Bienvenue sur pianobleu.com le site des amateurs de piano !
Vijay Iyer Trio Historicity
Vijay
Iyer Trio
Historicity
Vijay Iyer, piano
Stephan Crump, contrebasse
Marcus Gilmore, batterie
Le pianiste Vijay Iyer a un parcours édifiant qui lui
a valu la reconnaissance publique et médiatique internationale,
ainsi le New Yorker voit en lui "un des pianistes les
plus importants du moment, incroyablement talentueux"et
pourtant celui-ci a appris le piano tout seul !... Pianiste américain
aux racines indiennes Vijay Iyer a étudié les mathématiques
et la physique à l'université de Yale et UC Berkeley,
c'est seulement au milieu des années 90, quand le saxophoniste
Steve Coleman lui a proposé de tenir le piano dans sa formation,
qu'il a décidé de se consacrer entièrement
à la musique.
Après avoir enregistré 12 albums (en leader ou co-leader),
il sort ici son premier disque en trio piano, contrebasse, batterie
chez le label ACT . Un album qui se focalise sur le concept d'historicité
et la vision personnelle qu'en propose Vijay Yyer. Le thème
est, explique-t-il sur la pochette, "Le positionnement
de chacun dans le courant de l'histoire. C'est bien évidemment
le passé qui conditionne nos initiatives". Vijay
Iyer reprend ici des thèmes qui le préoccupent depuis
le début de sa carrière, compositions originales
et compositions issues d'un répertoire varié allant
de Leonard Bernstein à Steve Wonder en passant par Andrew
Hill. Sa musique s'avère un mélange très
original mariant le jazz moderne, la musique du sud de l'Inde,
le rock, le Hip Hop dans des variations rythmiques élaborées.
Il faut dire que ses musiciens de référence sont
nombreux, comme le montre l'une de ses réponses à
l'interview de pianobleu.com, via interprète, à
lire ci-dessous :
Pouvez-vous
expliquer votre histoire ainsi que votre parcours original
: licence de mathématiques et physiques obtenu à
Yale puis maitrise de physique et doctorat en technologie des
arts Qu'est-ce qui vous a orienté des mathématiques
vers l'art et la musique ?
En fait, je n'ai jamais cessé de faire de la musique.
J'ai commencé à prendre de cours de violon à
trois ans, et à cinq ans je me suis mis au piano tout seul,
à l'oreille. J'ai continué les deux pendant toute
mon enfance et mon adolescence; je jouais du violon dans de grands
orchestres et des orchestres de chambre tout en apprenant le répertoire
solo, et parallèlement je tenais les claviers dans un groupe
de rock. Plus tard j'ai acquis la théorie et intégré
l'ensemble de jazz du lycée; j'ai écouté
tous les disques de jazz de la discothèque. À l'université
j'ai continué à travailler sérieusement la
musique, et à vingt-trois ans j'ai dû faire un choix
- je réussissais bien dans mes études mais au fond
de mon cur, je préférais faire de la musique.
De plus, on m'a fait pas mal de propositions séduisantes
- tourner avec Steve Coleman, surtout. Alors je me suis détourné
de la fac de physique pour me consacrer à la musique, composer,
fonder mon groupe, tourner, enregistrer mes premiers albums. Mais
je n'ai pas complètement abandonné mes études
scientifiques pour autant. J'ai pu faire en même temps une
thèse de doctorat interdisciplinaire (Arts et Technologie).,
chacune de ces deux activités alimentant l'autre. Je l'ai
soutenue en 1998, pour décider ensuite de ne plus faire
que de la musique.
Comment vous êtes vous pris pour
apprendre le piano tout seul ? Votre esprit mathématique
vous a-t-il beaucoup aidé dans cet apprentissage ?
Je me suis mis à explorer le clavier du piano à
cinq ans; à l'époque, je faisais déjà
du violon depuis deux ans - en suivant la méthode Suzuki,
qui éduque avant l'oreille. Petit à petit j'ai donc
compris comment fonctionnait la mélodie. On me demande
souvent si les maths me sont utiles en musique, mais je suis presque
sûr qu'en réalité, c'est l'inverse : c'est
sans doute le fait d'avoir appris la musique très tôt
qui a développé chez moi des dispositions pour les
mathématiques. Les deux disciplines font appel aux quantités
abstraites et à la logique symbolique, d'une part, et à
l'esthétique d'autre part !
Quels sont vos musiciens de référence
?
Les pianistes/compositeurs: Thelonious Monk, Duke Ellington,
Andrew Hill, Randy Weston, McCoy Tyner, Bud Powell, Sun Ra, Cecil
Taylor, Geri Allen, Ahmad Jamal, Alice Coltrane, Herbie Nichols,
Muhal Richard Abrams, Elmo Hope, Horace Tapscott, Herbie Hancock,
Jaki Byard, Art Tatum...
