Vous saurez tout sur Beethoven avec le pianiste Giovanni Bellucci
Le
pianiste international Giovanni Bellucci prend la direction artistique
d'un projet hors du commun :
Beethoven dans sa démesure, " Tout sur Moi " :
les 32 sonates ,
les 9 symphonies transcrites pour le piano par Franz Liszt
Une folie jamais tentée à ce jour !
Giovanni Bellucci propose un concept novateur et inattendu : 15 talk-récitals
répartis sur 3 ans dans le pays de Maurienne. 15 rendez-vous
insolites, dans des lieux rares, avec des invités du monde de
la musique, du sport, de la littérature, des apprentis des métiers
de la montagne, des philosophes...
Bref vous saurez tout sur Beethoven si vous avez la chance d'habitez
dans le pays de Maurienne !
" Mes modèles sont Socrate et Jésus "
a écrit le maitre de Bonn dans ses cahiers de conversation en
1820... le public du pianiste Giovanni
Bellucci et de ses invités sera " Vous "
: tous ceux qui bien-sûr ont entendu parler de Socrate et de Jésus,
mais aussi de Beethoven, parfois, et de musique. Le public des amateurs
- de ceux qui aiment - et surtout de ceux qui sont avides de découvrir
: le vrai public.
Rendez-vous de la première année :
TALK-RECITAL 1
9 avril 2013
ST MICHEL DE MAURIENNE
"Le destin qui frappe à la porte"
23ème Sonate op. 57 "Appassionata" et 5ème Symphonie
dans la transcription pour le piano par Franz Liszt - oeuvres interprétées
au piano par G. Bellucci
" Une telle création se situe au-dessus de la musique,
ce ne sont plus des flûtes, des cors, des violons et des contrebasses
que l'on entend, c'est le monde, l'univers qui s'ébranle "
La Revue musicale, 1828, lors de la création parisienne de la
5ème Symphonie.
dialogue entre GIOVANNI BELLUCCI - pianiste - et FREDERIC LODEON -
producteur à Radio France -
TALK-RECITAL 2
2 juin 2013
MODANE
" L'immortelle Bien-Aimée"
Andante favori WoO 57, 4ème Sonate op. 7, 13ème Sonate
op. 27 n. 1 et 14ème Sonate op. 27 n. 2 "Clair de lune"
- oeuvres interprétées au piano par G. Bellucci
"à jamais à toi - à jamais à moi
- à jamais à nous"
L. v. Beethoven
Lecture de correspondance... Une diversité d'états d'âme
à l'image des sensibles variations qui caractérisent son
oeuvre immortelle, et mystérieuse... comme l'identité
de sa bien-aimée.
avec GIOVANNI BELLUCCI - pianiste - et BRIGITTE FOSSEY - actrice -
TALK-RECITAL 3
14 septembre 2013
AVRIEUX
" Heiligenstadt, 6 Octobre 1802"
16ème Sonate op. 31 n. 1, 17ème Sonate op. 31 n. 2 "La
Tempête" , 18ème Sonate op. 31 n. 3 "La chasse"-
oeuvres interprétées au piano par G. Bellucci
Autour d'une lettre écrite par le compositeur, et jamais envoyée
à ses destinataires... Beethoven exprime son désespoir
devant sa surdité débutante. Les sonates témoignent
des luttes entre tragédie (la Tempête shakespearienne)
et dérision (évoqué par des traits humoristiques
relevant presque de la comédie de la Sonate op. 31 n. 1). L'art
est perçu comme remède à la dépression,
autant que l'expression de sentiments immédiats et intenses...
dialogue entre GIOVANNI BELLUCCI - pianiste - et RENE KOERING - compositeur,
metteur en scène, fondateur du festival de Radio-France et Montpellier-Languedoc
Roussillon
Les rendez-vous des deuxième et troisième années
explorent les liens qui unissent Beethoven à la danse, à
la recherche de soi-même, au sublime, à l'héroïsme,
à l'excentricité... autant de facettes qui disent "
tout sur moi ", tout sur Beethoven, sous les regards croisés
de Giovanni Bellucci et ses invités !
REFLEXIONS
D'UN INTERPRETE
notes au projet Beethoven de Giovanni Bellucci "Les 32 sonates
et le 9 symphonies au piano"
Cet imposant projet représente la concrétisation discographique
- et, bien sûr, au concert - de mon désir de relire les
32 Sonates pour piano de Beethoven, à travers l'expérience
des 9 Symphonies. J'ai estimé intéressant de concevoir
des programmes monographiques de récital contenant une Symphonie
de Beethoven dans la transcription de Liszt et certaines Sonates, associant
des compositions qui ne sont pas nécessairement liées
par des affinités chronologiques ou structurelles; au contraire,
j'ai plutôt fait des choix visant à souligner les différences
de style qui distinguent l'oeuvre du maître de Bonn, dessinant
le portrait d'un compositeur poétiquement hétérogène,
presque un " acteur de genre ", capable de métaboliser
sans préjugés - et d'ennoblir - tout ce que le monde musical
qui lui est contemporain offre de plus intéressant. Jusqu'à
aujourd'hui, à ma connaissance, l'intégrale des Sonates
et des Symphonies de Beethoven n'a encore été affrontée
par aucun pianiste.
Quel est le rapport entre la " partition de piano " (Liszt
même avait ainsi nommé sa transcription des Symphonies)
avec l'originel beethovenien ?
