Claude
Debussy (1862-1918)
Préludes livres 1 et 2
Pierre-Laurent Aimard
En cette année de célébration du 150ème
anniversaire de Claude Debussy il est sans doute inévitable que
des pianistes fassent le choix d'enregistrer un même programme.
Ainsi le pianiste Pierre-Laurent Aimard, qui a déjà enregistré
des oeuvres de Debussy dans sa carrière, a choisi , comme le
pianiste Philippe Bianconi, d'enregistrer les 24 préludes de
Debussy pour célébrer cet anniversaire..."une
envie qui est venue peu à peu" lit-on dans la présentation
du label Deutsche Grammophon à lire ci-dessous. Heureusement
comme l'estime Pierre-Laurent Aimard "si la musique de Debussy
est exigeante pour l'interprète pour l'auditeur, elle est avant
tout une musique de plaisirs. Des plaisirs d'une grande subtilité,
et d'une grande profondeur"... aussi ne vous privez pas d'écouter
aussi son interprétation. Pierre-Laurent Aimard affirme aussi
que la musique de Debussy est résolument tournée vers
le futur sans doute n'est-ce pas un hasard non plus s'il choisit d'ailleurs
souvent de jouer en concert l'intégralité du second livre
des Préludes, dont les partitions sont écrites sur trois
voire quatre portées, plaisir de la difficulté surmontée
aussi pour le pianiste et d'un son orchestral !... "Dans les
"feux d'artifices" finals on voit pratiquement les cierges
magiques, les soleils, les fusées et les cascades qui évoquent
le 14 juillet, se terminant par des échos nostalgiques de la
marseillaise" explique Dennis Collins auteur du livret qui
par contre ne commente pas l'autre indication donnée par le compositeur
:"modérément animé" ... Fantaisie
du facétieux Debussy tel nous en fait le portrait Pierre-Laurent
Aimard ?
LES PLAISIRS INFINIS DE DEBUSSY - Présentation du label Deutsche
Grammophon
Passion. Tel est très certainement ce qui définit le mieux
le rapport que Pierre-Laurent Aimard entretient avec les Préludes
de Debussy. Une évidente délectation se lit sur son visage,
et s'exprime dans ses mots, quand il explique que ce sont des pièces
idéalement réalisées, indéfinissables, en
dehors de toute règle, de toute norme. " En même
temps elles sont très exigeantes, très riches. Ce sont
des labyrinthes sonores merveilleux". L'idée de les
enregistrer est venue progressivement. Il n'a pas ressenti de nécessité
absolue. Mais une envie s'est imposée peu à peu.
Sur ces Préludes, Pierre-Laurent Aimard est intarissable. Pour
lui, " ce sont d'abord des moments extraordinaires avec des
pianistes du passé qui les ont joués de façon merveilleuse
". C'est aussi, à ses yeux, une musique infiniment colorée,
infiniment orchestrale, qui oblige l'interprète à rendre
présents tous les instruments de l'orchestre. Pierre-Laurent
Aimard loue la puissance d'imagination sonore de Debussy. "
Une imagination qui stimule la nôtre. Nos doigts sont là
pour restituer cet imaginaire merveilleux ".
Les Préludes font ainsi largement appel à l'intuition,
juge-t-il. Presque humblement, il affirme qu'ils ne requièrent
pas une grande virtuosité. " La technique est nécessaire
pour réussir à produire les différents types de
couleurs sonores ", affirme-t-il en insistant sur le contexte
culturel des Préludes. " Debussy était un homme
tellement versé dans les arts. Il en avait une soif visiblement
permanente. Et je crois qu'on peut donner beaucoup plus à chaque
pièce, si on essaie de saisir un peu dans quel bain artistique
il vivait ".
Car pour Pierre-Laurent Aimard, les Préludes sont des moments
de vision, de lecture, de sensations. Mais également des réactions
à des textes poétiques. Ou encore des façons de
s'amuser avec un personnage, ou un spectacle que Debussy a vu. "
C'est une façon de distiller des moments de vie, et ceci derrière
différents filtres ". C'est là où réside
l'une des difficultés de cette musique. " Parfois on
sait où sont les sources. C'est même très clair.
