient le plus à cur dans
l'interprétation de cette uvre et que pensez-vous
de ses difficultés techniques aujourdhui ?
Les organisateurs se méfient de Liszt tout autant que
le public et créent ainsi une conjonction plutôt
néfaste à l'épanouissement et à la
reconnaissance universelle de son uvre. Pour ma part la
Sonate en si mineur constitue un pilier de mon répertoire
dont les implications techniques, psychologiques et spirituelles
sont si prodigieuses qu'il faut continuellement l'entretenir comme
un feu, la remettre sur le métier comme on dit. Et l'interprétation
évolue comme évolue l'interprète, au fil
du temps, un temps nécessaire et incompressible! Elle reste
un défi technique bien évidemment. Composée
pour ses propres moyens pianistiques hors du commun, Liszt nous
contraint à dépasser les limites d'une nature humaine
habituelle.
Vous
avez choisi dassocier cette sonate aux Harmonies poétiques
et religieuses, que représente cette uvre pour vous
et y a-t-il une ( ou des pièces) que vous préférez
dans ce recueil qui est musicalement très diversifié ?
Voilà l'exemple même d'un recueil de dix chef d'uvres,
contemporain de la sonate et des Années de pèlerinage,
et qui est dans son ensemble beaucoup trop méconnu. Deux
pièces de vastes dimensions, "Bénédiction
de Dieu dans la Solitude" et les célèbres
"Funérailles", ont certes acquis une certaine
importance dans le répertoire. Mais des musicologues peu
avertis qui prétendent porter un jugement définitif
sur toute chose ont choisi de sabrer les pièces du cycle
de moindre envergure mais qui pourtant sont d'une nécessité
absolue car elles sont les traits d'union indispensables entre
ces grandes formes. On lit différentes absurdités
sur ces pièces ; un lyrisme de pacotille pour la première
pièce Invocation, un angélisme doucereux pour les
pièces d'inspiration religieuses... Et puis la poésie
de Lamartine qui sert de support à ce cycle possède
une intonation particulière qui peut rebuter. Pourtant
l'ensemble du cycle, pour hétérogène qu'il
soit, est un voyage poétique inoubliable. Toute la magie
et la création lisztiennes y trouvent leur place. Tout
d'abord les grandes fresques visionnaires et hardies comme"
Bénédiction", "Pensées des Morts"
et "Funérailles", toutes trois d'une modernité
et d'une poésie insurpassable ; la première poussant
les harmonies jusqu'au pentatonisme et comportant des phrases
que Wagner reprendra à son compte note pour note ;
la seconde dont la hardiesse de la forme et des atmosphères
laisse sans voix, et les "Funérailles"
reprenant également le principe du "Flash back"
et faisant exploser les dynamiques du piano.
Il faut aussi se souvenir de la poésie dépressive
de l'"Andante lagrimoso", dans l'esprit d'un
grand nocturne, l'admirable "Hymne de l'enfant au réveil"
qui rappelle les célèbres Consolations, et le "Cantique
d'amour" qui clôture le cycle et mêle le
style lyrique et grandiose de l'"Invocation"
initiale et la méditation des "Sonnets de Pétrarque".
Les pièces essentiellement religieuses comme l'"Ave
Maria", le "Pater noster" et le "Miserered'après Palestrina" rappellent quant à
elles la place de la religion dans le cur de Liszt, dont
il transpose les valeurs directement en musique et qui contribuent
à créer ce climat contemplatif et spirituel si spécifique
au cycle des Harmonies Poétiques et Religieuses.
Vous avez donné, notamment en janvier
2011, un spectacle avec Marie Christine Barrault conjuguant les
poèmes de Lamartine avec la musique de Liszt qui sest
inspiré de ces poèmes. Que pensez-vous du préambule
de ceux ci , rapporté également dans le livret de
votre disque : avez vous cette âme méditative ? Et
en quoi est-il important pour vous de faire le lien entre la musique
et la littérature ? Le public vous a-t-il semblé
plus réceptif par ce type de concert ?
Je suis certain que le poète Lamartine et le compositeur
Liszt s'éclairent mutuellement lors de ce spectacle. Les
plus réticents à la poésie peut-être
un peu datée de Lamartine trouvent une traduction musicale
stupéfiante dans le cycle lisztien, et réciproquement.
Je ne conçois presque plus de jouer ce cycle sans entendre
les vers de Lamartine. Nous avons élaboré un véritable
plan pour ce spectacle sans nous contenter de faire alterner musique
et littérature. Le public est totalement fasciné
par cette alchimie et chaque vers de Lamartine devient si émouvant
et trouve un écho si saisissant dans la musique de Liszt
qu'il devient indissociable de cette musique. Nous donnerons ce
spectacle tout au long de cette année du bicentenaire dans
différents festivals d'été avec Marie Christine
Barrault.
Ce disque est votre premier enregistrement
avec le label Zig Zag Territoires dans quelles circonstances a-t-il
été réalisé ?
C'est tout d'abord une belle rencontre. J'enregistrais pour
Naïveclassique depuis près de dix ans et projetais
une intégrale des 32 sonates de Beethoven pour ce label
faisant suite à mon intégrale des 5 concertos du
compositeur. Ce projet n'ayant pu voir le jour, j'ai quitté
Naïveclassique en 2009.
