Dominique Fillon Trio As it comes PIANO JAZZ

Dominique Fillon Trio JAZZ
As it comes

Dominique Fillon , piano
Kevin Reveyrand, contrebasse
Francis Arnaud, batterie

Song for Aké
Al mood samba
The rock
Letter to M
Détours
The Jacket
As it comes
The long run
Samberland
Abuelos
Quiet the cat

On le sait depuis la sortie de son premier disque jazz "Détours" le Japon est un pays particulier pour le pianiste Dominique Fillon parce que c'est celui de sa belle famille, et sa relation à ce territoire s'est construite petit à petit, nouant toujours plus et toujours plus en avant. En 2009 il y a réalisé une tournée aidée par l'Institut Français. Le coup de foudre a été immédiat et Dominique Fillon savait qu'il s'y passerait beaucoup de choses. Si son précédent disque sorti chez le label Cristal Records nous a conduit à travers les "Americas" celui-ci a connu un grand succès aussi au Japon ce qui lui a permis d'y refaire une nouvelle tournée de plus de deux semaines. Le public de Tokyo, Yokohama, Shizuoka, Fukuoka, Sapporo ou Osaka, était au rendez-vous et le coup de foudre devient alors une belle évidence. Evidence qui va se traduire par une proposition du label japonais Atelier Sawano, pour un album en trio, cet album paru l'année dernière là-bas arrive aujourd'hui en France. Si cette première moitié de l'année 2012 a été pour le pianiste riche en voyages et en expériences avec des tournées en Algérie, et dans l'Océan indien, au Japon pour des concerts humanitaires au profit des victimes de Fukushima, ainsi qu'une performance remarquée et une participation à l'organisation de la première journée internationale du Jazz à l'UNESCO auprès d'Herbie Hancock, il donnera dès ce soir et demain deux concerts en France au Duc des Lombards à Paris.

On le sait aussi depuis la sortie de son premier disque jazz "Détours" pour le pianiste Dominique Fillon "La musique doit toujours raconter une histoire", et celle-ci "se nourrit des autres, les rencontres, les émotions qui s'en dégagent, la nature, les éléments, les souvenirs."... aussi sans doute ne faut-il pas s'étonner, même si cela le surprend lui-même, que pour répondre à cette proposition du label japonais Dominique Fillon constate que "cela se passait très bien" et "la musique venait si vite" ainsi le confie-t-il dans une de ses réponses à nombreuses nouvelles questions à l'occasion de la parution en France de ce disque. Vous apprécierez une fois de plus dans chacun des onze titres de ce nouveau disque (et déjà dans les trois en écoute plus bas dans cette page dans un lecteur et une vidéo) son sens de la mélodie ancrée en lui depuis toujours qui lui permet d'offrir encore dans ce nouvel album une musique qui va droit au coeur sans détour, directement comme elle vient, telle aussi celle que son épouse Akémi et lui avait pu offrir suite au drame du tsunami(voir vidéo dans la page sur son parcours). Et lorsque son disque se termine de façon inattendue sur le swingant "Quiet the cat" à la rythmique très prenante l'on a envie précisément de revenir sur le tendre "Song for Aké" qui débutait ce très beau disque et l'écouter encore entièrement.

Pouvez-vous présenter les deux autres musiciens du trio de ce disque ?

J'ai rencontré Kevin au début des années 2000 lorsque j'ai commencé à chercher des musiciens pour mes projets personnels. Il m'avait été recommandé par un batteur, Fabien Haimovici, et j'ai tout de suite apprécié sa précision et son éclectisme. Je joue avec lui depuis tout ce temps dans plusieurs configurations, avec divers projets. Il a beaucoup travaillé sa contrebasse et c'est un grand plaisir d'avoir fait tout cet album avec lui à la contrebasse.
Francis Arnaud est un batteur dont j'entendais parler depuis longtemps, notamment par Kevin qui est son camarade de jeu dans beaucoup de groupe depuis longtemps. Il est arrivé dans mon groupe le 12 mai 2009 pour remplacer Stéphane Huchard qui devait m'accompagner ce soir la à au Versailles Jazz Festival.
Stéphane était cloué au lit avec la grippe ! Et j'ai eu un coup de foudre pour son jeu qui s'adapte parfaitement à ma musique. Je ne lui demande pratiquement jamais rien. D'instinct il se pose sur mes parties de piano et ça marche parfaitement. Cette rythmique me convient très bien, et je fais appelle à ces deux musiciens pour presque tous les projets quel que soit le style de musique. Ils sont à l'aise partout.

