Oscar et César de la meilleure musique de film pour Ludovic
Bource
The
artist n'est pas un film aussi muet qu'on le dit : le compositeur Ludovic
Bource après avoir obtenu vendredi un "César"
a aussi obtenu l'Oscar de la meilleure musique de ce film, un film de
Michel Hazanavicius très récompensé et effectivement
souvent qualifié de "muet" mais auquel la musique apporte
la plus belle voix qu'il soit... une voix qui s'exprime dans le seul
véritable langage international , nul besoin de doublage à
ce film ;-)) . Félicitations au compositeur français,
originaire de bretagne puisque né à Loudéac dans
les Côtes-d'Armor. Il a suivi ses premiers cours de piano au conservatoire
de Saint Brieuc.
Pour en savoir plus sur Ludovic Bource et la musique de ce film , dans
laquelle le piano tient aussi un rôle, pianobleu.com vous invite
à lire ci-dessous l'interview paru dans le dossier de presse
du film et voir( et écouter...) plusieurs vidéos dont
le très beau thème au piano seul : "Comme une rosée
de larmes" inspiré de l'Ode saphique de Brahms dont Ludovic
Bource confie qu'il est son préféré : "C'est
un morceau qui dégage une sorte de timidité, d'innocence,
d'émotion qui colle très bien au propos du film, à
la déchéance, au déclin, à la solitude de
George Valentin. Je sais que Michel le diffusait régulièrement
sur le tournage par rapport à l'émotion qu'il voulait
obtenir dans certaines scènes et que Jean y était très
sensible. Ce sont des choses qui échappent à un compositeur
et lorsque cela arrive,c'est forcément gratifiant...C'est un
thème récurrent dans le film mais il y en a plein d'autres
que j'aime beaucoup, le thème de Peppy aussi...". Découvrez
également ce thème et enfin d'autres extraits dans un
widget !
Quand et comment avez-vous rencontré
Michel Hazanavicius ?
Je l'ai rencontré en 1996 par un ami, mon premier éditeur,
Fabrice Benoît qui était chez EMI à l'époque.
Michel était à ce moment-là assistant-réalisateur
sur l'émission des Nuls à Canal. Notre première
rencontre ne s'est d'ailleurs pas très bien passée ! Peut-être
parce que j'étais arrivé au rendez-vous en ayant décidé
de le tester un peu. Mais quelquessemaines après, ne voulant
pas rester sur cette première impression, on s'est revu et...on
s'est mieux entendu ! À l'époque, je venais d'un groupe
de Métal fusion, je commençais à gagner ma vie
avecdifférents projets de musique. Je travaillais aussi avec
Kamel Ech-Cheik qui est un ami d'enfance de Michel. Du coup, on a travaillé
pour ses films de pub et lorsque, en 1998, il a réalisé
son premier long-métrage, MES AMIS, produit par Dominique Farrugia,
il a tout naturellement fait appel à nous. C'était la
première fois que j'écrivais pour le cinéma.
En quoi diriez-vous, vous qui l'avez accompagné
sur chacun de ses films, qu'il a le plus changé entre MES AMIS
et aujourd'hui ?
Il n'a pas vraiment changé. Il a juste beaucoup plus d'expérience.
Il a pris de l'ampleur. C'est quelqu'un qui sait exactement ce qu'il
veut, qui sait reconnaître ceux qui vont pouvoir travailler dans
son sens, qui a conscience de vos possibilités et vous conduit
à les pousser au maximum. Il est maintenant à son quatrième
film, il commence à y avoir sinon un style - c'est difficile
à dire parce que ses films sont toujours des sortes d'hommages
- en tout cas un spectre assez large.
En quoi vous complétez-vous ? Quel est
le secret de votre collaboration ?
Je ne sais pas si l'on se complète...Je ne crois pas qu'il
y ait un secret à notre collaboration. Disons...qu'on ne se dit
pas grand-chose et que ça se passe bien ! Pendant l'écriture
du scénario, on discute un peu et, une fois que le tournage a
commencé, je demande à voir les rushes pour comprendre
les émotions, la lumière...Je suis très focalisé
sur ces détails-là, c'est important pour moi. En regardant
ces rushes, en relisant certains passages du scénario, commencent
à naître en moi des mélodies, des thèmes
qui correspondent à certains personnages ou au film dans sa globalité.
Ça arrive un peu comme ça. En tout cas pour THE ARTIST,
ça s'est passé comme ça.
Vous souvenez-vous à quel moment il vous
a parlé de ce projet atypique d'un film muet en noir
et blanc ? Et de comment il vous a parlé de la musique qu'il
voulait pour ce film-là ?
Il y a quelques semaines, il m'a rappelé qu'il m'avait parlé
de ce projet il y a huit ou dix ans. Je ne m'attendais pas qu'il mûrisse
une histoire aussi forte, aussi romantique, aussi émouvante,
qui se démarque à coeur et qui rend hommage aux grands
cinéastes du muet, aux techniques de prises de vue d'hier, au
jeu des acteurs...Bien sûr, on est parti des grandes références
du cinéma hollywoodien et même si le film se déroule
au début des années 30, on a étalé nos choix
sur une période beaucoup plus longue. On a écouté
beaucoup de choses - de Chaplin, Max Steiner et Franz Waxman, jusqu'à
Bernard Hermann, et j'en passe...
On a écouté et analysé tous ces trésors,
on est revenu aux sources aussi, aux compositeurs romantiques du - 54
- 19ème siècle...Donc principalement de la musique symphonique.
Une musique extrêmement puissante, orchestrée, jouée
par 80 musiciens. Il m'a fallu du temps à moi qui suis autodidacte
et pas un spécialiste de la musique symphonique, pour digérer
tout ça avant de pouvoir composer le premier thème...
