La Méthode Pianorama pour débutants PIANO

La Méthode Pianorama
pour Débutants
Dominique Le Guern et Roger Cohen

En cette période de rentrée, voici à découvrir une méthode pour débutants en piano, parue l'été dernier, qui a déjà été adoptée par nombreux professeurs. Celle-ci a la particularité d'être très progressive.
Effectivement, à la feuilleter de la première à la dernière page ( 122 pages) , on imagine bien que le débutant sera rassuré par le "travail" qui l'attend, d'autant plus que la méthode est aérée et joliment illustrée.

La joie des commencements étant un facteur-clé dans la réussite de l’apprentissage et la construction du rapport au piano, la présentation et la musicalité ont été particulièrement soignés : la mise en page est claire et richement illustrée, et les morceaux offrent une large palette de rythmes, de mélodies et d’univers, à travers un répertoire d’airs et de morceaux connus ou à découvrir.
Faire démarrer l'apprentissage du piano en douceur, c'est sans nul doute un bon moyen pour ne pas décourager l'élève ! Une méthode d'ailleurs testée auparavant par les deux professeurs qui l'ont conçue : Dominique Le Guern, Professeur au CRR de Montpellier (jusqu’en 2013), au CRC de Suresnes depuis 2014 et Roger Cohen, enseignement du piano au CRR de St-Maur et au CRD de Marne-La-Vallée.
Ils se sont appuyés aussi sur une enquête auprès de professeurs de piano travaillant dans des structures différentes telles que conservatoires, écoles de musique et cours privés afin d’élaborer une méthodologie en adéquation avec la réalité des cours de piano et le rythme d’assimilation actuel des élèves, tout en conservant le degré d’exigence essentiel à la pratique de cet art. L’esprit de cette méthode est de conjuguer rigueur de l’apprentissage et plaisir de la musicalité, dans une logique moderne, avec une progressivité ajustée, prenant en compte le temps de l’imagination, la volonté de progrès, la construction des repères.
Et Dominique Guern, qui a bien voulu répondre à quelques questions pour la présenter, appréhende la rentrée avec le sourire ! Vous aussi ?...
Il existe multiples méthodes de piano pour les débutants, la vôtre se caractérise notamment par sa progressivité plus lente et le fait qu’elle est conçue uniquement pour un travail professeur/élève, qu’est-ce qui explique ce besoin d’une telle méthode aujourd’hui seulement, les élèves travaillent-ils moins ou plus lentement qu’autrefois avec leur professeur ?
Avant tout il est important de souligner que nous avons bâti notre méthode sur un constat, après avoir mené une enquête auprès d’un échantillonnage de professeurs (environ 30 personnes), travaillant dans des structures différentes telles que conservatoires, écoles de musique et cours privés. A la suite d’un petit questionnaire que nous leur avons soumis, une constante revenait sans cesse : « Les méthodes, aujourd’hui sur le marché, ont tendance à être trop rapides »
Cependant les élèves d’aujourd’hui ne sont pas différents de ceux d’autrefois. Toutefois il a toujours existé des enfants ayant plus de difficultés que d’autres. L’idéal serait une méthode « par élève » en fonction du propre rythme de chacun. En écrivant une méthode qui avance plus lentement, cela permet au professeur de s’adapter au mieux à chaque enfant soit, en jouant tous les morceaux pour approfondir le concept abordé, soit en sautant des pages pour avancer plus vite et ainsi passer au concept suivant.
Cette méthode est-elle plus ludique qu’une autre, est-elle uniquement destinée à de jeunes enfants ?
Sans être plus ludique qu’une autre, elle l’est dans le sens où la mise en page est claire et aérée, les illustrations plaisent aux enfants et la notion de « voyage du centre de la terre vers le ciel » qui en est le fil conducteur raconte une histoire. Les pages destinées aux jeux, énigmes et compositions aiguisent leur curiosité et les nombreux quatre mains présents tout au long du recueil leur font découvrir la polyphonie et l’écoute.
Elle a été conçue principalement pour la tranche 7-8 ans, âge auquel de nombreux enfants commencent la musique, soit dans un cursus de 1er cycle dans les conservatoires, soit en cours privés, mais peut tout à fait s’adapter à des enfants un peu plus âgés car le contenu, qu’il soit musical ou illustratif, n’est jamais désuet. Nous avons attaché un soin tout particulier à la qualité musicale du moindre exercice.
