Dans le documentaire de Barbara Willis réalisé
en 2008, sorti en début d'année 2010 chez Euroarts.
on ne trouvera pas de réponse à la question : pourquoi
Yundi Li, dont vient également de sortir un disque des
Nocturnes de Chopin aussi sous son seul prénom, a-t-il
choisi de se séparer de son nom même si le fait qu'il
ait un esprit "jeune et romantique" peut laisser
à penser que ce soit peut-être une explication.
Ce n'est certes pas un désir quelconque de renier sa famille,
car ce DVD montre, entre autres, son attachement à celle-ci
même si son grand-père se plaint qu'il ne vienne
plus beaucoup le voir. Les multiples interviews du documentaire
qui retrace le parcours de Yundi Li depuis sa première
leçon d'accordéon (à touches de clavier et
non boutons), sa découverte du piano quatre ans plus tard,
son désir dès cet âge d'être pianiste
professionnel, qu'il avait d'ailleurs relater dans une rédaction...
et tout ce qu'il a entrepris jusqu'à aujourd'hui pour y
parvenir en passant bien sûr par sa médaille d'or
au concours Chopin(en 2000) dévoilent en effet outre la
personnalité du talentueux pianiste travailleur, l'enfant
souriant et sensible, choyé par ses parents et grands-parents,
et apprécié de ses professeurs. Certes le mot choyé
n'est peut-être pas vraiment approprié puisque sa
mère confie qu'elle suivait son travail en lui donnant
quelques petits coups d'aiguille à tricoter mais dit-elle
"sans faire véritablement mal, juste pour l'intimider..."
et son premier professeur de piano M.Wu était sévère
et muni d'une baguette, explique Yundi Li qui ne semble nullement
avoir été traumatisé et en sourit plutôt
aujourd'hui.
Une
autre supposition pourrait-être qu'un prénom suffit
finalement pour nommer un "héros" car c'est ainsi
que le considèrent nombreux chinois dont plus de 25 millions
d'entre eux rêvent de devenir pianiste concertistes... Ainsi
le documentaire est entrecoupé d'images montrant d'une
part la fabrication à la chaine de ces instruments dans
la fabrique de piano Pearl Harver de Canton, d'images d'élèves
travaillant leur piano, et d'autre part montrant la réalisation
d'une effigie de cire du pianiste pour le musée de Madame
Tussaud, effigie qui nécessite notamment la prise de nombreuses
mesures et photographies du pianiste qui se montre bien patient
(voir
ici le résultat sur a page sur Yundi Li sur le site
internet du musée). A l'académie des arts de Shenzen
où il a étudié avant d'être reçu
au concours Chopin de Varsovie il a été élevé
un monument mémoratif de cet évènement, sur
celle-ci figure la reproduction de la médaille avec l'image
de Chopin mais dit-il "C'est amusant car beaucoup de gens
croient que c'est moi, c'est surprenant ils trouvent que je ressemble
à Chopin, c'est sûrement les cheveux et la bouche.
Une bouche internationale ! D'habitude on ne dédie de médaille
qu'aux morts. Je ne suis pas mort. J'espère vivre cent
ans." ... Adulé comme un pop star, on le voit
aussi participer au concert d'une pop star : Jay Chou, si en France
on pourrait craindre que l'intervention d'un pianiste classique
dans un tel concert soit source de sifflements, quoique cela reste
peut-être à vérifier par qui osera, là-bas
il est acclamé. Alors un choix marketing ? ... en fait
ne cherchons pas à trouver d'explication à cette
suppression de nom car sans doute ce choix ne lui appartient-il
pas... et peut-être n'est-il que temporaire, quoi qu'il
en soit on devine bien que dans son pays son prénom doit
suffire pour qu'il soit reconnu. Qui sait son compatriote qui
a un nom doublé Lang Lang pourrait peut-être faire
de même ?
Ce long documentaire, d'une heure et demi, réalisé
alors que le pianiste préparait l'enregistrement du Concerto
pour piano n°2 de Prokofiev avec l'Orchestre Philharmonique
de Berlin sous la Direction de Seiji Ozawa, permet également
de voir ses échanges sur l'interprétation avec le
chef d'orchestre, et son travail personnel pour sa mise au point.
Il dévoile surtout son tempérament fougueux, il
veut jouer plus vite le concerto de Prokofiev. Egalement sensible,
il aime la scène qui lui permet de partager les émotions
avec son public par la musique ce qui dit-il lui procure le même
plaisir que déguster un bon plat ou un bon vin, et sur
cet aspect le documentaire permet de le voir se préparer
à l'inauguration du Grand Théâtre de Pékin,
un véritable événement, où il interprétera
le concerto en sol de Ravel, moins dynamique et moins puissant
que le concerto n°2 de Prokofiev mais qu'il dont il aime toutes
les couleurs. A défaut de savoir pourquoi Yundi a perdu
son nom... plus important on trouvera dans ce portrait la réponse
à celle de savoir le secret de sa réussite : le
travail et la concentration , car certes "Jeune et romantique"
il l'est mais c'est cacher dernière ces mots qui portent
au rêve la réalité de son travail et même
si on le voit jouer au ping pong un sport qu'il adore, l'on mesure
bien dans ce film que c'est au prix de nombreuses heures de travail
qu'il est arrivé à ce niveau pianistique, sa mère
d'ailleurs s'inquiète aussi pour sa santé pensant
qu'il se fatigue. Enfin un bonus permet de le voir quatre ans
plus tôt(en 2004) en concert à la Roque d'Anthéron
où il interprète les quatre scherzos de Chopin et
la campanella de Liszt, un programme qu'il domine depuis nombreuses
années puisque l'on peut le voir dans une vidéo
plus bas précisément interpréter un scherzo
lors du concours Chopin.
un extrait mis à disposition par Naxos distributeur de
ce DVd paru chez Euroarts
Et un extrait où l'on peut voir Yundi au concert de Jay
Chou
Vidéo : Yundi Li interprète le second
scherzo de Chopin non pas à la Roque d'Anthéron
en 2004 comme sur les bonus(car cela n'est pas sur youtube) mais
lors du concours Chopin qu'il a remporté en 2000.