Michel Petrucciani Un film de Michael Radford

Michel Petrucciani

Un film de Michael Radford

Portrait d'un pianiste "des monuments du jazz"

Sélection officielle au Festival de Cannes 2011 Hors Compétition

A découvrir : ce DVD du film Michel Petrucciani par Michael Radford, portrait du pianiste Michel Petrucciani qui paraîtra le 7 février 2012 et à cette occasion une nouvelle page sur pianobleu.com consacrée à ce pianiste souvent cité en référence par d'autres pianistes de jazz interviewés pour le site internet.
Ce film réalisé à partir d'images d'archives et témoignages de nombreuses personnes ayant côtoyé Michel Petrucciani , dont quatre femmes qui ont partagé sa vie, offre un portrait sans aucune concession du pianiste dont le talent musical est selon un des témoignages du à sa morphologie très particulière : des os très légers et un "gros cul" lui permettant d'offrir un son unique et de se mouvoir sur le clavier comme personne. La sévérité de son père, grand amateur de jazz, a aussi largement contribuer à son talent révélé dès ses premières années. Dans son enfance Michel Petrucciani passait plus de dix heures par jour au piano... piano qu'il avait réussi à obtenir après avait cassé à coups de marteau le piano jouet que lui avait offert sa mère à quatre ans, ne voulant jouer que sur un vrai piano !
On est surpris des révélations de ce documentaire qui ne s'en tient pas uniquement à un aspect professionnel et musical mais donne une biographie complète illustrée par des témoignages, et dont le ton, souvent humoristique et émouvant, et les images ne sont pas sans faire penser parfois à un autre récent film qui connait actuellement un grand succès : "Intouchables"... car le pianiste, tel le héros du film "Intouchables" arrivait à faire oublié son handicap et voulait aussi vivre à fond sa vie, soutenu en cela par ses nombreux ami(e)s. Cependant à la différence de "Intouchables" ce film retrace une vie entière, nullement romancée quoique selon les témoins il parait que le pianiste avait tendance à parfois le faire ! ...mais sa part d'ombre est tout autant évoquée, une vie très remplie car le pianiste ne voulait pas perdre de temps, rythmée par la musique, les voyages, et ses nombreuses amitiés et conquêtes sentimentales.
Il reste donc à espérer un renouveau de succès à ce film pour, pourquoi pas, rejoindre peut-être celui du film "Intouchables". Ce film documentaire a déjà reçu nombreux éloges lors de sa sortie au cinéma(voir plus bas) mais a été trop peu distribué en salles, ce DVD qui parait aux éditions Montparnasse permettra de le découvrir à ceux qui n'ont pas pu le voir sur grand écran et il est fort probable qu'il donnera aussi envie de découvrir ou ré-écouter la musique de ce pianiste hors du commun qui déclara : " Au lieu d'être une bizarrerie, j'ai voulu être une exception. Je n'ai pas le choix."
Deux entretiens extraits du dossier de presse à lire ci-dessous ainsi que la présentation par l'éditeur vous permettront d'en savoir plus. A voir également une bande annonce du film
Présentation par l'éditeur
Michel Petrucciani était un génie absolu du jazz et du piano. Issu d'une famille de musiciens semi-professionnels obsédés par les classiques du Modern Jazz, il grandit baigné dans la musique de Miles Davis, Django Reinhardt, Art Tatum… Si bien qu'il chantait déjà à l'âge de trois ans la plupart de leurs chansons, et donnait son premier concert à treize ans, en compagnie du trompettiste américain Clark Terry.
C'est une formidable leçon d'enthousiasme et de vitalité qui est donnée à travers ce portrait sincère, n'hésitant pas à casser les mythes, et ne laissant de côté aucune facette du prodige (même les plus sombres).