Bien sûr il est toujours préférable de bénéficier de conseils de professeurs lorsqu’on débute mais certaines méthodes sont conçues aussi pour un travail seul, notamment lorsqu’elles visent un public aussi plus âgé, la vôtre comporte très peu de texte explicatif et n’est pas accompagnée de disque ?
Comme cela a été dit précédemment, la tranche d’âge visée concerne plutôt les jeunes enfants, un âge où l’on apprend rarement les choses (musique, sport, langues…) seul. Un encadrement est nécessaire. Cela explique aussi le fait qu’il y ait peu de textes explicatifs. Dans notre expérience de professeur, on constate que les enfants lisent rarement les textes explicatifs, les professeurs aussi d’ailleurs, puisqu’ils connaissent les réponses. Par contre ils apportent à leurs élèves leurs explications avec leurs mots à eux et le contact ainsi que la compréhension passent mieux. Nous avons donc choisi de ne mettre que l’essentiel en quelques mots, comme un « pense-bête » de façon à se souvenir de la nouveauté apprise sur la page.
Le choix de ne pas mettre de CD a plusieurs origines. Les morceaux sont suffisamment simples pour que les élèves arrivent à les jouer rapidement sans difficulté. Si nécessaire le professeur va les lui jouer, et quoi de plus instructif pour l’élève que d’entendre mais surtout de « voir » comment le professeur fait, les gestes qu’il utilise. La troisième raison est plus d’ordre économique, le coût du recueil serait alors plus élevé pour les familles.
En quoi est-ce cependant plus une méthode qu’un recueil de partitions pour débutant ?
C’est plus une méthode qu’un recueil de morceaux, car on ouvre la première page alors que l’on est entièrement débutant. A chaque paragraphe apparaît une difficulté pianistique nouvelle qu’il convient d’approfondir avant de passer à la suivante, les morceaux sont très courts et sollicitent la nouvelle difficulté d’abord à la main droite puis systématiquement à la main gauche. Il y apparaît donc une vraie méthode d’apprentissage de l’instrument.
L’ordre global de la méthode doit être respecté si l’enfant est complètement débutant mais on peut sauter certains morceaux qui sont des approfondissements du concept abordé dès que le professeur juge que le dit concept est acquis. Par contre le fait de sauter un paragraphe entier posera un problème dans le sens où les concepts qui y sont abordés seront présents mais non expliqués dans le paragraphe suivant où de nouvelles difficultés apparaîtront.
Le fait d’imposer une méthode à des professeurs sans leur laisser la liberté de choix ne peut-il être un obstacle, ou bien au contraire pensez-vous que certains professeurs ont besoin d’aide pour établir un plan d’étude ?
Je crois qu’aucun professeur ne se laisse imposer une méthode. Il adhère ou pas à un recueil et a le choix ou non de l’utiliser comme support avec ses propres élèves. Certains sont contents de trouver dans une méthode un fil conducteur pour exercer leur pédagogie, d’autres préfèrent se référer à plusieurs ouvrages et effectuer leur propre mix.
Vous envisagez la musique comme une pratique globale, à savoir il faut jouer mais aussi écouter, déchiffrer, élargir le répertoire et son horizon autant que faire se peut, n’est-ce pas ce que tous les professeurs d’aujourd’hui font ? Et en quoi retrouve-t-on tous ces aspects dans votre méthode ? N’aurait-il pas par exemple été possible d’ajouter quelques conseils d’écoute d’œuvres et envisager d’ajouter un disque si ce n’est des des pièces jouées d’autres oeuvres plus connues ?
Oui certainement, beaucoup de professeurs envisagent la musique comme une pratique globale, d’autres préfèrent plus se  spécialiser dans certains domaines. Je crois pour ma part que, comme disait Montaigne : « Enseigner, ce n’est pas remplir un vase mais allumer un feu ».
Mon objectif est de rendre un élève le plus tôt possible autonome face à une partition. Pour cela il faut une bonne méthode de travail et allumer la flamme. (Ici j’utilise le mot méthode au sens premier du terme)
Les « conseils » pour l’écoute des œuvres ne parleront pas à un enfant de 8 ans. Il faut lui faire écouter les œuvres et les lui expliquer en direct. Cela a très bien été fait, entre autre, par Léonard Bernstein (Young people’s concerts). Malheureusement, les professeurs d’instruments n’ont pas le temps dans les conservatoires. Par contre les professeurs de formation musicale font cela très bien.