Franck Jaffrès et Sylvie Brély fondateurs du label
ZigZag Territoires m'ont proposé avec enthousiasme de produire
l'intégrale des 32 sonates. Comme vous le savez peut-être,
le label s'est totalement restructuré depuis. Il fait maintenant
partie du groupe Outhere, un important consortium regroupant de
nombreux labels existants. Cette extension est évidemment
un évènement très important dans le paysage
discographique européen. Et le fait de faire confiance
à un artiste sur une intégrale des 32 sonates de
Beethoven m'a bien-sûr totalement convaincu et enthousiasmé !
Nous enregistrons donc cette intégrale en public tous les
six mois à l'Arsenal de Metz où sa directrice, Michèle
Paradon, nous accueille merveilleusement et nous soutient dans
ce projet pharaonique pour que nous puissions bénéficier
des meilleures conditions possibles. Le premier coffret de 3 disques
devrait sortit à l'automne 2011.
Entre temps, car je vous ai dit que c'était un belle histoire,
j'avais ce projet Liszt depuis l'époque du DVD de La Roque
d'Anthéron et qui coïncidait parfaitement avec le
bicentenaire de la naissance du compositeur. Nous avons décidé
en quelques jours de réaliser ce double album dans la magnifique
acoustique de l'Heure Bleue à la Chaux-de-Fonds sur le
mythique Steinway de Claudio Arrau. Quelle inspiration et quel
modèle pour un tel programme!!
Comment abordez-vous lannée
Liszt tout en ne perdant pas de vue Beethoven dont vous enregistrerez
à lautomne le premier disque de votre intégrale
live des sonates et peut-être dautre projets ?
L'année Liszt est bien-sûr l'occasion de servir
un peu d'ambassadeur à ce compositeur de génie qui
encore une fois a besoin de reconnaissance ! Mais je n'ai pas
attendu l'année Liszt pour jouer ses uvres majeures
et continuerai bien après que cet anniversaire soit terminé !
J'ai tout de même tenu à apprendre le 2ème
concerto pour piano que je jouerai à Lille sous la direction
de J.C. Casadessus en juin prochain. J'ai toujours été
un peu réticent envers les concertos de Liszt. C'est encore
un paradoxe : ce grand orchestrateur du piano n'a pas forcément
été très à l'aise dans l'écriture
orchestrale pure ou même dans le genre concertant. On y
retrouve malheureusement certains traits d'écriture qui
ont contribué à son image un peu superficielle.
Cependant j'ai redécouvert récemment ce 2ème
concerto et y ai trouvé des richesses étonnantes,
à nouveau très proches de Wagner. Et puis les concertos
sont aussi une étape indispensable pour ce renouvellement
de la forme sonate qui a occupé Liszt toute sa vie. Ce
sont de véritables poèmes symphoniques en un mouvement
et cela les rapproche de manière très intéressante
de la sonate !
Beethoven reste évidemment très présent à
tous les niveaux. Outre l'intégrale des sonates en cours
d'enregistrement et la première publication de 3 CD à
l'automne prochain, je donne sur 10 jours les 32 sonates le mois
prochain en Angleterre, et je prépare l'intégrale
de sa musique de chambre pour piano et cordes avec le violoniste
Tedi Papavrami et le violoncelliste Marc Coppey. Nous avons déjà
donné l'uvre pour violoncelle et piano avec Marc
cette année à Washington. C'est à nouveau
à Washington que nous jouerons les sonates pour violon
et piano avec Tedi. Puis, le festival du Printemps des Arts de
Monte Carlo nous accueillera en avril 2013 pour ce cycle complet
de sa musique de chambre avec piano, tout comme il avait accueilli
ma première intégrale des 32 Sonates en 2008.
CONCERTS LISZT/2011 Francois-Frédéric GUY
8 mars Paris . Cité de la Musique (Sonate en si mineur)
9 juin Lyon (Harmonies poétiques et religieuses)
11 juin Nohant (Beethoven - Liszt (Sonate en si mineur)
19 juin Lille (Harmonies poétiques et religieuses)
26 juin Paris Serres d'Auteuil (Harmonies poétiques et
religieuses, e xtraits)
13 juillet Colmar Festival International : Beethoven Liszt
(Harmonies poétiques et
religieuses, extraits)
17 juillet Saint-Riquier / Wagner Beethoven - Liszt (Harmonies
poétiques et
religieuses, extraits)
21 juillet Chambord (Sonate en si mineur)
23 juillet Celles sur Belle Festival Artenetra (Harmonies
poétiques et religieuses
avec Marie-Christine Barrault)
3 septembre Prieure de Chirens (Harmonies poétiques et
religieuses avec Marie-
Christine Barrault)
7 octobre Nuits Romantiques du Bourget (73) (Harmonies poétiques
et religieuses
avec Marie-Christine Barrault)
Pour écouter
Franz Liszt
Sonate en si mineur
Lento assai- Allegro energico
François-Frédéric Guy, piano
avec l'aimable autorisation
du label Zig Zag
Territoires
cliquez sur le triangle du lecteur
ci-dessous