Bugge Wesseltoft IM

Bugge Wesseltoft
IM

Sous une pochette de couleur noire, voici un disque à écouter de préférence dans le noir car le pianiste norvégien Bugge Wesseltoft offre ici un son de piano très épuré, réclamant la plus haute concentration, et ouvrant à la méditation.

Il faut dire que sa musique est ici inspirée d'un thème aussi des plus noirs : celui de la guerre et des peuples qui vivent dans la peur et l'insécurité. Si Bugge Wesseltoft fait appel à quelques instruments électronique et percussions c'est essentiellement le son du piano acoustique qui domine. Le pianiste jazz en explore les sonorités avec talent, offrant un univers d'une forte résonance intérieure, où vient s'ajouter des bruits et voix naturels, ainsi celle d'une femme congolaise Zawadi Mongane ayant témoigné sur la BBC de son kidnapping au Rwanda. Voix douloureuse encore avec celle de la chanteuse saami Mari Boine sur un morceau : Yoyk, inspiré du chant traditionnel Joik de ce peuple indigène des contrées nordiques.

Heureusement que Bugge Wesseltoft arbore un large sourire sur la photographie ci-dessous car assurément sa musique au contraire respire la tristesse, mais sans doute cette interrogation musicale se veut-elle aussi message d'espoir que cessent ces atrocités dans le monde. Ce disque ne laisse certainement pas indifférent son auditeur. Voir plus bas un extrait vidéo

Biographie de Bugge Wesseltoft
En l'espace de dix ans, le pianiste/compositeur/producteur/artiste Bugge Wesseltoft s'est affirmé comme la force motrice de tout un groupe de musiciens de jazz, non seulement en Norvège, son pays natal, mais également dans l'arène internationale. Partant des sons post-modernes issu de la tradition jazz nordiques style ECM - il se produisit notamment avec Jan Garbarek, Terje Rypdal et Billy Cobham - Bugge opéra peu à peu une transition vers sa propre conception, d'une fraîcheur unique, de la musique jazz. Par la même occasion, il va jusqu'à créer son propre label (qui depuis connaît un franc succès) pour promouvoir cette vision - Jazzland Records !

Quand il rejoint l'ensemble d'Arild Andersen en 1990, son entrée sur la scène jazz annonce un talent qui se forme: il participe à l'œuvre de commande créée par Andersen pour le Vossajazz Festival - Sagn. Cette même année voit également sa participation à l'œuvre commandée à Jan Garbarek par le Molde Jazz Festival, une composition intitulée Molde Cantilce. Avec ces mêmes artistes, Wesseltoft fait ses débuts sur disque pour le label ECM.

En 1991 il rejoint le Terje Rypdal Quintet, et l'année suivante le Jazzpunkensemble de Jon Eberson. Lorsqu'il revient au Vossajazz Festival en 1993, c'est pour la première d'une composition personnelle, A Little War Story, commanditée par ce même festival. Il trouve également le temps de participer à l'œuvre de Sidsel Endresen, commanditée par le Molde Jazz Festival, sans oublier d'enregistrer pour ECM. En continuation de son travail avec Endresen, il enregistre Nightsong avec elle en 1994, et également Arv (Arild Andersen), les deux pour ECM.

En 1995 il fonde son propre groupe - un tournant dans sa carrière - qu'il appelle New Conception of Jazz ; nom qui très vite deviendra la définition du son Bugge. Lorsqu'il décide de créer son propre label pour répandre sa vision musicale - et promouvoir d'autres artistes d'un même esprit - il donne naissance à Jazzland Records, et le premier CD publié sous la marque en 1996 reçoit l'équivalent d'un Grammy en Norvège (le " Spellemannprisen ") - comme de juste, l'album s'intitule New Conception of Jazz. Devenu un classique du 'modern jazz' contemporain, l'album est un alliage, mélange frais de genres qui ne dérangerait ni les habitués des musiques Techno, Deep House ou Ambient, ni les amateurs de jazz, que la forme soit traditionnelle ou expérimentale. Avec différentes configurations de ce groupe, Wesseltoft tourne en Scandinavie, en Europe, aux Etats-Unis et en Asie.

En 1996 il s'implique dans une collaboration avec Billy Cobham qui va durer deux ans (tournées et enregistrements) ; en 1998 il enregistre Duplex Ride avec Sidsel Endresen (Jazzland) et Rites avec Jan Garbarek (ECM). Ce dernier album est accueilli très favorablement par la critique, et Bugge Wesseltoft s'intègre de plus en plus dans la scène musicale norvégienne House/Techno/Ambient, en trouvant de l'inspiration chez des DJ's et artistes tels que Strangefruit, Abstract et Mental Overdrive. Cette inspiration se reflète certainement dans son deuxième opus avec son New Conception of Jazz, intitulé Sharing. C'est une œuvre de pionnier, album acclamé par les médias internationaux, et dont la réussite marque le début de deux années de tournées dans le monde, et des performances sur la plupart des scènes dans les plus importants festivals de jazz. La critique y ressent l'influence de Miles Davis, Chick Corea et même Erik Satie. Sans oublier les attentions des glitterati dans les DJ's : Gilles Peterson, José Padilla, Mixmaster Morris et le collectif culte new-yorkais " Body and Soul " deviennent des aficionados véhéments de l'œuvre de Wesseltoft.

