Debussy Préludes Pascal Gallet PIANO

Debussy
Préludes livre 1
Pascal Gallet, piano

Marie-Rose Carlié présente
les préludes sur des textes
de Marguerite Long

Le pianiste Pascal Gallet accorde une grande importance au rôle social de l'artiste et a notamment créé un projet pédagogique qui a pour but de rendre compréhensible et accessible la musique classique aux plus jeunes. Ce nouvel enregistrement est aussi un exemple de son ouverture et originalité qui l'ont amené à créer des spectacles avec des comédiens tels que Macha Méril, Patrick Topaloff, Bernard Blitis et, ici Marie-Rose Carlié, afin de démocratiser la musique classique notamment en offrant quelques clés de compréhension. Ainsi ce disque, venant de paraître sous le label Maguelone, qui a été enregistré en direct lors d'un concert, couple des textes de la pianiste, professeur réputée, Marguerite Long, avec le premier livre des Préludes de Debussy.
Amie de Ravel et Debussy, Marguerite Long a en effet laissé en 1960, un opuscule intitulé "Au piano avec Debussy" semé d'anecdotes précieuses parait-il, et les extraits déclamés par Marie-Rose Carlié qui lui prête sa voix, permettent en effet d'éveiller les oreilles des auditeurs à une meilleure écoute car ses textes sont particulièrement intéressants, expliquant les sources d'inspiration du compositeur et comment il les jouait ou comment il trouvait les interprétations des pianistes de son époque.... Certes Debussy a lui-même accroché à chacun de ses préludes un titre à la fin de chaque pièce comme un résonnance possible, une suggestion, mais encore faut-il bien deviner ce que ces mots cachent... Vous pourrez écouter plus bas le prélude : "Ce qu'a vu le vent d'ouest" précédé du texte rédigé par Marguerite Long. Un texte qui prend vie sous la diction parfaite de Marie-Rose Carlié qui ouvre l'attention à ce qui va suivre.
On imagine bien que cette mise en situation doit être assez intimidante pour le pianiste appelé à jouer derrière, et c'est un challenge qui a d'ailleurs parfois conduit le pianiste Pascal Gallet à revoir son point de vue sur certains préludes afin de s'accorder avec le texte. Un challenge qui l'a aussi confirmé dans ces choix d'interprétation (ainsi vous pourrez également voir une vidéo plus ancienne où il joue " La cathédrale engloutie", dixième prélude de ce livre, dont le pianiste a toujours ressentit la dramaturgie très forte de l'oeuvre et dont il offre encore dans le disque une interprétation qui exalte tous les contrastes sonores. Ce disque original très réussi intéressera tout autant ceux qui connaissent déjà la musique de Debussy et qui veulent en savoir plus sur ses préludes, et c'est aussi un prélude en lui-même à l'écoute de Debussy pour qui ne connaîtrait pas du tout son oeuvre , ceux-ci étant d'ailleurs" le fruit de la haute maturité du compositeur, une structure refuge qui lui a permis de réaliser son aspiration : " Chercher la discipline dans la liberté" nouvel adage auquel il convient d'ajouter :" Il faut oublier que le piano a des marteaux" , "Le plaisir est la rgle de la musique". "Le piano ? "Laisser le parler" , indique Jean-Claude Fèvre auteur de la présentation du disque.
A noter que ce disque a un caractère tout à fait international puisque en bonus les textes sont offerts lus en anglais par Andre Wolpe.
Que représente Debussy dans votre répertoire et qu’appréciez-vous particulièrement dans la musique de ce compositeur , et que représente pour vous cet enregistrement ?
Debussy est, pour un pianiste, un moment important, un compositeur important. Ce fût pour moi un moment très fort dans ma vie de pianiste, Debussy est un compositeur impressionniste et exige une science des couleurs et du toucher pianistique. L’écoute est alors l’outil indispensable pour réaliser musicalement ce que nous voulons faire et laisser sur un enregistrement une trace de cette approche des sons et des couleurs ;  de mon côté, tout ceci fut aussi possible grâce à mon ingénieur du son -Mr Brouillet et aux pianos Nebout, plus précisément ce cd a été enregistré sur un piano de concert Steingraeber. Nous travaillons ensemble et collaborons maintes fois soit dans des concerts ou lors des enregistrements.
