- Alexandre BORODINE (1833-1887)
Danses Polovtsiennes
- Maurice RAVEL (1845-1937)
Rapsodie Espagnole
- Edvard GRIEG (1843-1907)
2 valses-caprices op. 37
Danses norvégiennes op. 35
-
Samuel BARBER (1910-1981)
Souvenirs op.28
Adelaïde Panaget, piano
Naïri Badal, piano
Voici un disque tout à fait réjouissant d'un duo de pianistes qui ne vous est peut-être pas tout à fait inconnu si vous venez régulièrement visiter pianobleu.com puisqu'il vous avait été présenté à l'occasion d'un récital humanitaire en janvier 2013. Il n'est pas impossible non plus que vous ayez pu découvrir chaque pianiste séparément puisque chacune est lauréate de divers concours internationaux de piano, mais c'est ensemble qu'elles font le plus d'étincelles, avec ce duo, qu'elles ont constitué en 2007 et dont le nom "Jatekok" signifie "Jeux" en hongrois, dans l'idée d'amusement et de plaisir partagé avec le public.
Ainsi à leur palmarés de prix, déjà nombreux, elles ont ajouté récemment celui du Concours international de Gand qu'elles ont remporté en 2013, et elles ont été invitées la même année en résidence à la prestigieuse Chapelle musicale Reine Elisabeth de Belgique.
Pour ce premier enregistrement, qui paraît sous le label Mirare, le duo a choisi de nous inviter à une promenade autour de la danse à travers des oeuvres "miniatures" dans leur version pour piano à quatre mains. Des pièces qui ont marqué la création de leur duo, ainsi dans l'entretien publié dans le livret, on apprend que c'est Brigitte Engerer, aujourdhui disparu, et qui fut le professeur de Naïri Badal, qui les a encouragées a enregistré les Danses Polovstiennes de Borodine dans cette version pour piano 4 mains. " On y sent beaucoup l'influence du folklore. avec ces accents rythmiques à contretemps dont nous avons voulu marquer l'ardeur sauvage" déclare le duo, et effectivement ces miniuatures sont très spectaculaires, ces pièces, peu souvent jouées, sont à découvrir !
La "Rapsodie espagnole" de Ravel est plus connue, il en existe multiples versions, elle est plus réputée dans sa version orchestrale pourtant la première version était destinée pour deux pianos, vous pourrez voir plus bas dans cette page que le duo la joue dans une version à quatre mains sur un seul piano. "Dans cette musique très riche, l'écriture à quatre mains est particulière, car il n'ya pas l'organisation habituelle dans cette formation, c'est à dire un pianiste jouant les basses, l'autre l'autre se réservant la mélodie. En fait les motifs pas d'une partie à l'autre, se croisent, se répondent. " ...une manière particulière de jouer qui ne fait que contribuer à la fête pianistique ainsi offerte en final de cette suite et absolument fabuleuse ! Une fête qui se rapproche peu à peu au fil de la suite qui débute par un "Prélude à la nuit" qui plante un splendide décor et est suivi de deux danses pleine de sensualité "Malaguenña" et "Habanera"
Le compositeur Grieg par contre aimait particulièrement joué du piano à quatre mains, des oeuvres qu'il jouait souvent avec sa femme Nina, mais là encore ces pièces sont plus connues dans leur version orchestrale, une version qui a d'ailleurs été réalisée par l'altiste et violoniste Hans Sitt , quelques années plus tard après que Grieg les aient écrites lors de l'été 1881, en quelques semaines, inspiré par des mélodies réunies par le compositeur norvégien Ludvig Lindeman et le duo Jatekok indique : " ... il va aux sources du folklore de son pays, même si la vraie imprégnation de danses populaires s'est révélée à nous par le rythme. Il nous parait plutôt que Grieg est arrivé à une émanation idéalisée des rythmes populaires norvégiens, menant vers l'évocation d'un état d'âme". Vous pourrez écouter plus bas dans cette page la première d'entre elles, qui certes n'est pas si miniature que cela ( plus de six minutes) mais vous pourrez constater que cet "allegro marcato" pourrait se décomposer en plusieurs miniatures, traversée par différents états d'âme elle-même, attention à la fausse fin vers 1mn32... et les "espiègleries", alternances de rythmes et couleurs, ne manquent pas dans cette pièce comme dans les autres , toutes surprenantes !