Vous avez réalisé cette méthode avec Roger Cohen, comment vous êtes-vous coordonnés et avez partagé la réalisation ?
Tout d’abord a été fait le plan : Les concepts que nous voulions aborder puis dans quel ordre. Ensuite, tous les morceaux, y compris les petits airs issus du folklore français ou étranger et les quatre mains ont été écrits puis corrigés et peaufinés et améliorés ensemble. Aucun titre n’est écrit par un seul auteur. Cela donne une vraie homogénéité dans l’écriture et le sens musical de tout le recueil. Nous nous sommes rencontrés chaque semaine pendant un an à raison d’une à deux séances de plusieurs heures pour écrire, discuter et retravailler sur tous les textes, musicaux et autres, sans jamais perdre de vue le plan que nous avions fixé.
Pouvez-vous en dire plus sur le plan que vous avez choisi ?
Comme la plupart des méthodes récentes, et à partir de cette tranche d’âge, nous avons fait le choix de débuter avec les deux mains posées sur le clavier en mode alterné. Cette approche permet de traiter de manière égale la main gauche et la main droite sans développer d’appréhension.  On pose 3 doigts, puis 4 puis 5 à la main droite ainsi qu’à la main gauche. Les notions de legato et staccato apparaissent très vite. Puis les mains ensemble dans une position simple avec le DO au milieu. Tous les concepts qui apparaissent ensuite (indépendance des mains, altérations, extensions des doigts…) sont systématiquement appliqués à la main droite puis à la main gauche.
Chaque paragraphe est composé de petits exercices simples puis de petits morceaux plus longs et pour finir un quatre mains, un jeu, une énigme à résoudre, ou une petite composition. Se succèdent alors, suivant les étapes, les positions des mains en DO (do-ré-mi-fa-sol), SOL (sol-la-si-do-ré), RE (ré-mi-fa-sol-la), les accords à 2 sons, 3 sons, les notes tenues, le passage du pouce. Le livre se termine par « mon premier répertoire » : cinq morceaux connus du répertoire classique, simplifiés et arrangés par les auteurs pour le niveau acquis à la fin du recueil : Le printemps de Vivaldi, La truite de Schubert, La chanson de Solveig de Grieg, Greensleeves et Le lac des cygnes de Tchaïkovski.
Mélange des positions : ce paragraphe se situe dans l’étape 5. Après avoir abordé les différents concepts dans les 4 positions de départ : Do au milieu, puis positions en DO - SOL - RE  (comme expliqué plus haut), l’ensemble des pièces qui vont suivre utiliseront dans un ordre aléatoire les différentes positions apprises précédemment. Ce qui va donner une plus grande mobilité sur le clavier et un début d’autonomie grâce à une meilleure connaissance géographique de celui-ci.
Avez-vous testé les pièces, voire la méthode entière sur vos propres élèves avant la publication ?
Oui bien sûr la méthode a été testée tout au long de sa création sur nos élèves respectifs à Roger et à moi. Certains ont même été sollicités pour donner des titres aux morceaux (retenus ou pas par l’éditeur).
Cette méthode est parue en été 2014, savez-vous si elle a été adopté par nombreux professeurs tant de conservatoires que particuliers (ou connaissez-vous le nombre d’exemplaires vendus) et en dehors de votre propre expérience et celle de Roger Cohen, avez-vous évalué, ou pensez-vous le faire, la satisfaction de ces utilisateurs avant éventuellement d’en publier la suite ?
La Méthode Pianorama est toute jeune et est encore en cours d’implantation. Depuis sa sortie, l’éditeur a fait un gros travail de promotion et de communication qui a déjà porté ses fruits, car en effet, de nombreux professeurs l’ont adopté dès la rentrée 2014. Nous avons été très surpris de l’enthousiasme qu’a suscité notre méthode dès sa parution tant sur le plan musical que sur la présentation de l’ouvrage. De nombreux courriers reçus de toute la France nous ont conforté dans nos choix et notre orientation pédagogique. Cette méthode reste ouverte, c’est le souhait que nous avons fait avec l’éditeur et fort des remarques très souvent judicieuses de nos collègues, elle pourrait évoluer au fil des ans et des réimpressions. Nous attendons donc la rentrée 2015 avec impatience.
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