Selon Busoni, qui a été le plus grand pianiste-compositeur
italien et l'un des interprètes de Liszt les plus appréciés
et illuminés, nous savons que toute notation écrite est,
en soi, une transcription de la pensée musicale abstraite. Beethoven,
quand il a transcrit son idée sur la portée, a transféré
une idée abstraite dans un contexte pianistique. L'impalpable
idée beethovenienne, trouvant sa matérialisation pianistique
dans les 32 Sonates est évidemment à l'origine des 9 Symphonies.
En effet, nous pouvons remarquer que les matériaux constituant
les Symphonies sont souvent les mêmes où les Sonates pour
piano les plus importantes ont puisé leur sève : il suffira
de penser au " thème du destin qui toque à la porte
", un incipit lapidaire présent non seulement dans la Cinquième
Symphonie, mais également dans les Sonates " La Tempête
" et la " Appassionata".
Si l'on pousse la pensée de Busoni à ses conséquences
extrêmes, on peut se convaincre du fait que l'exécution
musicale, la matérialisation sonore vivante dans l'éternel
présent, composée de différentiations de timbre,
d'articulations particulières du phrasé est en soi une
sorte d'énième transcription de l'idée originaire
du compositeur ; tout exécutant, pour se définir interprète,
devrait aussi se mettre dans la vision du chercheur passionné
et consciencieux, qui fait un voyage à rebours, tout en essayant
de récupérer l'idée abstraite génératrice.
Liszt, le compositeur prophétiquement tourné vers l'avenir,
le grand virtuose, a vécu plusieurs années de son existence
multiforme dans l'objectif de nous révéler la grandeur
de certains compositeurs comme Beethoven, Berlioz et Wagner en premier.
Dans les transcriptions, Liszt n'opère pas un transfert servile
des notes de la partition orchestrale dans les deux portées du
piano. Etant un véritable interprète, Liszt songe au son
de la pensée originale, l'image abstraite du timbre musical et
il essaie de trouver un geste pianistique traduisant cette idée,
qui au début était destinée à un moyen orchestral.
J'ai retrouvé des exemples surprenants de cette habilité
lisztienne dans les partitions pianistiques des Symphonies de Beethoven
mais aussi dans la version pianistique de la Symphonie Fantastique de
Berlioz, où parfois Liszt ne transcrit pas ce qu'il voit dans
la partition, mais il recrée le même effet que celui de
la version orchestrale à travers une récréation
pianistique très originale, rationnelle et compacte.
Liszt a été le plus important des transcripteurs pour
piano, car il possédait toutes les qualités nécessaires
à mettre en oeuvre ce qu'il définissait lui-même
comme " la tâche du transcripteur consciencieux " .
Il a été un grand pianiste, un grand compositeur, un homme
de grande culture et sensibilité. En définitive, le fait
d'affronter les 9 Symphonies de Beethoven/Liszt mène le pianiste
à se plonger dans l'aura typiquement beethovenienne, dans une
forme d'interpénétration avec le langage de l'Auteur qui
ne peut que se refléter dans l'interprétation des 32 Sonates.
En ce qui concerne les 32 Sonates, j'ai parlé d'esthétique
du caractéristique. Dans l'évolution des 32 Sonates nous
trouvons en tous cas des caractères et des poids spécifiques
différents.
Nous avons l'habitude de considérer Beethoven comme un compositeur
monolithique, à l'aise dans les grandes formes, à dimension
titanesque, et forcément nous en identifions le style en considérant
sa production de la période du milieu, de l'Héroïque
à la Cinquième Symphonie, à la Sonate op.57 "
Appassionata ". Au contraire, dans sa jeunesse, il a accumulé
une telle quantité d'expériences et il a étudié
autant de styles différents (du Empfindsamkeit de Carl Philipp
Emanuel Bach, à la vocalise italienne au travers des enseignements
de Salieri), qu'il était presque incapable de définir
rapidement son propre style. Par rapport à d'autres compositeurs,
Beethoven a commencé très tard à attribuer des
numéros à ses compositions. Beethoven a métabolisé
des éléments provenant de la musique populaire, du langage
polyphonique de Haendel, du théâtre musical de Mozart,
ainsi que de la musique de " consommation " de son époque.
Des réminiscences d'expériences liées au rapport
avec la Nature (débouchant sur la Symphonie Pastorale et la Sonate
Homonyme) servent de procédés de purification de l'esprit,
comme des éléments émancipés d'une connotation
intellectuelle. Ces éléments, mystérieusement captés
par ce radar particulier qui était sa sensibilité (talent
que son handicap auditif n'avait fait que renforcer) sont choisis par
Beethoven pour donner lieu à des réactions en chaîne
très raffinées, dans un processus générateur
de ses oeuvres.
Il s'ensuit que, dépassant les obstacles psychologiques imposés
à l'auditeur par les titres - souvent apocryphes - donnés
aux Sonates les plus fameuses, " Claire de Lune ", "
La Tempête", " Pathétique ", les 32 Sonates
m'apparaissent comme des organismes ayant une cohérence lucide
formelle et d'une intensité particulièrement émotive,
qui grandit exponentiellement avec le perfectionnement de la science
de composition de celui qui se définit " Tondichter ",
à savoir le Poète des sons: Ludwig van Beethoven.
A voir... un reportage de la télévision italienne RAI
en musique et italien sur un autre projet Beethoven qu'il a mené
récemment à l' Accademia Nazionale di Santa Cecilia, Rome
.
Et bien sûr visitez la page qui lui est consacrée sur piano
bleu avec la présentation de plusieurs disques de sonates de
Beethoven et transcription par Liszt de symphonies de Beethoven .