Grâce à des témoignages drôles et émouvants de proches de l'artiste (notamment de sa famille, ses ex-femmes...) et de nombreuses personnalités du monde de la musique et du jazz (Lionel Belmondo, Jacques Bonnardel, Alain Brunet, Aldo Romano, Barry Altschul, John Abercrombie, Eliot Zigmund, Lee Konitz et tant d'autres), ainsi qu'à des images d'archives publiques et privées souvent inédites, le réalisateur anglais Michael Radford évoque le parcours d'un artiste hors du commun qui voulait seulement "marcher sur la plage avec une femme à ses côtés"…
Passionné, génial, entier, amoureux de la vie et des femmes, Michel Petrucciani était tout cela à la fois. Mais il a surtout prouvé que l'homme pouvait surmonter la fatalité. Atteint de la maladie des os de verre, qui limita sa croissance, Petrucciani a toujours refusé de se complaire dans la souffrance, porté par un insatiable appétit de vivre par le jazz qui l'habitait. Entre Europe et Etats-Unis, il a su se construire un parcours hors du commun, devenant le premier non-américain à signer sur le label mythique Blue Note. Une carrière fulgurante stoppée par une disparition prématurée, où il a côtoyé Eddy Louiss, Aldo Romano, Stéphane Grappelli et tant d'autres, bouleversant autant ses confrères que le public par son jeu si singulier.
Interview de Michael Radford, le réalisateur
Issue du dossier de presse Cinéma/Les
Films d'ici
Comment le film est-il né ?
Il y a environ quatre ans, j'ai été contacté par le producteur Bruce Marks, puis par Serge Lalou des Films d'Ici, qui souhaitaient me confier un projet de documentaire sur Michel Petrucciani - que je n'ai malheureusement jamais rencontré et dont je n'avais jamais entendu parler auparavant. Et pourtant, dès que j'ai commencé mes recherches sur lui, il m'a fasciné. Non pas seulement parce qu'il mesurait 99 cm et qu'il était incroyablement doué, mais surtout parce que, de manière métaphorique, il symbolise le combat de l'être humain - ce combat qui consiste à sublimer sa situation de départ, quelle qu'elle soit, et à vivre sa vie pleinement, en en profitant au maximum.
Vous êtes vous beaucoup documenté ?
J'ai fait pas mal de recherches, mais ce n'est pas tant l'information factuelle qui m'intéresse que la part d'humanité qu'elle recèle. Et je dois dire qu'il a été difficile de dénicher des archives authentiques qui ne soient pas platement informatives. Du coup, j'ai dû faire un gros travail de recherche. J'ai demandé à tous les témoins qui apparaissent à l'écran s'ils avaient en leur possession des films amateurs ou des documents personnels. C'est essentiellement grâce à eux que j'ai pu récupérer les images d'archives qu'on voit dans le film. J'ai aussi entrepris des recherches sur Internet. Ce travail de documentation s'est poursuivi tout au long du tournage et du montage, autrement dit pendant environ six ou sept mois.
Comment avez-vous choisi les témoins qu l'on voit dans le film ?
Comme je le disais, c'est la part d'humanité des gens qui m'intéresse et qui me touche. Et ce film parle autant des personnes que j'ai rencontrées et interviewées que de Michel Petrucciani. Si j'avais eu la possibilité de le filmer, lui, quand il était en vie, cela aurait donné lieu à un film totalement différent. Par ailleurs, plusieurs personnes que j'ai contactées n'ont pas souhaité me répondre, ou ne s'en sentaient pas capables pour de multiples raisons. Mais cela n'a pas d'importance. Ce qui compte, c'est que j'ai recueilli le témoignage de trente-cinq personnes qui ont accepté de me parler. Je préfère ne pas donner de noms en particulier car, au final, ce n'est pas le plus important.
Vous ne portez aucun jugement de valeur sur Petrucciani, mais vous le rendez profondément attachant sans pour autant dissimuler sa part d'ombre.
Michel était atteint d'un handicap majeur à la naissance, mais il est aussi né avec deux dons magnifiques : un don pour la musique et un autre pour la vie. Je dois dire que je n'avais pas vraiment de point de vue sur lui en entamant mon travail de recherche. Surtout, je voulais éviter d'avoir le moindre préjugé. Mais je suis convaincu que c'est dans les défauts d'un être qu'on trouve ses véritables qualités humaines. Et Michel avait incontestablement des défauts.
Au tout début du film, les proches de Petrucciani expliquent qu'ils "n'ont jamais remarqué son handicap", en quoi cela vous a-t-il marqué ?