Michel a commencé à s'attacher à des thèmes
forts de grands compositeurs de grands films pour mieux les contourner
et les oublier ensuite. On est parti du fantasme pour ramener tout cela
aux images de son film. En même temps, ça reste un hommage,
une déclaration d'amour aux grands compositeurs du grand cinéma
hollywoodien.
Concrètement comment avez-vous travaillé
pour THE ARTIST ?
Dans un film muet, la musique est essentielle pour raconter l'histoire,
pour accompagner les émotions. Elle est d'ailleurs pratiquement
tout le temps présente. Dans THE ARTIST, par exemple, il y en
a quasiment deux fois plus que dans O.S.S...
Mais j'ai procédé à peu près comme d'habitude.
D'abord je me suis imprégné au maximum du travail de Michel,
je suis revenu régulièrement au scénario, je me
suis plongé dans le story-board fait par Michel qui est un dessinateur
hors pair. Pour définir les axes de travail, pour sentir le climat,
j'ai besoin d'aller dans tous les coins et recoins qu'il a explorés,
de coller à
ce que lui-même a emmagasiné comme infl uences et à
ce qu'il a imaginé. J'écris alors des motifs que je mets
de côté ou que j'enregistre. Ensuite, je me suis imprégné
des rushes au fur et à mesure de leur arrivée, je me suis
imprégné beaucoup aussi du jeu de Jean et de Bérénice.
C'était très inspirant de voir ces images magnifiques
arriver ! Le plus compliqué n'était pas d'accompagner
les émotions, la musique est le vecteur idéal pour ça.
Non, le plus dur, c'était de faire attention, notamment avec
le personnage de George Valentin que joue Jean, au mélange de
comédie et d'émotion. Avec le George fl amboyant du début,
il ne fallait pas que la musique tue par le chaos qui s'annonçait,
le déclin...Du coup, plus que le pastiche ou la dérision,
on a joué, un peu comme Chaplin, la légèreté
sophistiquée...Ce qui était bien, c'était de pouvoir
travailler en bloc de séquences de 7, 8 ou 9 minutes, réfléchir
au climat qui pouvait correspondre à la trame de l'histoire ou
à la résonance qui serait comme l'écho intérieur
du personnage, même s'il y avait différentes séquences
à l'intérieur de ces blocs. Le gros du travail, en fait,
s'est passé au moment du montage. Presque comme si tout ce que
j'avais écrit en amont n'avait été que de la recherche,
qu'une sorte de répétition. La musique étant plus
que d'habitude un élément de l'histoire, cela a demandé
beaucoup d'ajustements. C'était la grande différence sur
ce film-là et c'était certainement ce qui était
le plus compliqué. Il ne fallait pas qu'il y ait de contresens,
ni de directions contradictoires. Il a donc fallu réduire certains
morceaux par rapport au montage qui évoluait, en jeter beaucoup
et en écrire d'autres, s'adapter, suivre pas à pas le
film en train de se faire. On n'a pas donc pas arrêté avec
Michel d'affiner, de peaufiner...
C'était amusant de composer la musique
du numéro de claquettes ?
Oui, c'était moins compliqué que le reste. C'est du
big band, une musique jazz dansante. C'était presque un exercice
de style. Ce qui était périlleux au niveau technique,
c'est qu'ils avaient enregistré les parties - 55 - de claquettes
sur une musique de Cole Porter et qu'il a fallu retrouver exactement
la même rythmique, correspondant au quarantième de seconde
près à la
chorégraphie de George et Peppy. On s'y est pris un peu à
l'envers mais c'est...devant l'obstacle qu'on se révèle
!
Y a-t-il un thème que vous préférez
dans le film ?
C'est difficile...En tout cas celui qui est sorti du lot quand Michel
a commencé à tourner est un morceau que j'ai composé
au piano, que j'ai appelé "Comme une rosée de larmes"
et qui est inspiré de l'Ode saphique de Brahms. C'est un morceau
qui dégage une sorte de timidité, d'innocence, d'émotion
qui colle très bien au propos du film, à la déchéance,
au déclin,
à la solitude de George Valentin. Je sais que Michel le diffusait
régulièrement sur le tournage par rapport à l'émotion
qu'il voulait obtenir dans certaines scènes et que Jean y était
très sensible. Ce sont des choses qui échappent à
un compositeur et lorsque cela arrive,c'est forcément gratifiant...C'est
un thème récurrent dans le film mais il y en a plein d'autres
que j'aime
beaucoup, le thème de Peppy aussi...
Si vous deviez ne garder qu'un moment de cette
aventure ?
L'enregistrement de la musique avec l'Orchestre philharmonique de
Flandres à Bruxelles pendant
une semaine... 80 musiciens dont une cinquantaine de cordes, quatre
cors français, quatre trombones, cinq percussionnistes qui couraient
dans tous les sens, une harpiste, dix personnes à la technique,
cinq orchestrateurs, trois arrangeurs...C'était sublime! J'ai
eu la chance d'avoir des gens merveilleux. Et eux, ils m'ont dit qu'il
y avait longtemps qu'ils n'avaient pas ressenti cela en enregistrant
la musique d'un film
Interview Ludovic Bource - A propos de THE ARTIST
Comme une roséee de larmes - Ludovic Bource -
Musique du film The Artist
Diaporama photos & extrait de la Bande Originale
du Film " THE ARTIST " (2011)
Titre de la musique : Waltz For Peppy
Compositeur : Ludovic Bource
Pour écouter
des extraits
de la musique du film
The artist
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