Mais d'autres fois ce n'est pas évident du tout. On ne sait pas
exactement où il nous emmène, et c'était sûrement
volontaire. Il transforme ce qui l'a inspiré. C'était
un homme très secret, très replié sur lui-même
", explique Pierre-Laurent Aimard, en soulignant combien la
musique de Debussy est exigeante. Pas forcément pour celui qui
l'écoute, d'ailleurs. Il estime au contraire que, pour l'auditeur,
elle est avant tout une musique de plaisirs. Des plaisirs d'une grande
subtilité, et d'une grande profondeur.
En revanche, l'exigence s'impose à l'interprète. "
Sa musique est tellement admirablement réalisée, formée,
soupesée ", affirme Pierre-Laurent Aimard, avant de
reprendre avec malice : " C'est malgré tout un plaisir,
car les plaisirs difficiles sont parfois les meilleurs ".
Pierre-Laurent
Aimard est séduit par la variété fantastique des
Préludes, mais en même temps frappé par l'appartenance
de chaque pièce à un tout, par l'unité de l'ensemble.
" Une unité qu'il faut chercher notamment dans l'emploi
de certains intervalles, ou de certaines cellules mélodiques
qui génèrent les mélodies dans leur ensemble, et
parfois les harmonies ". Pour lui, jouer les 24 Préludes
est une expérience extraordinaire, mais aussi édifiante.
Il estime qu'il faut laisser la musique venir à soi. Se mettre
dans l'état d'esprit qui convient à telle ou telle pièce,
s'en imprégner et la laisser passer à travers soi, afin
de la former.
Grand interprète du répertoire contemporain, Pierre-Laurent
Aimard affirme encore que la musique de Debussy est résolument
tournée vers le futur. Une musique moderne, même, qui a
influencé les compositeurs des générations suivantes.
Il cite par exemple le Prélude " Les fées sont
d'exquises danseuses ", qui est directement inspiré
d'un dessin de l'illustrateur britannique Arthur Rackham. " Grâce
à Messiaen, j'ai découvert des références
à Obéron de Weber. En me penchant sur la partition, j'ai
vu un certain nombre d'emprunts à cette uvre, distillés,
cachés avec une élégance absolument folle, mais
qui montrent que Debussy se l'est appropriée et s'est ensuite
amusé à la manipuler. Il se laisse charmer par l'objet
dont il se saisit et ne peut s'empêcher de le fausser un peu à
sa façon, car il était quand même très enfant
".
Et c'est peut-être là l'autre grande caractéristique
de la musique de Debussy, qui plaît tant à Pierre-Laurent
Aimard : son ambiguïté. Le compositeur ne dit la vérité
qu'à demi-mot. Il se cache, il joue justement avec les ambiguïtés.
Ces ambiguïtés s'illustrent évidemment dans les titres
des Préludes. Pierre-Laurent Aimard souligne qu'ils peuvent être
interprétés de différentes façons, montrant
ainsi que la musique a plusieurs vérités. C'est le cas
de Brouillards. Pour mieux illustrer son propos, Pierre-Laurent Aimard
s'assied au piano.
" Dans ce Prélude, une main s'amuse avec des accords
parfaits, il y a des réminiscences de Pétrouchka, le ballet
de Stravinsky. Tandis que l'autre main joue tout à fait autre
chose, elle cache la première musique trop évidente. Ce
qui fait que la référence est très estompée.
Parfois, on l'entrevoit un petit peu, puis elle disparaît à
nouveau ". De quel brouillard s'agit-il ? De la transcription
musicale d'un paysage vu ? Ou d'un jeu de cache-cache musical ? Pierre-Laurent
Aimard pose les questions, qui restent en suspens. Il décrit
Debussy comme un musicien s'amusant avec sa propre composition. Un musicien
cachant sa référence, avant de la faire subitement apparaître.
" C'est un des éléments de sa magie. J'adore cela
", ajoute, facétieux, Pierre-Laurent Aimard.
CONCERTS
Le 26 septembre 2012 : CITE DE LA MUSIQUE - Paris
J.S. Bach, Kurtág
Recital
Du 4 au 6 octobre 2012 : AUDITORIUM - Lyon
Benjamin: Duet
Beethoven: Piano Concerto no. 2
Orchestre National de Lyon / Conductor: Martyn Brabbins
Le 21 janvier 2013 : THEATRE DES CHAMPS-ELYSEES - Paris
Schumann Bunte Blätter op. 99
Debussy Préludes, Livre II
Pour écouter
des extraits de
Debussy - Préludes
Pierre-Laurent Aimard
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