Nocturne en ut dièse mineur op Posth
Nocturne en si bémol majeur op.9 n°1
Nocturne en si bémol majeur op.55 n°2
Barcarolle en fa dièse majeur op.60
Polonaise-Fantaisie en la bémol majeur op.61
Scherzo n°4 en mi majeur op.54
Etude en la bémol majeur op.10 n°10
Etude en sol bémol majeur op.10 n°5
Grande Valse Brillante en la mineur, op.34 n°2
Le pianiste Jean-Marc Luisada a déjà enregistré
nombreux disques d'oeuvres de Chopin, il revient avec un nouveau
récital de ce compositeur qui tient une place de prédilection
dans son répertoire. Le musicologue Jean-Jacques Velly
auteur du livret de ce disque donne une très belle image
des programmes consacrés à ce compositeur : "Un
récital d'oeuvres de Chopin" se présente toujours
comme la carte variée d'un restaurant gastronomique où
les meilleurs saveurs peuvent s'accorder l'une aux autres et s'enrichir
mutuellement. La qualité est au rendez-vous , on
y trouve toujours quelque chose à son goût et il
en résulte une satisfaction de fin gourmet" .
Mais pour réussir ses "plats" et que la dégustation
soit des plus satisfaisantes encore faut-il derrière le
piano un "chef" expert en la matière ce qu'est
bien sûr Jean-Marc Luisada qui a bien voulu révèler
les secrets de cette nouvelle "carte" qui ravira les
oreilles de tous ses auditeurs.
Selon quelle logique avez vous bâti
ce nouveau disque Chopin ?
C'est un disque qui m'est très cher : il est un petit
peu le résultat de mon parcours musical. Je voulais enregistrer
la Barcarolle depuis fort longtemps, mais l'avait programmé
et déprogrammé une vingtaine de fois parce que je
'n'en étais pas satisfait. Par ailleurs la Polonaise-Fantaisie
et le 4ème scherzo faisait partie de mon tout premier enregistrement
chez Harmonic records mais avec le recul j'ai trouvé assez
prétentieux de ma part d'avoir enregistré des oeuvres
aussi fortes et aussi difficiles qui n'étaient pas de mon
niveau à ce moment là. Là je pense que le
moment était venu de les enregistrer. Le nocturne en mi
bémol mineur est la première oeuvre de Chopin que
j'ai travaillé au conservatoire de Paris, les études
m'ont également suivi toute ma vie : j'ai eu mon prix de
piano (au CNSMDP) avec l'étude en la bémol. J'aimerai
un jour enregistrer toutes les études car se sont des oeuvres
sublimes mais très difficiles, on peut passer une vie entière
avec elles . J'ai voulu construire le disque comme un récital
avec une entrée poétique, des oeuvres profondes,
un oeuvre de bravoure, puis des pièces vives et terminer
sur la mélancolie.
Il paraît que la Grande Valse brillante
en la mineur était la valse préférée
de Chopin, est-ce également la votre ?
C'est la plus mélancolique. Je suis content de l'avoir
réenregistrée puisque j'avais déjà
enregistrée toutes les valses, je pense qu'elle a pris
un peu plus d'étoffe et en fait je n'aime plus du tout
mon enregistrement des valses de Chopin que j'avais réalisé
il y a des années
A ce propos lors de votre précédent
interview vous indiquiez en annonçant ce disque à
paraître que cet enregistrement a été réalisé
au Japon et en étiez extrêmement satisfait, réécoutez
vous souvent vos enregistrements et restez-vous satisfait ou bien
n'aimez-vous pas vous réécouter ?