Et par ailleurs : John Coltrane, Miles Davis, Max Roach, Ornette
Coleman, Anthony Braxton, Charlie Parker, Nina Simone, Jimi Hendrix,
Prince, Public Enemy, The Police, A Tribe Called Quest, Stevie
Wonder, Roscoe Mitchell, Wadada Leo Smith, Butch Morris, Steve
Coleman, Art Ensemble of Chicago, Henry Threadgill...
Sans oublier les musiques électroniques modernes, le hip-hop,
le rock, la soul, le funk, le reggae/dub et la pop; la musique
classique du sud (" carnatique ") et du nord de l'Inde
(" hindoustani "), la musique d'Afrique de l'Ouest et
d'Afrique centrale, la musique populaire et religieuse afro-cubaine,
le gamelan javanais et balinais, la musique traditionnelle éthiopienne...
Et pour finir : Ligeti, Messiaen, Bartok, Steve Reich... je pourrais
continuer comme ça indéfiniment !
Votre album se focalise sur le concept
d' "historicité " dans son aspect philosophique,
vous intéressez vous aussi à la philosophie ? Pourquoi
ce thème, en quoi vous touche-t-il personnellement particulièrement ?
À vrai dire, je me suis contenté de choisir la
musique qui me plaisait; j'ai juste donné à l'album
le titre d'une de mes compositions parce que je trouvais que ça
sonnait bien. En fait, mes choix n'ont pas été guidés
par conception globale. Disons qu'à la fin, j'ai été
frappé par le rôle prépondérant qu'y
jouaient la mémoire, le récit personnel et le contexte
historique dans l'agencement des morceaux. Mon idée n'est
pas d'apposer une dimension philosophique sur la musique, mais
plutôt d'écouter, d'essayer de discerner les possibles
implications. Ce titre la résume bien parce qu'il évoque
un fait qui existe qu'on en aie conscience ou non; comme l'atmosphère.
Quelles sont pour vous les meilleures
conditions pour improviser ou composer ? Qu'est-ce qui vous inspire
le mieux et comment travaillez-vous ?
La réalité, c'est qu'on improvise en permanence.
On en parle souvent comme s'il s'agissait d'un phénomène
rare, extrême, mais finalement, l'improvisation fait tellement
partie de notre vécu qu'on en arrive à l'oublier
(là encore, c'est comme l'atmosphère !). Par conséquent,
je ne crois pas que telle ou telle circonstance y soit plus propice
qu'une autre. C'est un aspect comme un autre de la nature humaine,
voilà tout.
En revanche, il en va différemment de la composition, qui
se rapproche davantage de la lecture ou de l'écriture -
des activités auxquelles on se livre généralement
en privé - et rassemble de multiples modes de pensée.
Et c'est de cela que j'ai besoin pour composer : du temps et de
la disponibilité d'esprit, dans la solitude, histoire de
me représenter toutes sortes de possibilités.
Depuis
quand jouez vous avec Marcus Gilmore et Stephan Crump, et quelles
sont les qualités que vous appréciez chez ces musiciens
?
Je joue avec Marcus depuis six ans et avec Stephan depuis une
dizaine d'années. On a vécu beaucoup de choses ensemble
et, musicalement parlant, il y a maintenant entre nous un degré
de confiance et d'ouverture à l'autre qui me sont très
précieux. Tous deux savent faire en sorte que mes idées
non conventionnelles, improbables, donnent au final une musique
belle et naturelle; grâce à eux ma musique paraît
plus simple qu'elle ne l'est en réalité. Ils font
en permanence des choix extrêmement créatifs qui
en étendent les possibilités, et sont particulièrement
sensibles au son d'ensemble.
D'origine indienne, vous vivez aux Etats-Unis
et votre "historicité " puise parmi les
musiciens de ces pays mais que pensez-vous de la musique française
?
Il y a beaucoup de compositeurs français que j'admire
- Boulez, Murail, Grisey, Messiaen, et bien sûr Chopin,
Berlioz, Saint-Saëns, Debussy, Ravel, Satie, toute cette
école. Mais j'aime aussi la chanson française -
cela va d'Édith Piaf à Serge Gainsbourg en passant
par MC Solaar.
Par ailleurs, j'ai entendu jouer des musiciens français
de jazz et d'autres musiques créatives et je les ai trouvés
extraordinaires - " Magic " Malik Mezzadri, Brice Wassy,
Hervé Samb, Martial Solal, les frères Moutin et
bien d'autres. Mais pour moi, ce n'est pas de la " musique
française. " En fait, elle est internationale. Elle
est née en Amérique, mais ne connaît pas de
frontières.
Merci à Hélène Collon pour la traduction
depuis l'anglais !
Découvrez par le lecteur ci-dessous quelques extraits
et pour vous procurer ce disque.....cliquez
ici
(amazon) ou cliquez
ici(fnac)
Nouveau : vidéo de Vijay Iyer trio : about
"historicity"
(en anglais et musique)
Visitez le site internet de Vijay Iyer...cliquez
ici
Pour visiter la page archive des
"Disques du moment"...cliquez
ici