Je n'ai jamais connu Michel, mais tous ceux qui l'ont côtoyé m'ont dit qu'ils tombaient systématiquement sous son charme, comme s'il les envoûtait. D'ailleurs, je suis moi-même tombé sous son charme, même si je suis certain que cela aurait été bien plus fort si j'avais eu la chance de le rencontrer en chair et en os.
Dans le film Michel Petrucciani répète souvent qu'il ne veut pas perdre de temps. sa détermination à vivre vous a-t-elle guidé ?
Elle a été au centre de mes préoccupations de réalisateur. Et elle explique d'ailleurs la rapidité du montage. Je pense que nous avons tous une horloge interne qui nous dit, à un niveau subconscient, combien de temps nous allons vivre et qui régule notre énergie en fonction.
Petrucciani apparaît comme un personnage charismatique et la plmupart de ceux qui l'ont approché semblent l'avoir apprécié. L'avez-vous ressenti en les interviewant ?
Oui, absolument. Bien entendu, il y avait des gens qui ne l'aimaient pas, mais je ne crois pas qu'il avait beaucoup d'ennemis. Il se disputait violemment avec les personnes de son entourage - ce que je montre dans le film - mais ils l'aimaient quand même. Les gens avaient souvent le sentiment que Michel leur "appartenait", et quand ils rencontraient quelqu'un d'autre qui était dans ces mêmes dispositions vis-à-vis de lui, cela ne leur plaisait pas.
Petrucciani a du se battre toute sa vie contre son handicap : son message consiste-t-il à dire que l'on peut parfois vaincre le destin ?
Oui. Même si nous n'avons pas tous les mêmes dons, nous pouvons tous nous en sortir. Michel Petrucciani donne de l'espoir aux personnes handicapées, tandis que les valides sont obligés de réfléchir sur eux-mêmes et de se demander : "Est-ce que j'ai vraiment des raisons de me plaindre ?"
Les femmes semblent avoir occupé une place importante dans la vie de Petrucciani.
Extrêmement importante. Il rêvait d'être comme tout le monde - et, pour un "cacou" du Midi comme lui, cela impliquait non seulement d'être avec des femmes, mais aussi de passer son temps à les tromper. Je trouve que c'est très humain. Mais, une fois encore, il est très important de ne pas le juger, mais de le montrer tel qu'il était, et de le faire avec tendresse.
Comment avez-vous travaillé le montage ?
Cela a été un long travail. Je tiens à dire que je n'y serais pas arrivé sans Yves Deschamps. Dans le documentaire, le monteur est bien plus important qu'en fiction car il n'y a pas de structure prédéfinie. A partir des images que j'avais tournées et des archives, Yves a compris ce que je cherchais à exprimer. Et ce qui nous a aidés, c'est que nous avons le même sens de l'humour.
Comment avez-vous choisi les morceaux de musique que l'on entend dans le film?
Je me suis surtout fié à mon instinct. J'ai choisi ce qui me semblait exprimer l'état d'esprit du film à tel ou tel moment.
QUI EST MICHEL PETRUCCIANI ?
Par Alexandre Petrucciani
Pour moi, c'est mon père, mon héros, mon exemple, ma fierté et mon courage, mais pour les autres ? Peut-être un espoir, une émotion, un sentiment partagé, ou encore ce que l'on appelle un " génie ".
J'étais trop jeune, à l'époque, pour comprendre qui il était vraiment. Je me demandais pourquoi il jouait seul devant des milliers de gens et pourquoi nous devions tous rester assis sur notre siège pendant deux heures. Qu'il soit au piano était courant pour moi. Il me suffisait de jouer sur le tapis dans le salon où il composait pour entendre un concert. Aujourd'hui, je réalise la chance d'avoir eu un père aussi talentueux que lui.
Sa musique ne se limite pas au jazz. C'est une musique totalement ouverte, à tout et à tous. Pour apprécier un certain style de musique, il faut d'abord le comprendre, comprendre les phrases, le rythme, la mélodie. Dans le Jazz, ce principe me semble encore plus prépondérant du fait qu'il y existe une architecture codée de questions-réponses entre les musiciens. Dans le jeu de mon père, toute cette complexité s'évanouit. On n'écoute plus du jazz, mais de la musique totale. On ne ressent pas non plus les années de travail immense qu'il y a eu pour en arriver là : tout paraît simple et évident.