Effectivement il m'arrive souvent de ne plus aimer ce que j'ai
enregistré et parfois même au bout de trois mois
mais pour celui-ci c'est la première fois que j'enregistrais
au Japon et cela a été organisé de telle
manière que tout soit parfait, contrairement à la
plupart de mes autres enregistrements où il y avait soit
un problème d'acoustique, de bruits extérieurs(j'ai
même eu un marteau piqueur et il fallait alors s'arrêter
en cours d'enregistrement), de température, de piano non
satisfaisant... mais là j'ai pu avoir les meilleures conditions
et avec moi le meilleur accordeur : Kazuto Osato qui est un technicien
du piano extraordinaire, véritable magicien et tout s'est
bien passé et je viens de ré-enregistrer il y a
moins d'un mois l'intégrale des mazurkas de Chopin et avec
le quatuor Modigliani je viens également d'enregistrer
la Truite de Schubert et le Quintet de Brahms toujours au Japon
. Et je vais aussi enregistrer l'intégrale des nocturnes
de Chopin.
Personnellement préférez-vous
le Chopin des nocturnes, des études ou des valses ? Pourquoi
?
Les trois sont sublimement beaux , il faut jouer les valses
en effaçant le côté salonnard ce sont de vrais
chefs-d'oeuvre d'une grande densité, les études
sont de véritables poèmes et bien supérieures
aux études d'exécution transcendante de Franz Liszt,
elles sont plus difficiles finalement car si on n'y met que de
la technique l'oeuvre devient complètement plate, il faut
que l'inspiration soit toujours là. Quant aux nocturnes
se sont aussi de très grandes oeuvres, difficiles : il
faut savoir trouver de la simplicité et transparence alors
que Chopin a écrit beaucoup de notes, beaucoup de fioritures.
Considérez-vous que les pièces
isolées telles la Barcarolle et la Polonaise Fantaisie
sont encore plus riches que les pièces de ces cycles ?
Pour moi la Polonaise Fantaisie est la plus belle pièce
de Chopin, la plus désespérée avec des accents
romantique, la plus "chopinesque" mais c'est du Chopin
un peu aride avec des grands éclats romantiques qui sont
tout de suite brisés par la tristesse. Quant à la
Barcarolle je la considère comme le Tristan et Iseult du
piano par son chromatisme Wagnerien alors que Wagner est arrivé
après et d'ailleurs Wagner s'est inspiré bien plus
de Chopin que de Liszt. C'est plein de brisures de tons et d'atmosphère,
et je crois que Chopin avait dit que cette musique, qu'il a écrite
alors qu'il était dans une période de disputes à
Nohant, lui faisait penser aux brisures de la vaisselle cassée.
Ces deux oeuvres sont mes préférées avec
la quatrième ballade que je n'ai pas encore enregistrée.
Avez-vous souvent l'occasion de donner
des concerts uniquement consacré à ce seul compositeur ?
Je l'ai fait plusieurs fois mais je préfère faire
des récitals plus variés. Je trouve cela extrêmement
fatiguant car cela demande une concentration intense. J'ai souvent
joué l'intégrale de mazurkas que je redonnerai d'ailleurs
bientôt : le 18 janvier 2008 à Sucy-en-Brie et l'été
prochain je vais me lancer dans l'intégrale de nocturnes
de Chopin mais c'est une gageure car c'est à la fois difficile
pour moi et le public.
Pensez-vous
que l'oeuvre de Chopin doit plutôt être interprétée
dans des petites salles pour mieux atteindre le public ?
Oui tout à fait, je pense que l'idéal est 300-400
places c'est mieux d'une part pour le pianiste : on force moins,
le son est plus naturel et mieux pour le public, plus proche,
on a l'impression de jouer pour chaque personne individuellement.
Vous êtes également enseignant
à l'école normale de musique de Paris, quel est
le conseil majeur que vous donnez à vos élèves
interprétant Chopin ?
Le conseil c'est de faire exactement ce que Chopin voulait avec
les phrasés extrêmement savant et de respecter la
pédalisation qui est sublime, le jouer simplement, aussi
classique que Beethoven et avec une sonorité romantique,
à ce moment là naîtra le rubato, mais si le
rubato se fabrique cela devient quelque chose d'assez bancal.
Comme Mozart il se rapproche de la voix humaine, en chantant,
en respirant, on sait comment accentuée telle note...
Pour écouter l'étude
en sol bémol majeur op10 n°5 de Chopin
interprétée par Jean-Marc Luisada
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