Pour terminer ce programme, les pianistes ont choisi un cycle de six pièces de Samuel Barber, un compositeur qui, bien que pianiste, a peu écrit pour cet instrument. Ce cycle a par contre également été écrit à l'origine pour piano à 4 mains, puis orchestré et créé sous la forme d'un ballet. Des pièces que Barber a traitées avec "beaucoup d'humour comme l'aurait fait Charlie Chaplin dans ses films muets" , commente le duo Jatebok "d'une seule voix" , précisant notamment : "Barber y réunit des danses do'rigines différentes, de la valse viennoise , un peu parodique, à la Schottische aux rythmes amusants, en passant par l'humour de Two-Step et par l'élégance d'Hesitation-Tango". ... omettant de citer précisément le "Galop" qui clot ce disque dans un rythme qui correspond encore parfaitement à la vivacité et au dynamisme du duo ! Un disque absolument énergisant, et donc idéal pour sortir de notre éventuelle hibernation !
En concert bientôt :
Samedi 7 février 2015 à 17h au Théâtre de Nîmes , puis, au Théâtre de Clermont-l'hérault, les dimanche 22 à 20h et lundi 23 février à 14h (concert scolaire autour de ma mère l'Oye de Ravel) , le 15 mars à Paris à 15h Eglise de la rédemption, Paris 9ème.
Duo Jatekok
Dès leur plus jeune âge Adélaïde Panaget et Naïri Badal se rencontrent au cours de leurs études musicales et développent une approche pianistique similaire. Après leur parcours au Conservatoire de Paris dans les classes de Brigitte Engerer et Nicholas Angelich, elles se perfectionnent auprès de Claire Desert et Ami Flammer. Leur amitié et leur sensibilité artistique communes les amènent à créer en 2007 le Duo Jatekok qui s'impose rapidement comme l'un des plus prometteurs de sa génération.
Elles ont remporté de nombreux concours internationaux, notamment à Gand en 2013 et à Rome en 2011 ainsi que le prix de la musique contemporaine au forum musical de Normandie en 2012. Par ailleurs, elles ont été invitées en résidence à la prestigieuse Chapelle musicale Reine Elisabeth de Belgique, sous la direction du Quatuor Artémis.
Le dynamisme et l’enthousiasme qu’elles procurent leur a valu d’être invitées dans de nombreux festivals et scènes internationales. On a pu ainsi les entendre dans des festivals tels que La Roque d’Anthéron, les Folles journées, le festival Debussy, Jeunes talents, Classissimo, festival à la Française, les Electrons Libres du Conservatoire, Musikenvignes… On a pu également les entendre à Paris : les Invalides, le Musée de la Marine et la Cité de la Musique les ont accueillies, ainsi qu'à la salle Flagey à Bruxelles, le musée Dvorak à Prague, le théâtre Borsellino en Sicile, l’auditorium del Massimo à Rome, l’Opéra de Varsovie…
Toujours curieuses de découvrir de nouvelles oeuvres, elles jonglent entre répertoire classique et création d’oeuvres contemporaines et prennent plaisir à réunir comédiens, musiciens, danseurs et compositeurs autour de projets originaux. Elles ont créé en 2013 le quatuor Jatekok avec les percussionnistes de l’Opéra de Paris et de l’orchestre de Radio France, Jean-Baptiste Leclère et Nicolas Lamothe.
Pour écouter
Edvard Grieg (1843-1907)
Danses norvégiennes op.35
Allegro marcato
Duo Jatekok
Adelaïde Panaget, piano
Naïri Badal, piano
avec l'aimable autorisation
du label Mirare
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