Pourtant mon père ne s'estimait pas accompli. Il n'était jamais satisfait alors que certains voyaient chez lui un niveau quasiment impossible à atteindre, une sorte de phare lointain. Lui ne se considérait jamais comme arrivé au port. C'est à mes yeux son plus grand talent : toujours vouloir aller plus loin, devenir meilleur, travailler encore et toujours. Pour se rapprocher d'un objectif qui tend vers l'infini.
Quand on me demande de parler de mon père aujourd'hui, je le vois toujours avec les yeux d'un enfant. Il était joyeux, toujours souriant et très calme. La vie ne lui avait pourtant pas donné les meilleurs atouts pour s'épanouir. Mais grâce à son courage et à son optimisme, il n'a jamais baissé les bras et il a arraché à la vie cette bonne humeur et cette joie chantante que l'on perçoit à travers la plupart de ses compositions.
La musique est un langage, une infinité de mots et de nuances qui permettent de partager, de faire comprendre au monde ce qui se passe dans notre esprit et notre cœur. Elle permet donc de mieux connaître une personne parce qu'elle est l'expression de ses sentiments, de ses désirs intérieurs. Aujourd'hui, lorsque j'écoute mon père, je perçois son bonheur, mais aussi un passé mélancolique et plein d'espoir, un combat entre la joie et la tristesse, un combat que nous partageons tous.
Je crois que le message que mon père voulait faire passer est celui du courage et de l'espoir. Tout est possible si l'on se donne les moyens et l'être humain n'a pas de limites. Peu importe qu'il soit né grand, petit, beau ou laid. Tout ce qu'il désire peut être acquis par la volonté et le travail. Michel en est l'exemple parfait. Si cela ne dépendait que de moi, c'est cette leçon que j'aimerais que le public retienne de lui, plus encore que la beauté et l'intensité de sa musique.
Le texte ci-dessus est issu du dossier de presse Cinéma /Films d'ici
Extrait de : "Michel Petrucciani" de Benjamin Halay, préfacé par Alexandre Petrucciani et Didier Lockwood - Editions Didier Carpentier
Sorti au cinéma en aout 2011, le film a reçu nombreuses critiques enthousiastes :
" Entre images d'archives superbement jazzy, anciennes interviews de Petrucciani qui forcent le respect et témoignages de ses proches, ce portrait tient superbement la note. " Télérama
" Dans ce documentaire émouvant, le talent du réalisateur britannique Michael Radford est de dépasser les clichés sur le handicapé précoce pour donner à voir l'homme brûlant sa brève vie par les deux bouts, son appétit insatiable, ses succès avec les femmes, par qui il aimait tant se faire porter... " Le Canard Enchainé
" Destin et personnage extraordinaire, facétieux, bavard, raconteur, coureur, charnel. Bouleversante leçon de vie. " Jazz News
" C'est ce foisonnement de paroles et de musiques, cet émerveillement devant un artiste habité par son art qui font la richesse humaine de ce portrait par procuration. " Le Figaro
" Le résultat est émouvant, captivant, drôle parfois, toujours en empathie, sans pour autant passer sous silence la face d'ombre du personnage. Il faut dire que l'histoire de Michel Petrucciani est exceptionnelle. C'est la lutte d'un homme pour se sortir par le haut et par le beau d'un destin qui le vouait à l'insignifiance, au pire à l'indignité, au mieux à la commisération. " Le Monde
" Que vous aimiez ou non le jazz, ce documentaire sur le virtuose du piano décédé en 1999 à l'âge de 36 ans vous passionnera. " Le Parisien
" C'est une formidable enquête, sensible, intelligente, émouvante et drôle. " Les Echos
" Michel Petrucciani revit sous nos yeux et ses apparitions nous élèvent là où il savait nous emmener de son vivant. Au cœur de nos émotions les plus intimes. " La Croix
" Michael Radford sait nous émouvoir (sans jamais être complaisant) et nous informer qu'a représenté musicalement le pianiste fou de jazz et de la vie. " Positif
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A voir Bande-annonce "Michel Petrucciani" de Michael Radford
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