Satie et Compagnie Anne Queffélec Folle Journée de Nantes
La
folle journée de Nantes a lieu actuellement, une belle occasion
de passer une "Heure exquise", puisque c'est le thème
choisi pour la 19ème édition, à l'écoute
de ce disque que le label Mirare sort précisément pour
cet événement consacré à un vaste panorama
de la musique française et espagnole de 1850 jusqu'à nos
jours.
Satie et Compagnie
Anne Queffélec, piano
Pièces pour piano seul de Satie, Séverac, Poulenc, Debussy,
Ravel, Ferroud, Hahn, Dupont, Koechlin, Schmitt.
C'est une sélection de pièces de compositeurs français,
que la pianiste Anne Queffélec , renommée pour ses enregistrements
d'oeuvres de Satie, Ravel ou Dutilleux, invite à découvrir
au cours d'une promenade qui débute très paisiblement
avec la gnossienne 1 d'Erick Satie mais s'avère vite pleine de
surprises et détours que ce soit avec des pièces de ce
même compositeur ( Le Picadilly tout de suite après incite
à accélérer le pas !) ou avec celles d'autres compositeurs
connus ( Poulenc, Ravel, Debussy) mais aussi méconnus aujourd'hui
(Déodat de Séverac,Gabriel Dupont, Reynaldo Hahn, Charles
Koechlin, Pierre-Octave Ferroud, Florent Schmitt) autant de compositeurs,
qui ont fait les "riches heures de la musique française".
Une promenade non pas dans une galerie de tableaux même si l'illustration
de la pochette le suggère par tous les tableaux exposés
sur le mur derrière la pianiste, où se rejoignent compositeurs
et interprètes, et aussi parce que les gymnopédies et
les gnossiennes qui ponctuent régulièrement cette promenade
d'une pause, ne sont pas sans rappeller la ponctuation apporter par
la pièce "Promenade" des "Tableaux d'une exposition"
du compositeur, parmi les "invités" de l'année
dernière à la folle journée de Nantes : Moussorgski
; mais dans un jardin à la française musical, ainsi l'explique
Anne Queffélec dans le texte d'introduction du livret : "Pourquoi
ne veut-il pas me laisser une toute petite place dans son ombre. Je
n'ai que faire du soleil », s'écriait Erik Satie à
propos de l'astre Debussy qu'il admirait éperdument... Satie,
ce marginal paradoxal, misanthrope et sociable, unique membre de son
«Eglise métropolitaine d'Art et de Jésus conducteur»,
aurait été bien étonné de se découvrir
choyé par la postérité, devenu immensément
populaire bien au-delà du public mélomane traditionnel,
à partir de quelques pièces circulaires, simples comme
des chansons «à l'immobilité rêveuse»
dit Cortot. Et qu'à son tour, il ferait de l' ombre à
plusieurs de ses magnifiques contemporains tels Ferroud, Dupont, Hahn,
Schmitt, Koechlin... C'est pourquoi il m'a semblé juste en composant ce
disque, d'associer aux célébrissimes Gnossiennes et Gymnopédies,
quelques unes de leurs pièces, méconnues non seulement
du grand public mais aussi des pianistes, et qui ont été
pour moi de véritables révélations. Elles participent,
chacune dans leur poésie singulière, de ce que l' on a
coutume d' appeler le génie français, concision, délicatesse,
clarté, retenue, refus de la boursouflure, rien en elles «qui
pèse ou qui pose».
Le cristal d'"Hivernale" et de la "Vieille boîte
à musique", le mordant de "Nonchalante", la grâce
nostalgique d' un "Après-midi de dimanche", mais aussi
l'âpreté noire du "Chant des pêcheurs",
le tragique de "Glas" valent de rejoindre l' ironie de Chabrier
revu par Ravel et la contemplation du Clair de lune de Debussy autour
de celui qui se nommait dérisoirement «Monsieur le Pauvre».
Cette promenade dans un jardin à la française musical
ne se veut pas un parcours raisonnable et mesuré, respectant
un ordre donné mais une flânerie dans un paysage riche
de fantaisie, de rêve, de chemins secrets, de «plaisirs
furtifs», de clairs-obscurs, d'émotion... Maitres du mystère
en pleine lumière, les musiciens français nous invitent
à traverser les «Miroirs». Sous les «Reflets»,
les eaux sont profondes".
Vous pourrez écouter plus bas dans cette page une oeuvre de
Gabriel Dupont, un compositeur souvent oublié dans les biographies,
sachez qu'il est né en 1876 et décédé dès
1914, à l'âge de 36 ans terrassé par la tuberculose,
il a donné ses premiers concerts à Caen sa ville natale,
et fut une figure du Paris musical de la Belle Epoque (1878-1914). Comme
Debussy, Fauré, Séverac, il reçut l'appui du philosophe
et musicologue, Vladimir Jankélévitch. Partagé
entre le théâtre et la musique, il a laissé une
musique de piano, des mélodies intimes.... et ainsi l'explique
Rodolphe Bruneau Boulier auteur du livret : "a effacé
toute figure humaine de son univers musical pour composer un dictionnaire
de la nature et des paysages. «Les marines, les "extérieurs'
" impressionnistes de La Maison dans les dunes, chez Gabriel Dupont,
sont tout habités par le souvenir et la 'mélancolie du
bonheur' ; et les paysages des Heures dolentes, qui forment le journal
d'une maladie, sont tous des états d' âme. (...)L"homme
seul est toujours présent quand "le soleil se joue dans les vagues",
quand le "bruissement de la mer la nuit" se fait entendre, quand grondent
les "houles" inhumaines », précise Vladimir Jankélévitch."...
Vous pourrez également découvrir d'autres courts extraits
dans le widget de cette promenade de 80 minutes où la pianiste
Anne Queffèlec, telle la duchesse du même prénom
en son propre château, fait miroiter toutes les profondeurs du
jardin secret de ces compositeurs français... ainsi Reynaldo
Hahn et Charles Koechlin décédés après la
seconde guerre mondiale à Paris dont l'auteur du livret explique
également : "Ces esprits lucides, liés les uns
aux autres par un idéal d'élévation, laissent des
oeuvres merveilleusement inquiètes des splendeurs du passé,
angoissées des années à venir. Ces chemins de la
musique française, exaltants, pointent également une période
critique pour l'Europe et pour ses années à venir "...
une époque pas si lointaine de la notre.... et déjà
l'on attend aussi "Le Nouveau Monde", thème
de la prochaine édition que vient d'annoncer René Martin
précisant : "Pour célébrer le 20e anniversaire
de la Folle Journée, j'avais envie d'un thème festif,
qui marque les esprits" ... Thème innovant puisque le
jazz sera bien sûr de la fête. Mais retrouvez dès
à présent la pianiste et nombreux autres lors des concerts
programmés pour cette édition qui elle aussi promet de
passer de belles heures !
Nota : sur la photographie d'Anne Queffelec , à l'intérieur
du livret il est écrit ces autres propos de Anne Queffélec
: " Le matin du samedi 23 juin 2012, premier jour de l'enregistrement
de ce disque, j'apprenais le décès quelques heures auparavant
de Brigitte Engerer. Je dédie à sa mémoire ce voyage
en musique française, qui fût accompagné par sa
pensée tout au long de sa réalisation"
Pour écouter
Gabriel Dupont,
Après midi de dimanche
(Les heures dolentes)
Anne Queffélec, piano
avec l'aimable autorisa Mirare Timpani
cliquez sur le triangle du lecteur
ci-dessous
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extraits
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