Votre précédent disque était également enregistré en trio, est-ce une formation que vous appréciez plus particulièrement ?

"Américas" était un faux trio. Nous avons effectivement enregistré en trio à Chicago avec Steve Rodby et Nic Cecire mais avec dans la tête l'idée que nous allions compléter ce trio par un quatrième musicien, une guitariste ou une chanteuse dans certains titres. C'est Ulf Wakenius et Olivier Roman Garcia qui ont joué ce rôle et Youn Sun Nah pour la partie vocale. Donc, dès le départ nous savions qu'il y aurait presque toujours 4 personnes. Et je n'ai jamais vraiment choisi ou eu envie de jouer en trio.
C'est effectivement une formation très "standard" pour le Jazz, et je suis toujours un peu en marge des conventions. Je n'ai enregistré ce trio que parce qu'un label de Jazz japonais me l'a demandé.
J'ai trouvé intéressant de répondre à une commande et j'ai eu plaisir à me laisser guider par ce label.
Ils ont choisi les titres parmi ceux que j'ai proposés, et ont fait l'ordre des titres et le design complet de ce CD.

Ce disque a été enregistré en France en janvier 2011 et a été distribué d'abord au Japon puis arrive enfin en France, pourquoi un tel délai ?

Puisque ce CD a été commandé par le Label Atelier Sawano, spécialement pour le marché Japonais, il était naturel et contractuel de le laisser faire sa vie au Japon pendant presque un an, et c'est seulement après cette vie au Japon que nous pouvions lui donner une autre vie en France.
Et puis il m'a semblé intéressant de vendre ce CD exactement comme il l'a été au Japon avec la même pochette le même packaging le même ordre.

Votre disque s'appelle « As it comes » comment avez-vous travaillé pour la préparation de celui-ci , aviez-vous notamment eu l'occasion de jouer déjà souvent auparavant en concert ces morceaux ou une partie , ou a-t-il beaucoup de compositions ou improvisations très spontanées ?

"As it comes", parce qu'il m'a fallu composer très vite. Plus vite que je l'avais jamais fait. J'ai été surpris de voir que cela se passait très bien et que la musique venait si vite. Toutefois quelques titres existaient déjà et m'ont permis de finir à temps pour l'enregistrement ! La version de "Détours" en swing, "Al mood samba", et "Abuelos", tournaient déjà dans mes mains depuis quelques années.

Le Japon vous a-t-il plus particulièrement inspiré pour certains morceaux outre peut-être dans « The song for Aké » diminutif du prénom de votre épouse Akémi ?

'C'est juste Aké qui m'a inspiré, pas le Japon ! Je n'avais encore jamais ressenti l'envie, le besoin de composer quelque chose inspiré par ma famille et c'est finalement venu tout seul. Un matin vers 6h je me suis réveillé avec ce thème en tête. Je suis donc descendu dans mon studio pour le mettre en forme.

Votre disque a été enregistré avant le drame de Fukushima , et l'on a pu vous voir dans un morceau composé par votre femme d'origine japonaise dans une vidéo sur youtube (et mise dans la page sur votre parcours) que pensez de la façon dont la situation évolue au Japon, et êtes-vous retourné souvent là-bas depuis ?

Depuis mars 2011, je ne suis allé au Japon qu'en Avril 2012 pour une série de concerts pour les enfants d'une école de Fukushima. L'idée était de récupérer des fonds pour leur acheter les instruments qui avaient été détruits pendant le Tsunami et le tremblement de terre. La situation évolue bien je crois, et les japonais resteront pour l'histoire de l'humanité, un exemple en matière de reconstruction et de dignité.
Quand on est là-bas on ne vit pas de la même façon cette catastrophe. Ils sont tous au travail, avec la même énergie et le désir de continuer, et de reconstruire. C'est très impressionnant et inspirant.

Vous avez récemment participé au premier Jazz Day à l'Unesco , dans quelles circonstances avez-vous pu y participer et quelle y était votre implication ?