Comment avez–vous eu cette idée originale de coupler de courts texte de Marguerite Long avec des préludes ?
Un de mes ami, grand lecteur qui a une immense culture, a trouvé ces textes et nous avons tous les 3 avec Mme Carlié eu envie de les donner en alternance avec la musique. Tout d’abord, j’ai lu l’intégralité des textes, et réfléchi s’ils pouvaient apporter un élément supplémentaire aux nombreux enregistrements déjà existants sur les préludes. La réponse a été « oui », et je me suis dit aussi « essayons d’apporter une nouvelle vision des préludes de Debussy sans pour autant être présomptueux ».
 Dans quelles circonstances s’est réalisée votre rencontre avec Marie Rose Carlié et qu’appréciez-vous chez cette comédienne par rapport aui rôle confié ici ?
Je connais Mme Carlié depuis l’âge de 18 ans, elle est une grande amie et quelqu'un d’important dans ma vie. Son mari, Louis Fournier, était un grand éditeur de livres ! J’ai entendu à l’âge de 18 ans Mme Carlié dans les fables de La Fontaine et depuis ce temps une grande amitié est née. Mme Carlié est très sensible et a eu une expérience considérable avec de nombreux pianistes.  Elle a aussi rencontré plusieurs écrivains, de grands musiciens et  a aussi participé à de nombreux concerts dans le carde des JMF.
Sur quels critères avez-vous sélectionnés ce livre des préludes de Debussy pour votre récital enregistré sur ce disque ?
Je me suis basé sur les textes de Marguerite Long et exclusivement sur le premier livre des préludes qui va plus loin dans l’univers impressionniste que le deuxième livre. Il ne faut cependant pas oublier les bis que j’ai donnés et qui sont aussi enregistrés, à savoir le Petit Berger et l’étude pour les sonorités opposées.
Vous avez enregistré une intégrale des oeuvres de Jolivet et vos précédents enregistrements étaient consacrés à de la musique romantique, quel travail particulier vous a demandé la musique de Debussy et qu’est–ce qui vous tient le plus à cœur lorsque vous jouez ses œuvres ?
Jolivet est encré dans la terre par une musique forte rythmiquement. Ce fut une belle aventure pour moi. Debussy, lui, est très imagé, la nature, les images l’inspirent. L’âme du poète et du compositeur parle en permanence. Intimisme, flou d’image, suggestion de photos intérieures, suspension…
 Ces préludes demandent une écoute parfaite et sont extrêmement exigeants sur la qualité sonore, la qualité des timbres et du toucher. Il faut être extrêmement concentré pour capter la beauté du son. Un son qui exige beaucoup de finesse, et un son ouaté, sans pour autant ramollir l’émission du toucher et, de ce fait, l’articulation. Si vous voulez, tous les pianistes ont un idéal sonore, souvent il reste à l’état d’idéal mais souvent  les pianistes ne réalisent pas le son émis par le toucher. Il faut donc se connaître parfaitement pour avoir du recul et corriger si nécessaire le rendu sonore et l’affiner. Mon travail a été intense et m’a demandé beaucoup de concentration. J’ai pu rôder ces préludes plusieurs fois avant de les enregistrer. Au début,  je commençais à les apprendre et à découvrir à chaque fois des éléments nouveaux,  par la suite également. L’interprétation dans ces préludes n’est pas figée, elle peut changer souvent mais la première idée reste toujours en quelque sorte la meilleure. Même si elle diffère à chaque concert et aussi dans mon travail. C’est la magie même de la musique qui est un art non figé, et en perpétuel mouvement, raffinement et affinement.
Avez-vous souvent eu l’occasion de présenter ce spectacle nombreuses fois en 2012 et depuis, et est-il programmé en 2014 ? Avez-vous eu notamment des demandes d’établissements particuliers / ce spectacle , notamment de lycées, conservatoires , hôpitaux etc… ?