Lorsque Sharing est lancé à l'international en 1999, Bugge Wesseltoft tourne sous l'étendard " New Conception of Jazz ". Le CD est construit selon le même concept que son premier album, fusionnant jazz acoustique avec des accents harmoniques toujours plus Techno. L'objectif de cet album : mélanger deux genres apparemment opposés pour obtenir un bel ensemble chaleureux aux climats divers. Si l'on se fie à l'accueil réservé à cet album par la critique, unanime, le fusionnement des formes était très réussi… Le remix d'Existence (Chilluminati) extrait de l'album devient l'hymne mondial Deep-House/Chill, et Café del Mar le reprend sous licence. Des remixes de You Might Say (Andreas Dorau) se classent premiers des hit-parades Dance en Allemagne, et la version originale de Feel Good par Bugge passe en rotation lourde à la B.B.C. dans les émissions de Gilles Peterson.

Lorsque sort Jazzland Remixed (2000, Jazzland), il rencontre le succès dans les clubs et chez la critique. Wesseltoft tourne dans le monde entier, avec notamment des performances au Festival de Jazz de Montreux, au London & Drum Rhythm Festival (Pays Bas) avec Gilles Peterson, sans oublier ses passages à la télévision ou en club.

Mais c'est surtout l'album Moving publié en 2001 qui apporta la reconnaissance international à Bugge. Pour l'enregistrer (chez lui, dans son propre studio en ville à Oslo), Wesseltoft est rejoint par un casting " all stars " choisi parmi les plus éminents fournisseurs de la Norvège dans le domaine d'un jazz exemplaire aux confins du système solaire. Enregistré " live " en studio, l'album suit deux années de tournées dans toute l'Europe, et fait ressortir naturellement l'empathie construite à l'intérieur du groupe. " Toute la musique est celle du moment, " explique Bugge Wesseltoft. " C'est peut-être pour cela qu'elle possède ce tranchant, parce qu'elle vient d'une musique développée sur place. Change et Yellow is the Color ont des formes mélodiques simples, tandis que Gare du Nord, Lone, Moving et Heim sont seulement des climats crées sur le champ. Le fait qu'on se retrouve tous ensemble dans la même pièce pour jouer en direct nous donnait la même communication directe que nous connaissons sur scène, et c'est ce qui nous permet de développer et d'improviser des formes sur place. C'est de la musique jazz, si tu veux mon avis ! "

Le magazine UK " Mixmag " écrivait ceci à propos de cet album: " Assaut jazz total à l'échelle épique avec attitude house draconienne sur l'aile gauche, époustouflant jusqu'à l'addiction, à la dérive comme des ailes confiées à la tranquillité. Un besoin pour les amateurs de musique, pas pour les amateurs de scènes. "

Moving continue d'incorporer les grooves mélodiques uniques de Bugge dans un paysage sonore où l'on est toujours incertain du prochain tournant ; mais puisque le voyage est tellement délicieux, cela ne dérange pas d'être contraint de pénétrer encore plus loin dans le cœur de sa galaxie.

Out Here, In There (Jazzland, 2002) est enregistré en duo avec Sidsel Endresen, et représente le point culminant d'une relation musicale étroite et partagée qui dure depuis dix ans, et qui continue d'évoluer année après année. Une compréhension mutuelle et un langage musical presque intuitif se révèlent sur cet album, montrant à quel point les deux artistes ont diversifié et grandi : " Nous avons chacun nos projets solo en dehors du duo, alors naturellement nous apportons nos 'centres d'intérêt' et nos différents angles vers ce duo, " dit Sidsel. " C'est peut-être pour ça que ce duo continue son développement. " L'album révèle une création de musique qui constitue une vraie innovation par son élocution originale, et qui témoigne de la force artistique du duo contemporain formé par Sidsel et Bugge, duo qui continue d'évoluer vers le futur.

New Conception of Jazz Live (2003, Jazzland) est une compilation de quelques-uns des meilleurs enregistrements " live " de Wesseltoft qui illustrent le son du " futur jazz ". Exécuté dans un style entièrement free, et en fusionnant le meilleur de l'improvisation et de l'électronica, l'album est un vrai phénomène. Freestyle, sans frontières, et les réactions d'un public en extase, autant d'expériences que l'auditeur peut considérer comme interstellaires

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A noter sur vos agendas : Bugge Wesseltoft sera en concert les 18 et 19 décembre 2007 au Sunside à Paris

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