Sur les conseils de Jessica Hancock et du Manager d'Herbie Hancock, j'ai été contacté pour jouer dans cet événement créé par Mr Hancock nouvel ambassadeur de bonne volonté de l'Unesco. Et ils m'ont également demandé de les aider à monter cette journée à Paris. J'ai donc apporté mon soutien, mon expérience de ce métier en France et des événements musicaux en général. J'adore apporter mon énergie à ce genre de challenge. Ils m'ont donc nommé conseiller artistique (parmi d'autres), et collecteur de fonds puisque j'ai pu apporter à cette production une grande partie des besoins financiers et logistiques.
L'occasion de partager cet événement unique avec des compagnons de route comme François Lacharme, Sébastien Vidal et toute l'équipe TSF/Duc des Lombards etc..

Que pensez-vous de l'instauration d'un tel jour, notamment pensez-vous que le jazz est mieux reconnu aujourd'hui ou au contraire qu'il faut le défendre de plus en plus ?

C'est une question compliquée, car on peut y répondre de manières très différentes. Je pense que le Jazz marche très bien dans le monde et qu'il est connu et reconnu dans tous les pays. Mais je trouve important de l'inscrire à l'UNESCO comme patrimoine de l'humanité car il a joué dans l'histoire du monde (du 20ème siècle) un rôle formidablement important et intéressant. D'autant plus intéressant que le Jazz tire ses racines d'une histoire inhumaine et d'un des moments les plus sombre de l'histoire de l'homme.
Malgré cela, ou grâce et cette histoire, il représente la musique la plus libre et la plus métissé qu'il soit.
D'un désastre est né une merveille. Et je crois que cette musique continue à véhiculer cette liberté partout dans le monde.

Comment avez-vous vécu cet événement ?

J'ai été très honoré et heureux d'en faire partie. A la fois lorsque j'ai pu clore les festivité de l'après-midi avec mon quartet (Matthieu Chazarenc, Laurent Vernerey, Sylvian Gontard), avec deux invités spéciaux, Olivier Ker Ourio et Akémi Toyama, mais aussi le soir sur la grande scène avec Herbie Hancock, Marcus Miller, Georges Benson etc... ou j'accompagnai Nicole Slak Jones avec à la batterie Terri Lyne Carington, à la contrebasse Ben Williams et à la guitare Jean-Felix Lalane. Quand à la partie organisation elle fut une grande expérience grâce à laquelle j'ai fait de merveilleuses rencontres dont l'équipe de l'Unesco, mais fut aussi parfois difficile car l'Unesco est un organisme très complexe et la Thelonius Monk Institute, puissance invitante de cet événement avec l'Unesco faisait parfois des choix de directions qui ne correspondaient pas toujours à ce que je rêvais de faire et auxquels je devais me plier... Mais dans ce type d'événement le processus est forcément et toujours très complexe, et puis la direction en était assurée et assumée par Mr Hancock, il était donc naturel de l'aider à montrer sa vision des choses.
J'espère simplement et personnellement que dans des années futures, cet événement pourra montrer beaucoup plus de contenu historique et pédagogique sur le Jazz. Mon souhait serait que ce contenu soit un véritable instrument pour faire mieux connaître et comprendre cette musique.
Je passe beaucoup de temps à expliquer comment ça fonctionne, pourquoi et comment on improvise et je suis toujours heureux de constater que lorsque les gens comprennent ils apprécient beaucoup plus et mieux.
Nous avons quand même obtenu du ministère de l'éducation que cet événement soit connu et au service de tous les professeurs de musique de l'éducation nationale, afin qu'ils puissent faire des cours sur le Jazz.
Espérons que l'opération perdurera.

Quels sont vos prochains concerts et/ou autres projets qui vous tiennent à coeur ?

Les 25 et 26 juin [ce soir lundi et demain mardi donc] je présenterai mon album au Duc des Lombards avec Kevin et Francis et un invité spécial, Olivier Ker Ourio. Je serai en show case à la Fnac des Ternes le 29 juin à 18h. Puis cet été nous serons dans quelques festivals. Je prépare un quatrième album et de beaux projets pour l'automne et l'année prochaine.

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