Nous l’avons souvent donné en 2012 et avons en effet eu des possibilités de programmer ce spectacle en 2014. Nous l’avions bien sur rodé de nombreuses fois, indispensable pour les enchaînements texte - musique. Nous avons des contacts en ce sens , notamment avec la maison de Debussy à St Germain en Laye.. Je construis aussi un spectacle pour les adultes et les enfants avec Christophe Barbier, dans Pierre et le Loup de Prokofieff et Babar de Poulenc. Nous l’avons déjà donné plusieurs fois, Christophe est aussi un grand acteur. Nous serons en concert ensemble le 08 mars 2014 à la Cité des Arts à Paris.
Ici précisément le fait que les textes déclamés par Marie-Rose Carlié indique comment chacune de ces pièces doit être jouée rend-il cela plus dur ou plus facile notamment pour votre concentration mais aussi trac etc… ?
C'est très difficile pour l’interprète car parfois il m’était arrivé de ne pas être complètement en accord avec ce qu’exigeait Marguerite Long, mais j’ai essayé de m’imprégner au maximum de l’authenticité de ces textes par rapport à la musique. Il fallait donc que je reste intègre .
Pouvez-vous donner au moins un exemple où vous n'étiez pas tout à fait d'accord avec le texte de Marguerite Long et qui vous a fait revoir votre interprétation, et au contraire au moins un exemple où vous étiez déjà totalement en accord ?
En effet, je fus un peu déstabilisé en entendant le texte par exemple sur Voiles où Debussy dit qu’il ne faut pas trop exagérer l’interprétation vers une idée de carte postale mais rester dans l’ambiance sonore.  J’avais tendance à prendre trop de liberté de tempi, or ce prélude, si l’on reste plus sobre dans l'interprétation, n’en devient que plus grand et, de ce fait, nous entendons et percevons Voiles.
Pour la Cathédrale engloutie, le texte est tellement fort et tellement exact sur la beauté et l’immense qualité de ce prélude, que mon interprétation était déjà en lien direct avec ce que dit Marguerite long. Peut être est-ce la dimension dramatique de ce prélude qui me parle plus. Par exemple, la 2ème page, les triolets de la main gauche, trop de pianistes font un rubato qui nuit à l’atmosphère sous-jacente de cette page. Cette main gauche, n’est qu’une couleur et amènera l'immense cathédrale, qui retombera par la suite.
Ce disque a été enregistré lors de deux concerts, comment avez-vous vécu ces concerts ?
Bien sûr, mon label a demandé au public de ne pas applaudir entre les pièces de façon à garder une concentration maximum et la société O.P.E.R.A. a été également un soutien important pour l’organisation de ces deux concerts et la réalisation du cd. Il n’y a aucun montage audio. La prise de son est en live, vous savez bien que le live exige d’être très très prêt. J’avais une pression importante avant les concerts. Ce fut une expérience très importante car donner le même jour deux fois ces préludes est aussi un challenge. Je fus aussi très étonné de voir que la première version est totalement différente de la deuxième. Le 1er était presque trop « pianiste », si vous voyez ce que je veux dire :  trop brillant trop éclatant, finalement trop extérieur. J’ai donc privilégié le 2e concert qui était beaucoup plus habité, plus profond. Est-ce la nuit qui arrivait en plein mois de décembre qui m’inspira ? Peut-être… I
Travaillez-vous déjà sur d'autres projets de ce type ou autre projets ?
De nombreux projets sont en cours, un programme Beethoven, les œuvres pour piano de Rodrigo Asturias, entre autre, un enregistrement en avril prochain de la musique de Henri Collet (sortie cd octobre 2014)


Pour écouter
Debussy
Ce qu'a vu le vent d'ouest
Pascal Gallet, piano
avec l'aimable autorisation
du label
Maguelone
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ci-dessous

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A voir Debussy La Cathédrale engloutie, Pascal Gallet, piano Réalisation Attilio Cossu pour France 3, Musiques en mer

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